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Mardi 20 Mai 2025
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Comment l'IA est appréhendée dans les écoles supérieures privées au Maroc

Face à l’essor fulgurant de l’intelligence artificielle, les écoles supérieures privées marocaines repensent leurs modèles pédagogiques pour former une nouvelle génération de talents. De l’ESSEC Afrique à l’EMSI, en passant par l’UIR, la RBS et l’UPF, chacune développe une approche spécifique, mêlant innovation, éthique, pragmatisme et ouverture sur le monde. Intégrée dans les cursus, portée par la recherche appliquée ou déployée comme compétence transversale, l’IA s’impose comme un catalyseur d’excellence académique et de préparation aux métiers de demain.

Man lecturing students in a university lecture theatre
Man lecturing students in a university lecture theatre

M’Feddal Hilali, directeur des services d’appui-College of Engineering & Architecture à l’UIR : L’intégration de l’IA au sein des différents établissements de l’UIR soulève plusieurs défis transversaux et spécifiques

Comment l'IA est appréhendée dans les écoles supérieures privées au Maroc



Le Matin : Dans quelle mesure votre établissement adapte-t-il ses méthodes pédagogiques pour intégrer l’IA dans l’apprentissage, que ce soit à travers des outils d’apprentissage automatisés, des cours en ligne ou des simulations intelligentes ? Et comment l’université prépare-t-elle ses diplômés à répondre à ces nouvelles exigences ?

M’Feddal Hilali :
L’Université Internationale de Rabat adapte activement ses méthodes pédagogiques à l’ère de l’intelligence artificielle en déployant une stratégie à la fois transversale, sectorisée et innovante à travers ses différents établissements.

• Modules spécialisés et intégration transversale : Chaque école intègre l’IA selon les spécificités de son domaine. L’ESIN propose des cursus en Big Data & IA ; l’ESAR introduit l’IA géospatiale dans l’urbanisme ; la GC intègre des outils intelligents dans le génie civil ; et l’ECINE met en place des modules sur l’optimisation énergétique par IA.

• Méthodes pédagogiques innovantes : Utilisation de plateformes numériques interactives, simulations intelligentes, cours en ligne, apprentissage personnalisé et projets pratiques pour favoriser l’engagement actif des étudiants.

• Projets et recherches appliquées : Tous les établissements encouragent les mini-projets, études de cas et travaux de recherche utilisant l’IA, en lien avec des problématiques réelles.

• Formation des enseignants et mise à jour continue des contenus : Des formations régulières permettent au corps professoral de suivre l’évolution rapide des technologies IA et de les intégrer efficacement dans l’enseignement.

• Préparation aux enjeux éthiques et professionnels : L’UIR sensibilise les étudiants aux impacts sociétaux de l’IA tout en les dotant de compétences techniques solides, assurant ainsi leur capacité à innover de manière responsable.

Grâce à cette approche cohérente, les diplômés de l’UIR sont formés pour devenir des professionnels agiles, capables d’exploiter l’IA de manière pertinente dans des contextes variés et en constante évolution.

Quelles stratégies votre établissement met en place pour garantir une introduction de l’IA réussie dans l’écosystème de formation ?

L’Université Internationale de Rabat déploie une stratégie progressive, structurée et contextualisée pour intégrer efficacement l’intelligence artificielle dans son écosystème pédagogique, à travers les initiatives suivantes :

• Projets pédagogiques et de recherche centrés sur l’IA :

Les étudiants travaillent sur des projets concrets en lien avec leurs domaines d’étude : projets interdisciplinaires à l’ESIN, projets urbanistiques à l’ESAR, projets de génie civil exploitant l’IA à la GC, et problématiques énergétiques à l’ECINE. Des travaux de recherche appliquée sont aussi menés en 5e année (notamment via le TICLab à l’ESIN).

• Formation continue des enseignants :

Des séminaires, ateliers et programmes de montée en compétences sont organisés dans toutes les écoles pour assurer la maîtrise des outils et méthodes IA, adaptés aux spécificités disciplinaires (énergie, urbanisme, génie civil, etc.).

• Expérimentations et ajustements continus :

Des projets pilotes et des retours d’expérience (notamment à l’ECINE et à l’ESAR) permettent d’ajuster les méthodes pédagogiques et d’assurer une adaptation agile aux évolutions technologiques.

• Renforcement des infrastructures technologiques :

L’ESIN prévoit l’installation d’un mini-datacenter avec GPU, et les autres établissements modernisent progressivement leurs plateformes et équipements numériques pour permettre des usages avancés de l’IA.

• Partenariats académiques et industriels :

Collaborations avec Microsoft Azure, Oracle Academy, la Sorbonne, le Politecnico di Milano, entre autres, pour enrichir l’écosystème par des formations certifiantes, des projets collaboratifs et des échanges scientifiques.

Cette stratégie multidimensionnelle assure une intégration fluide et durable de l’IA dans la formation, tout en tenant compte des spécificités propres à chaque école et aux réalités des métiers de demain.

Quels sont les défis spécifiques auxquels l’Université internationale de Rabat fait face pour maintenir son modèle d’innovation tout en intégrant l’IA dans ses cursus, et comment compte-t-elle les surmonter ?

L’intégration de l’intelligence artificielle au sein des différents établissements de l’Université internationale de Rabat soulève plusieurs défis transversaux et spécifiques, auxquels chaque école répond par des stratégies ciblées :

• Actualisation permanente des contenus pédagogiques :

Face à l’évolution rapide des technologies IA, des comités de veille technologique sont mis en place (ESIN, ECINE) pour adapter les programmes en continu. La GC travaille également à intégrer l’IA dès la conception des programmes.

• Montée en compétences des enseignants :

Des formations continues, ateliers et séminaires sont régulièrement proposés pour garantir que les enseignants maîtrisent les dernières avancées en IA, adaptées aux spécificités de chaque domaine (énergie, génie civil, urbanisme...).

• Infrastructure technologique adaptée :

Des investissements dans les ressources matérielles sont réalisés, comme le mini-datacenter à l’ESIN, ou l’adaptation progressive des plateformes numériques à l’ESAR, pour fournir un environnement performant aux étudiants et chercheurs.

• Acceptabilité pédagogique et co-construction :

À l’ESAR, une approche participative est mise en œuvre pour impliquer toutes les parties prenantes (enseignants, étudiants, administration) et assurer une adoption responsable de l’IA dans l’enseignement.

• Défis éthiques et techniques :

L’ECINE intègre une réflexion éthique sur la gestion des biais algorithmiques et la protection des données sensibles, en instaurant notamment des comités d’éthique dédiés.

Ainsi, à travers une gouvernance agile, des investissements ciblés, une forte implication du corps enseignant et une approche éthique, l’Université internationale de Rabat veille à maintenir un modèle d’innovation pédagogique durable et centré sur les usages concrets de l’IA.

Quelles collaborations l’UIR entretient-elle avec des entreprises et des institutions spécialisées en IA pour offrir aux étudiants des opportunités concrètes d’application des connaissances en IA ?

Les établissements de l’Université internationale de Rabat ont noué des collaborations stratégiques avec des entreprises, institutions de recherche et acteurs de l’industrie afin de garantir à leurs étudiants des opportunités concrètes d’application de leurs compétences en IA :

• Partenariats avec des géants technologiques :

L’ESIN bénéficie de collaborations avec Microsoft Azure et Oracle Academy, offrant aux étudiants des ressources et des certifications reconnues dans des domaines tels que le Big Data et l’intelligence artificielle. L’ECINE, quant à lui, établit des liens avec des entreprises du secteur énergétique, pour des projets concrets sur des smart grids et l’optimisation énergétique par l’IA.

• Projets de recherche et stages :

Les étudiants sont impliqués dans des projets de recherche collaboratifs avec des laboratoires spécialisés (ESIN, ECINE), permettant de renforcer leur expérience pratique. L’ESAR organise également des séminaires, ateliers et conférences avec des experts du secteur IA pour favoriser l’échange de connaissances.

• Initiatives associatives et clubs étudiants :

L’ESIN et l’ESAR encouragent les clubs étudiants en Robotique et IA, qui organisent régulièrement des événements, compétitions et ateliers pratiques, offrant ainsi un espace dynamique d’apprentissage en dehors des cours traditionnels.

Ces partenariats et initiatives permettent aux étudiants de l’Université internationale de Rabat de travailler sur des problématiques réelles et d’appliquer leurs compétences dans des contextes industriels et scientifiques de pointe.

À votre avis, l’IA risque-t-elle de remplacer certains rôles des enseignants ou peut-elle être un outil complémentaire ?

Dans tous les établissements de l’Université internationale de Rabat, l’intelligence artificielle est perçue avant tout comme un outil complémentaire aux compétences pédagogiques des enseignants, et non comme un substitut. Les principales fonctions de l’IA sont les suivantes :

• Automatisation des tâches répétitives :

L’IA permet d’automatiser des tâches pédagogiques telles que les évaluations, le suivi individualisé et l’analyse des difficultés d’apprentissage, libérant ainsi du temps pour les enseignants afin qu’ils puissent se concentrer sur des aspects plus stratégiques de l’enseignement.

• Renforcement de l’accompagnement personnalisé :

L’IA permet une adaptation dynamique des contenus pédagogiques aux besoins spécifiques des étudiants (ESIN, ECINE), offrant un soutien supplémentaire pour mieux cibler les difficultés individuelles et améliorer l’expérience d’apprentissage.

• Enrichissement de l’expérience d’apprentissage :

L’IA est utilisée pour proposer des simulations et des modélisations complexes, contribuant à la compréhension de concepts difficiles dans des domaines tels que le Big Data, l’optimisation énergétique et l’intelligence artificielle appliquée (ECINE, ESAR).

Ainsi, l’IA devient un outil puissant pour renforcer le rôle de l’enseignant, en l’aidant à se concentrer sur le développement de compétences créatives, critiques et analytiques, essentielles dans la formation des étudiants.

Que prévoit votre établissement pour la prochaine rentrée universitaire ?

Pour la prochaine rentrée universitaire, l’Université internationale de Rabat et ses différents établissements mettent en place plusieurs initiatives stratégiques pour renforcer l’intégration de l’IA dans les cursus académiques :

• Renforcement des modules spécialisés :

L’accent sera mis sur l’ajout de nouveaux modules d’intelligence artificielle adaptés aux évolutions technologiques dans des secteurs clés tels que l’énergie, l’automobile, le génie civil et l’informatique (ESIN, ECINE). Ces modules permettront aux étudiants de rester à la pointe des compétences nécessaires pour répondre aux défis actuels.

• Projets pratiques et événements :

Des ateliers, des hackathons et des séminaires spécialisés seront organisés pour encourager l’échange de connaissances entre étudiants, enseignants et professionnels de l’IA, permettant aux étudiants de travailler sur des problématiques réelles et de s’impliquer dans des projets concrets avec des partenaires industriels (ESIN, GC, ECINE).

• Investissement dans des infrastructures technologiques :

Des mini-datacenters, des outils numériques avancés et des ressources matérielles telles que des GPU seront déployés pour soutenir les étudiants dans l’utilisation de technologies d’IA avancées et leur permettre de réaliser des projets pratiques dans des environnements technologiques modernes (ESIN, GC).

• Expansion des partenariats académiques et industriels :

De nouveaux partenariats stratégiques seront établis avec des entreprises et des centres de recherche spécialisés en IA, afin d’élargir les opportunités d’apprentissage pratique et d’accélérer l’intégration des dernières innovations dans les programmes de formation (ESAR, ECINE).

Cette approche permettra aux étudiants d’acquérir des compétences à la fois techniques et pratiques, et de se préparer aux défis professionnels de demain dans le domaine de l’IA.

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Hicham Sebti, directeur Adjoint - ESSEC Afrique : «À l’ESSEC nous encourageons une approche hybride, où l’intelligence artificielle vient renforcer et non remplacer l’intelligence humaine»

Comment l'IA est appréhendée dans les écoles supérieures privées au Maroc



Le Matin : Comment le campus ESSEC Business School - campus Afrique intègre-t-il les nouvelles technologies, notamment l’intelligence artificielle, dans ses programmes pédagogiques pour préparer les étudiants aux défis futurs du marché ?

Hicham Sebti :
À l’ESSEC, nous sommes convaincus que l’intelligence artificielle et les nouvelles technologies ne sont pas seulement des outils, mais de véritables catalyseurs de transformation, appelés à redéfinir en profondeur les métiers et les compétences de demain. C’est pourquoi nous avons adopté une approche intégrée et pragmatique pour préparer nos étudiants à ces mutations.

D’une part, nous avons introduit des modules spécifiques consacrés à l’IA et aux technologies émergentes dans plusieurs de nos formations, notamment à travers des cours en data science, en Business Analytics et en compréhension des mécanismes sous-jacents aux outils d’IA. Ces enseignements vont au-delà de la seule dimension technique : nous accordons une attention particulière aux implications stratégiques, managériales et éthiques de ces innovations. L’objectif est de former des leaders éclairés, capables de mobiliser l’intelligence artificielle pour créer de la valeur, tout en prenant en compte ses impacts sur la société.

D’autre part, nous privilégions une pédagogie immersive et expérientielle. L’IA n’est pas uniquement étudiée de manière théorique, mais utilisée comme un levier concret de performance et d’innovation. L’apprentissage par l’expérience est au cœur de notre approche, afin que nos diplômés sortent non seulement avec des connaissances solides, mais aussi avec une véritable capacité à appliquer les outils d’IA dans des contextes professionnels concrets.

L’ESSEC Afrique propose-t-elle des formations spécifiques sur l’intelligence artificielle ou des partenariats avec des entreprises tech pour offrir des opportunités d’apprentissage pratique en IA ?

Absolument. Et cela fait partie intégrante de notre vision stratégique. Plusieurs de nos cursus intègrent des contenus avancés en IA. C’est le cas du Bachelor AIDAMS déployé à Paris en partenariat avec CentraleSupélec, ainsi que du tout nouveau Master en Financial Engineering and Data Analysis lancé sur le campus de Rabat à partir de la rentrée 2025, qui vise à former des experts capables d’exploiter les données dans une perspective de décision financière, en mobilisant les outils d’IA pour l’analyse prédictive, l’aide à la décision et l’optimisation.

Pour cela, nous nous appuyons sur l’expertise du MetaLab, le centre de recherche de l’ESSEC dédié à l’intelligence artificielle, ainsi que sur des partenariats stratégiques avec des acteurs en pointe dans le domaine de l’IA. Le partenariat avec Centrale permet une immersion croisée entre étudiants en management et ingénieurs autour de projets mêlant IA, technologie et business. Le partenariat avec AI-Crafters nous permet également de proposer des formations ciblées à destination des managers et décideurs sur les usages de l’IA en entreprise.

Nos étudiants participent ainsi régulièrement à des Hackathons, des Bootcamps et des projets en entreprise où ils peuvent appliquer leurs compétences en IA à des problématiques concrètes.

Quels sont les projets ou initiatives en cours visant à intégrer l’IA dans l’accompagnement des étudiants, que ce soit pour leur développement académique, leur parcours professionnel ou leurs projets entrepreneuriaux ?

L’ESSEC Afrique explore activement différentes manières de mobiliser l’intelligence artificielle pour enrichir l’accompagnement de ses étudiants.

Quelques exemples. Sur le plan pédagogique, nous explorons l’utilisation des solutions d’IA pour renforcer le suivi individualisé des étudiants, en analysant leurs besoins et en leur proposant des ressources adaptées à leur progression. Concernant l’orientation et l’insertion professionnelle, l’IA peut jouer un rôle clé dans l’aide à la décision. Des plateformes de matching et d’analyse de données permettent d’identifier des opportunités professionnelles en adéquation avec les aspirations et les compétences des étudiants. Nous envisageons également l’utilisation de simulateurs d’entretien alimentés par l’IA, pour permettre aux étudiants de s’exercer dans des conditions proches du réel et de recevoir des feedbacks pertinents.

Dans le domaine de l’entrepreneuriat, nos incubateurs, en France, Au Maroc et à Singapour, jouent un rôle clé en soutenant des projets innovants intégrant l’IA Qu’il s’agisse de Fintech, d’e-commerce, de logistique ou d’autres secteurs à fort potentiel, nous accompagnons nos jeunes entrepreneurs dans la conception et le développement de solutions innovantes. Des Bootcamps et ateliers animés par des experts du secteur permettent également de stimuler leur créativité et leur capacité d’innovation.

En somme, l’IA ouvre un champ des possibles considérable, que nous mettons au service des enseignants, des étudiants et des diplômés pour développer leurs compétences et accélérer leur réussite.

À votre avis, l’IA risque-t-elle de remplacer certains rôles des enseignants ou peut-elle être un outil complémentaire ?

Il est clair que l’intelligence artificielle va transformer le rôle des enseignants, mais elle ne les remplacera pas. L’enseignement ne se résume pas à la transmission de savoirs ; il repose aussi sur l’interaction humaine, l’accompagnement personnalisé, et le développement de l’esprit critique — des dimensions que l’IA, aussi avancée soit-elle, ne peut pas reproduire pleinement.

L’IA est un outil complémentaire. Elle peut automatiser certaines tâches répétitives comme la correction de devoirs ou la personnalisation des supports pédagogiques. Elle peut également enrichir l’apprentissage en proposant des expériences immersives, des contenus adaptatifs et des retours instantanés.

Mais l’humain restera au centre du processus éducatif. Le rôle des enseignants évoluera vers celui de facilitateurs et de mentors, capables d’aider les étudiants à interpréter, questionner, et mettre en perspective les informations générées par l’IA. C’est dans cette synergie entre intelligence artificielle et intelligence humaine que réside l’avenir de l’éducation.

À l’ESSEC nous encourageons une approche hybride, où l’intelligence artificielle vient renforcer et non remplacer l’intelligence humaine. Cette synergie est au cœur de notre mission : former des leaders responsables, capables de naviguer dans un monde en transformation rapide et de faire de l’IA un levier d’innovation, d’éthique et de progrès.

Mohammed Ouazzani Jamil, doyen et vice-président de l’Université privée de Fès : Pour la rentrée 2025-2026, nous comptons mettre l’accent sur l’interdisciplinarité, l’éthique du numérique et les compétences d’analyse critique

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Le Matin : Comment l’Université privée de Fès (UPF) intègre-t-elle l’intelligence artificielle dans ses programmes de formation ? Quelles nouveautés pour la rentrée universitaire 2025-2026 ?

Mohammed Ouazzani Jamil :
L’intelligence artificielle est une réalité à laquelle l’enseignement supérieur ne peut plus se soustraire. À l’UPF, nous l’abordons avec pragmatisme. Elle ne se limite pas à une simple discipline technologique car c’est un outil transversal qui commence à imprégner nos approches pédagogiques. Plusieurs programmes intègrent déjà des notions liées à l’IA, soit sous forme de modules spécifiques, soit à travers des cas d’usage adaptés aux domaines d’étude. Pour la rentrée 2025-2026, nous comptons mettre l’accent sur l’interdisciplinarité, l’éthique du numérique et les compétences d’analyse critique.

Avez-vous mis en place une charte d’usage responsable de l’IA dans l’apprentissage ?

La réflexion sur l’usage responsable de l’IA est bien entamée. Plutôt que d’imposer une charte figée, nous avons choisi de sensibiliser en continu nos étudiants et nos enseignants aux enjeux liés à l’IA, qu’il s’agisse de fiabilité, de biais algorithmiques ou de protection des données. L’encadrement de l’usage se fait de manière évolutive, dans un esprit de responsabilité partagée.

Comment l’IA impacte-t-elle l’évaluation des étudiants et les méthodes d’examen ?

C’est une question qui nous oblige à réinterroger nos pratiques puisque l’IA nous pousse à sortir des schémas classiques d’évaluation. Elle incite à favoriser des formats plus interactifs, plus individualisés, sans renoncer aux exigences académiques. Nous sommes dans la phase d’expérimentation sous-tendue par le respect des valeurs fondamentales ayant pour objet l’intégrité pédagogique et la valorisation de l’effort personnel.

Votre université propose-t-elle des formations spécifiques aux enseignants pour les aider à maîtriser et utiliser l’IA dans leurs cours ?

Nous accompagnons progressivement notre corps professoral. Il ne s’agit pas seulement de former à des outils, mais de permettre à chacun de comprendre les implications pédagogiques de l’IA dans son champ disciplinaire. Cela passe par des ateliers, des échanges de bonnes pratiques et une dynamique collective de montée en compétence.

Pensez-vous que l’IA pourrait remplacer certains aspects du travail des enseignants ?

Elle peut en automatiser certains volets, comme la gestion administrative, le suivi individualisé ou l’analyse de données pédagogiques. Mais l’enseignant reste un médiateur irremplaçable du savoir et du lien humain. L’IA n’est pas là pour remplacer, mais pour soutenir et enrichir les pratiques. Et là on peut faire référence à une citation de Fouad EL Aroui qui peut résumer cette situation à l’époque de l’Intelligence Artificielle « L’enseignant n’est plus celui qui sait mais c’est celui qui sait comment savoir ».

Quels sont les défis liés à l’intégration de l’IA dans l’enseignement universitaire ?

Les défis sont multiples. Il y a d’abord le rythme rapide des innovations technologiques, qui peut créer un décalage avec les réalités du terrain. Il y a aussi des questions de formation, d’accessibilité, d’éthique. Notre responsabilité est d’avancer avec lucidité, en intégrant l’IA non comme une fin en soi, mais comme un levier parmi d’autres au service de l’apprentissage.

Nicolas Arnaud, doyen et directeur général de Rabat Business School (RBS) : Nous ne formons pas seulement des data scientists, mais des leaders capables de dialoguer avec la technologie, d’en comprendre les enjeux et de l’utiliser de façon stratégique

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Le Matin : L’IA étant un domaine en constante évolution, quelles stratégies Rabat Business School adopte-t-elle pour mettre à jour continuellement ses programmes afin d’incorporer les dernières avancées technologiques ?

Nicolas Arnaud :
À Rabat Business School, nous avons adopté une approche dynamique et agile de l’actualisation de nos programmes. Cela passe par une veille constante sur les évolutions de l’intelligence artificielle (IA), mais aussi par une collaboration étroite avec notre écosystème académique et professionnel, à l’échelle locale comme internationale.

Pour ce faire, nous nous appuyons notamment sur deux dispositifs clés pour assurer une veille active : notre Corporate Advisory Board et notre International Advisory Board. Ces instances réunissent des professionnels de haut niveau issus d’entreprises partenaires, et de grandes institutions d’enseignement supérieur représentant tous les continents et qui nous aident à anticiper les évolutions des compétences attendues sur le marché. Grâce à leurs retours réguliers, nous sommes en mesure d’adapter nos programmes et d’intégrer dans nos enseignements et nos pratiques certains usages de l’IA, tout en restant alignés sur notre mission : former des leaders responsables et agiles dans un monde en mutation.

L’introduction de l’IA a-t-elle conduit Rabat Business School à revoir sa pédagogie pour mieux préparer ses étudiants aux métiers de demain ?

Oui et non. Oui, car l’émergence de l’IA, comme d’autres ruptures technologiques dans le passé, a un impact sur les métiers et le monde économique. Notre rôle en tant que Business School est de préparer nos étudiants à être des leaders éclairés. Ainsi, nous avons pour mission de former nos étudiants à l’IA, comprendre son fonctionnement, questionner son éthique et ses limites. Nous les préparons également aux enjeux de biodiversité et aux grands défis géopolitiques contemporains.

Donc oui, nous intégrons des outils d’IA dans les cours, nous avons repensé nos méthodes d’évaluation, et nous encourageons une posture réflexive sur l’éthique, les biais algorithmiques et la responsabilité sociétale de l’IA. Toutefois, il faut garder raison. Notre métier, en tant qu’école de management de rang mondial, est de proposer une série d’expériences transformatives à nos étudiants : l’interaction avec nos professeurs et notre personnel, ainsi qu’entre pairs, est au cœur de notre modèle pédagogique. Bénéficier d’une vie étudiante riche, se préparer à ses premiers stages et emplois, et découvrir le monde au sein de notre réseau de plus de 110 partenaires (dont 90% accrédités AACSB/AMBA/EQUIS), constituent les éléments essentiels. L’IA ne changera pas cela !

Dans quelle mesure l’IA est-elle incluse dans vos formations destinées aux futurs leaders d’entreprise ? Et quelles compétences spécifiques en matière d’IA sont enseignées à Rabat Business School ?

L’IA fait aujourd’hui de plus en plus partie de nos formations, que ce soit dans notre Programme Grande École, nos Masters spécialisés ou nos formations exécutives. Nous ne formons pas seulement des data scientists, mais des leaders capables de dialoguer avec la technologie, d’en comprendre les enjeux et de l’utiliser de façon stratégique. Les étudiants acquièrent des compétences en data literacy, en utilisation d’outils d’IA générative, en prise de décision assistée par l’IA, et développent un regard critique sur les limites et opportunités de ces technologies.

Rabat Business School met-elle en place des initiatives pour encourager la recherche en IA appliquée aux affaires?

Si oui, quels types de projets sont en cours dans ce domaine ?La recherche fait partie de notre ADN (nous sommes la première BS africaine en termes de publications annuelles), et l’impact des nouvelles technologiques, comme l’IA, constitue depuis longtemps une dimension structurante de nos projets scientifiques. Nos enseignants-chercheurs explorent les impacts de l’IA sur les organisations, le management, le comportement des consommateurs ou encore la transformation des métiers. Des projets sont en cours autour de l’IA éthique, des algorithmes de recommandation, ou encore de l’utilisation de l’IA pour améliorer les pratiques RSE en entreprise. De nombreuses publications dans des revues scientifiques internationales sont publiées chaque année. La clé de cette stratégie de recherche est l’interdisciplinarité : croiser les approches pour innover.

Quelles collaborations Rabat Business School entretient-elle avec des entreprises et des institutions spécialisées en IA pour offrir aux étudiants des opportunités concrètes d’application des connaissances en IA ?

Nous avons tissé des partenariats avec des entreprises technologiques, des startups intégrant l’IA, ainsi qu’avec des institutions académiques internationales. Ces collaborations prennent la forme de projets de consulting, de stages, de challenges étudiants ou encore de conférences thématiques. Nous faisons aussi partie du réseau international QTEM (Quantitative Techniques for Economics and Management), qui est un atout majeur pour nos étudiants. Ce réseau regroupe des institutions académiques d’excellence telles que HEC Lausanne, la TUM (Technical University of Munich) ou encore EDHEC Business School. Grâce à QTEM, nos étudiants ont accès à un parcours académique international avec une spécialisation en analyse quantitative et en gestion des données. Ils peuvent ainsi effectuer des semestres d’échange dans des institutions de renom et participer à des projets en entreprise, renforçant ainsi leur compétitivité sur le marché du travail.

L’objectif de ces partenariats, réseaux et collaborations est de permettre à nos étudiants d’appliquer concrètement leurs connaissances, mais aussi d’être en contact direct avec les innovations du terrain. Nous sommes également en train d’explorer la création d’un Learning & Innovation Center dédié aux sujets de transformations digitales et à l’IA mais aussi et surtout à leur articulation avec les interactions humaines. Nous sommes une organisation dans laquelle les interactions sont clés pour construire tant la student learning experience que les leaders de demain.

À votre avis, l’IA risque-t-elle de remplacer certains rôles des enseignants ou peut-elle être un outil complémentaire ?

Je suis convaincu que l’IA ne remplacera pas les enseignants, mais qu’elle modifiera leur rôle, comme d’autres évolutions technologiques auparavant. Elle peut être un outil puissant pour enrichir l’expérience d’apprentissage, personnaliser les parcours, automatiser certaines tâches répétitives et libérer du temps pour ce qui compte vraiment : l’interaction humaine, le développement de l’esprit critique et l’accompagnement individualisé. L’enjeu n’est pas de résister à l’IA, mais de l’apprivoiser pour renforcer la valeur ajoutée humaine dans l’enseignement.

Mohammed El Rhabi, directeur général de l’École marocaine des sciences de l’ingénieur (EMSI) : Avec l’IA, ce n’est plus celui qui sait le plus qui réussit, mais celui qui sait orchestrer le mieux

Comment l'IA est appréhendée dans les écoles supérieures privées au Maroc



Le Matin : Comment percevez-vous l’impact de l’intelligence artificielle sur l’enseignement des sciences de l’ingénieur au Maroc, et plus spécifiquement à l’École marocaine des sciences de l’ingénieur ?

Mohammed El Rhabi :
L’intelligence artificielle ne se contente pas de transformer l’enseignement des sciences de l’ingénieur ; elle en redéfinit les fondations. Aujourd’hui, être ingénieur ne signifie plus seulement maîtriser des outils, mais savoir orchestrer des systèmes intelligents pour résoudre des problèmes complexes.

Au Maroc, nous sommes à un moment charnière, où l’IA agit comme un catalyseur pédagogique, nous poussant à repenser à la fois ce que nous enseignons et nos méthodes d’enseignement. À l’EMSI, nous avons adopté pour les programmes une approche que j’appelle «l’IA transversale»: son adoption n’est pas cantonnée à une spécialisation, mais irrigue l’ensemble de nos disciplines – une nécessité face au constat du Forum économique mondial que 85% des métiers intégreront des outils d’IA d’ici 2025 (https://www.enaco.fr/actualites/ia-et-carriere-les-competences-incontournables-pour-2025).

Un paradoxe révélateur nous a poussés à l’action : alors que 86% des étudiants utilisent déjà l’IA dans leurs études, seuls 61% des établissements l’intègrent dans leur enseignement, souvent de manière limitée (https://www.letudiant.fr/educpros/actualite/intelligence-artificielle-et-education-une-cohabitation-a-construire.html).

Les analyses récentes des experts du domaine soulignent l’importance d’un enseignement de l’IA décloisonné, intégrant à la fois les sciences fondamentales et les considérations éthiques et sociétales. L’IA ne doit pas être cantonnée à une spécialisation mais devenir une compétence transversale, une vision que nous avons adoptée à l’EMSI en l’intégrant dans l’ensemble de nos formations.

Nos Laboratoires pluridisciplinaires de recherche et d’innovation (LPRI) illustrent cette vision à travers une organisation régionale stratégique :

• Casablanca : Spécialisé dans l’IA pour l’automatisation, l’industrie du futur et la transformation numérique, avec notre Fablab et notre XR Center dédié aux réalités virtuelles, augmentées et mixtes.

• Rabat : Concentré sur l’IA pour la prise de décision, l’IoT et la cybersécurité, à travers nos équipes EMP et S2IE.

• Marrakech : Diversifié, couvrant plusieurs domaines allant des systèmes intelligents aux mathématiques appliquées.

• Tanger : Axé sur l’IA appliquée à la logistique et à l’optimisation de process, ainsi que sur les solutions innovantes pour le développement régional.

L’IA démocratise l’accès à la complexité. Un étudiant peut aujourd’hui manipuler des modèles d’apprentissage profond qui, il y a encore dix ans, étaient réservés aux laboratoires de recherche avancés. C’est ce que j’appelle l’«effet d’ascenseur cognitif» : nos étudiants atteignent plus vite un niveau d’expertise qui prenait auparavant des années.

Cela déplace les enseignements : au-delà des fondamentaux par discipline, l’accent est moins mis sur l’accumulation de connaissances que sur la maîtrise de méthodes amplifiées par la puissance de l’IA.

Notre mission à l’EMSI est claire : former non pas des spectateurs, mais des architectes de cette transformation. L’IA est une opportunité unique pour le Maroc de s’imposer comme un acteur de l’innovation, et nous avons le devoir d’y préparer notre jeunesse (https://www.letudiant.fr/educpros/actualite/intelligence-artificielle-comment-utiliser-l-outil-a-bon-escient-en-ecole-d-ingenieurs.html).

L’IA n’est pas qu’un enjeu académique, elle représente aussi un levier économique et sociétal majeur. Elle redéfinit l’industrie, la médecine, la finance et l’énergie. Former les ingénieurs d’aujourd’hui, c’est bâtir la souveraineté technologique de demain.

Quelles sont les compétences clés que les futurs ingénieurs doivent acquérir pour évoluer dans un monde où l’IA prend une place de plus en plus importante ?

L’IA change la donne : ce n’est plus celui qui sait le plus qui réussit, mais celui qui sait orchestrer le mieux. Utiliser l’IA moderne, c’est un peu comme avoir des assistants compétents (mais pas infaillibles) à sa disposition. Trois catégories de compétences seront essentielles aux ingénieurs de demain :

1. L’orchestration technologique

L’IA n’est pas une boîte magique, elle est un outil à dompter. Comprendre ses limites, choisir la bonne approche, savoir vérifier ses productions et formuler les bonnes questions deviendront des compétences clés. Cela implique aussi une maîtrise technique solide – nous enseignons les langages essentiels comme Python et les bibliothèques d’apprentissage automatique telles que TensorFlow et PyTorch, pour que nos ingénieurs comprennent les algorithmes qu’ils utiliseront.

2. L’hybridation des savoirs

Un ingénieur ne peut plus être enfermé dans sa spécialité : il doit savoir mixer les disciplines et comprendre comment l’IA interagit avec d’autres domaines. À l’EMSI, nous favorisons l’interconnexion entre nos domaines d’expertise, couvrant aussi bien les aspects techniques (vision par ordinateur, traitement du langage naturel) que les domaines d’application spécifiques. Les études prospectives internationales insistent sur l’importance d’intégrer l’IA dans toutes les disciplines, et pas seulement dans les filières informatiques. Les experts préconisent d’augmenter significativement le nombre de professionnels formés à l’IA dans les années à venir, ce qui passe par la création de cursus spécialisés et l’introduction de modules IA dans tous les domaines.

3. L’innovation responsable

Plus l’IA évolue, plus la question éthique devient centrale. Nos étudiants doivent développer une rigueur scientifique, une distance critique et une conscience sociale, car chaque algorithme a un impact potentiel important. Nous formons nos étudiants à identifier les biais algorithmiques, à respecter la vie privée et à anticiper l’impact sociétal de leurs créations.

L’évolution rapide de l’IA nécessite également une refonte des cursus pour qu’ils ne soient plus cloisonnés. Il ne s’agit plus seulement d’enseigner l’IA en tant que spécialisation, mais de l’intégrer comme un outil transversal dans toutes les disciplines. Aujourd’hui, un ingénieur en génie civil, en ingénierie biomédicale ou en finance doit maîtriser les fondamentaux de l’IA et ses applications spécifiques à son domaine.

L’enseignement de l’IA doit aussi aller au-delà des cours théoriques. C’est pourquoi nous développons une approche pédagogique axée sur les projets, les hackathons et la collaboration avec l’industrie, afin que nos étudiants appliquent immédiatement leurs compétences en IA à des cas concrets. De plus, les plateformes d’apprentissage interactives et les simulations IA jouent un rôle clé pour renforcer la compréhension des concepts dans des situations réelles.

Les évaluations doivent elles aussi évoluer. Avec l’essor de l’IA générative et des outils d’assistance avancés, il devient essentiel de privilégier la réflexion critique, l’analyse des résultats générés par l’IA et la créativité dans l’utilisation des modèles. Une tendance de plus en plus adoptée consiste à remplacer les tests purement théoriques par des évaluations dynamiques, basées sur la résolution de problèmes complexes et la validation par les pairs.

Enfin, l’IA progresse à une telle vitesse que l’apprentissage ne peut plus se limiter aux études initiales. Nous développons des modules de veille technologique, des certifications IA à venir, et des parcours de formation continue, garantissant à nos diplômés une employabilité durable. Au-delà des compétences techniques, les soft skills comme la communication et la gestion de projet deviennent essentielles, car travailler avec l’IA implique de savoir collaborer avec des équipes pluridisciplinaires et d’intégrer des considérations éthiques et sociétales.

Nous voulons former des ingénieurs capables de naviguer entre disciplines, de penser en architectes et d’innover avec responsabilité.

Quelles infrastructures ou technologies l’école a-t-elle mises en place pour une éducation axée sur l’IA ?

L’EMSI a structuré un écosystème technologique intégré qui repose sur quatre piliers complémentaires et interconnectés.

D’abord, les Laboratoires pluridisciplinaires de recherche et d’innovation (LPRI) constituent le socle scientifique de cette stratégie, avec une répartition par spécialités selon les campus :

• Casablanca : Industrie 4.0, IA appliquée à l’automatisation et à la transformation numérique. Le campus dispose du Fablab EMSI et du XR Center, un espace dédié aux réalités artificielles (virtuelles, augmentées et mixtes).

• Rabat : IA appliquée à la prise de décision, IoT et cybersécurité, avec des équipes de recherche dédiées comme EMP et S2IE.

• Marrakech : Axe diversifié avec des recherches en systèmes intelligents et mathématiques appliquées.

• Tanger : IA appliquée à la logistique, à l’optimisation de process et aux solutions régionales innovantes.

En complément, notre Centre commun de plateformes technologiques (CPT) offre un cadre expérimental avancé, où les étudiants peuvent tester et appliquer les concepts d’IA en situation réelle, favorisant une immersion dans un environnement proche des conditions industrielles.

Nous avons également développé plusieurs structures d’innovation dédiées :

• L’Incubateur Da3m, qui joue un rôle clé dans l’accompagnement et l’accélération des startups deeptech.

• Le Fablab EMSI Casablanca, un espace de prototypage rapide et d’expérimentation technologique.

• Le XR Center, qui développe des applications en réalité augmentée et immersive adaptées aux besoins de l’ingénierie.

Enfin, le Service de valorisation et de transfert technologique (SVTT) assure l’interface entre la recherche académique et les entreprises, permettant ainsi une transformation efficace des innovations en solutions applicables.

L’EMSI investit également dans des plateformes d’apprentissage interactives intégrant des outils d’IA avancés pour favoriser une personnalisation dynamique des parcours éducatifs et une amélioration continue de l’expérience d’apprentissage.

Nous privilégions l’apprentissage par projets et par résolution de problèmes, en établissant des collaborations étroites avec l’industrie pour immerger les étudiants dans des cas concrets et développer leurs compétences pratiques.

Dans cette dynamique, nous allons introduire des certifications IA, qui viendront renforcer l’expertise des étudiants et accroître leur employabilité. Ces certifications offriront une reconnaissance officielle des compétences en intelligence artificielle et faciliteront leur insertion professionnelle dans des secteurs en pleine mutation.

L’évolution de l’IA impose aussi une refonte des méthodes d’évaluation. Les examens classiques doivent être repensés pour privilégier des approches axées sur l’analyse critique, la réflexion stratégique et la créativité, qui sont des dimensions essentielles que l’IA ne peut pas automatiser.

L’IA ne s’apprend pas seulement dans les livres : elle se pratique et se vit au quotidien. À l’EMSI, nous adoptons une approche immersive, où chaque étudiant est formé à la fois aux fondamentaux et aux applications concrètes de l’IA, afin de maîtriser ces technologies et d’en devenir un acteur clé.

L’école a-t-elle mis en place des collaborations internationales pour intégrer les dernières avancées en IA dans son programme éducatif ?L’innovation en IA est globale et en perpétuelle accélération, mais notre vision dépasse ce seul domaine. L’EMSI s’engage dans des collaborations académiques et scientifiques internationales qui couvrent plusieurs champs de l’ingénierie et des sciences appliquées, incluant l’intelligence artificielle, l’industrie 4.0, l’IoT, l’énergétique et la transformation numérique.

L’EMSI est membre du réseau Honoris United Universities, ce qui nous permet de connecter nos étudiants à un écosystème d’innovation panafricain, regroupant plus de 100.000 étudiants, 26 pays et 76 campus (https://honoris.net). Ce réseau favorise le partage d’expertises, les échanges académiques et les projets de recherche collaboratifs dans plusieurs disciplines.

Nous avons également développé des partenariats académiques internationaux, notamment :

• Hochschule Anhalt (Allemagne) : Échanges académiques, recherche conjointe et mobilité des étudiants sur des thématiques variées allant de l’intelligence artificielle à l’énergétique et à la transformation numérique.

• Université de Yanshan (Chine) : Coopération scientifique et technologique autour de l’ingénierie appliquée, des systèmes embarqués et des nouvelles technologies de production.

• Établissements français : Collaborations avec des écoles et universités françaises dans divers domaines de l’ingénierie, avec une forte orientation sur les sciences du numérique, l’automatisation et l’industrie 4.0.

Nos partenariats ne se limitent pas aux échanges académiques. Nous participons activement à des projets de recherche et développement à l’échelle internationale, en collaboration avec des centres de recherche et des entreprises, afin de renforcer l’impact des innovations technologiques sur l’industrie et la société.

L’un des événements majeurs que nous organisons est notre Winter School en intelligence artificielle, un rendez-vous scientifique et académique de premier plan en Afrique. Coorganisée avec Emines (UM6P) et l’École polytechnique en France, cette initiative réunit chaque année plus de 400 participants issus de 12 pays et constitue une plateforme clé pour le partage des dernières avancées en IA et data science.

Nous travaillons également à développer des opportunités de double diplôme avec plusieurs universités partenaires, permettant ainsi à nos étudiants d’obtenir une reconnaissance internationale de leur formation et d’accéder à des marchés de l’emploi à forte valeur ajoutée dans l’ingénierie et les sciences appliquées.

En diversifiant nos collaborations et en élargissant leur champ d’application au-delà de l’IA, nous nous assurons que nos étudiants et chercheurs bénéficient d’un environnement académique et scientifique de classe mondiale, capable de les préparer aux défis technologiques et industriels de demain.

L’IA va-t-elle remplacer les enseignants ou être un outil complémentaire ?

L’IA ne remplacera pas l’enseignant, elle lui permet de se réinventer et d’amplifier son impact. Dire que l’IA remplacera les professeurs, c’est comme dire qu’un télescope remplace un astronome. Un télescope permet d’observer plus loin, plus précisément, mais c’est toujours l’astronome qui formule les hypothèses, interprète les observations et donne du sens aux découvertes. De la même manière, l’IA ne supplante pas l’éducateur, elle lui offre des outils pour enrichir son enseignement et personnaliser l’apprentissage.

Ce que l’IA automatise, ce sont les tâches répétitives et administratives : évaluation des copies, analyses de données sur la progression des étudiants, recommandations de contenus adaptés à chaque profil. Mais l’essence même de l’enseignement, qui est d’inspirer, de questionner et de transmettre un esprit critique, reste irremplaçable. À l’EMSI, nous avons adopté une approche de pédagogie augmentée, où l’IA libère du temps pour que les enseignants jouent pleinement leur rôle de mentors et facilitateurs d’apprentissage. Nos enseignants utilisent déjà des outils d’IA pour enrichir leurs cours, analyser la progression des étudiants et personnaliser l’accompagnement pédagogique.

L’avenir ne repose pas sur un choix entre l’homme et la machine, mais sur leur synergie. L’enseignant de demain sera un chef d’orchestre de l’apprentissage, qui intégrera les technologies d’IA comme des assistants pour optimiser les parcours éducatifs.

Dans cette transformation, il est crucial de définir un cadre éthique et pédagogique clair. À l’EMSI, nous mettons en place des règles d’usage précises pour l’IA dans l’enseignement, afin de garantir une utilisation responsable et transparente.

Les tendances actuelles et les initiatives académiques

Plusieurs écoles commencent à structurer l’intégration de l’IA dans leurs formations. Par exemple :

• L’IDRAC Business School introduit l’IA générative dès la première année, initiant les étudiants au prompt engineering et à la maîtrise des outils IA dans le management.

• L’IFAG a annoncé l’intégration systématique de l’IA dans tous ses cursus d’ici 2025, en mettant l’accent sur la pensée critique face aux algorithmes et les usages éthiques de l’IA.

Dans le domaine des sciences de l’ingénieur, des écoles comme CentraleSupélec, Polytechnique ou encore le MIT ont intégré l’IA non seulement comme un domaine de spécialisation, mais aussi comme une compétence transversale. L’objectif est de former des ingénieurs capables de collaborer avec l’IA, et non de simplement la maîtriser sur un plan technique.

L’EMSI, un modèle avant-gardiste

L’EMSI ne se contente pas d’adopter ces tendances, nous allons plus loin en structurant une intégration de l’IA qui couvre l’ensemble des disciplines. L’IA ne sera pas un simple module optionnel, mais un levier stratégique pour :

• Personnaliser les parcours d’apprentissage, en adaptant le contenu aux forces et aux besoins de chaque étudiant.

• Créer des environnements immersifs et interactifs, grâce à des outils comme notre XR Center et les plateformes d’apprentissage adaptatif.

• Faire de l’IA un outil de co-création, où les étudiants apprennent à interagir avec l’IA plutôt que de simplement la programmer.

L’évaluation des étudiants évolue également : plutôt que de tester uniquement l’accumulation de connaissances, nous favorisons des évaluations basées sur la réflexion critique, la capacité à poser des problèmes et à utiliser l’IA de manière stratégique. Ainsi, l’IA devient un levier pour renforcer la pédagogie, et non un substitut à l’enseignant. L’humain restera au cœur de l’éducation, mais il devra apprendre à coexister avec l’IA pour en tirer le meilleur parti.

Comment voyez-vous l’avenir de l’enseignement des sciences de l’ingénieur à l’ère de l’IA ?

Dans 5 à 10 ans, l’enseignement des sciences de l’ingénieur sera en pleine mutation, marqué par trois grandes évolutions :

1. Des curricula auto-adaptatifs et évolutifs

Les programmes de formation deviendront dynamiques, intégrant en temps réel les avancées technologiques et les besoins du marché. Les cours seront modulables, s’ajustant aux compétences et aux progrès des étudiants grâce à l’IA adaptative.

2. Une formation continue et personnalisée

La frontière entre formation initiale et formation continue s’effacera. L’apprentissage deviendra un processus permanent, avec des parcours sur-mesure et des certifications IA à venir, garantissant une employabilité durable.

3. Une transformation des méthodes d’évaluation et d’apprentissage

L’évaluation des étudiants évoluera vers des modèles axés sur la résolution de problèmes complexes, la créativité et l’orchestration des connaissances. Les campus deviendront des écosystèmes intelligents, où chaque interaction constituera une opportunité d’apprentissage.

Nous assistons au passage d’un modèle centré sur la transmission du savoir à un modèle basé sur l’exploration collaborative et l’innovation technologique. L’IA ne remplacera pas les enseignants ni les ingénieurs, mais transformera leur rôle : ils deviendront des architectes de solutions et des stratèges de l’innovation, capables d’assembler et de diriger des systèmes complexes intégrant expertise humaine et intelligence artificielle.

L’avenir appartient à ceux qui sauront co-construire cette nouvelle ère technologique. À l’EMSI, nous avons choisi d’être des pionniers de cette transformation.

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