Le partenariat public-privé (PPP) fonctionne bien dans le domaine de la formation professionnelle. Preuve en est la réussite du modèle des instituts à gestion déléguée (IGD), dont le déploiement au Maroc a été soutenu par l’Agence française de développement (AFD). Ces structures, qui forment des compétences dans des secteurs stratégiques, sont entièrement gérés par les professionnels. Depuis 2015, date du lancement du modèle, ce ne sont pas moins de 35.000 jeunes qui ont été formés aux métiers mondiaux du Royaume au sein des 9 instituts que compte notre pays, contribuant fortement à l’essor de plusieurs secteurs, notamment l’automobile et l’aéronautique.
Aujourd’hui, ces instituts sont la preuve que les PPP en formation professionnelle sont les moteurs d’une bonne interaction entre investissements directs étrangers, productivité et capital humain. «Nous avons un modèle macroéconomique qui marche plutôt bien. Il a un impact positif sur la productivité, en particulier pour l'investissement direct étranger. C’est une combinaison de Capital et de Travail qui fait baisser le coût du travail pour les entreprises et qui rattrape des problèmes de qualité de main-d'œuvre à l'origine», souligne Karim El Aynaoui, président exécutif du Policy Center for the New South (PCNS). C’était à l’occasion d’une rencontre organisée mercredi dernier à Rabat au sein du Policy Center, visant à initier la réflexion sur l’avenir des partenariats public-privé en matière de formation professionnelle.
Selon M. El Aynaoui, l’évaluation de l’expérience des IGD confirme la pertinence du choix fait par le Maroc qui a pensé le modèle de manière intelligente en le plaçant dans le cadre d'une politique industrielle intégrée.
Aujourd’hui, ces instituts sont la preuve que les PPP en formation professionnelle sont les moteurs d’une bonne interaction entre investissements directs étrangers, productivité et capital humain. «Nous avons un modèle macroéconomique qui marche plutôt bien. Il a un impact positif sur la productivité, en particulier pour l'investissement direct étranger. C’est une combinaison de Capital et de Travail qui fait baisser le coût du travail pour les entreprises et qui rattrape des problèmes de qualité de main-d'œuvre à l'origine», souligne Karim El Aynaoui, président exécutif du Policy Center for the New South (PCNS). C’était à l’occasion d’une rencontre organisée mercredi dernier à Rabat au sein du Policy Center, visant à initier la réflexion sur l’avenir des partenariats public-privé en matière de formation professionnelle.
Selon M. El Aynaoui, l’évaluation de l’expérience des IGD confirme la pertinence du choix fait par le Maroc qui a pensé le modèle de manière intelligente en le plaçant dans le cadre d'une politique industrielle intégrée.
Toutefois, cette même évaluation indique que ce système fait face à plusieurs défis, dont son coût et sa soutenabilité. «C’est un modèle qui doit être optimisé et perfectionné, notamment sur les enjeux de financement, les enjeux de passage à l'échelle, des enjeux de développement des modèles économiques... Il doit également permettre de rassembler plus largement les acteurs institutionnels régionaux en s'appuyant sur une force à construire, à savoir la mise en réseau de ses membres et la construction de synergies entre les secteurs», relève Quiterie Pincent, directrice de l’AFD au Maroc.
«Il est vrai que le modèle IGD marche, mais il faut peut-être l’agrandir, le repenser dans le cadre d'une politique industrielle nationale. Si on l'agrandit, l'effet macroéconomique sera d'autant plus grand et positif», note pour sa part Karim El Aynaoui. Pour lui, plus d’efforts sont d’ailleurs à faire pour accompagner les investisseurs marocains, au même titre que les investisseurs étrangers qui ont initialement motivé la création de ces instituts.
Le chef du Policy Center a également tiré la sonnette d’alarme au sujet d’un autre défi qui se pose pour la formation professionnelle, à savoir la fuite des cerveaux. «C’est un paramètre exogène qui ajoute à la complexité des politiques à mettre en œuvre. Plusieurs pays ont aujourd’hui des politiques organisées d'une manière extrêmement précise pour attirer les compétences d’autres pays. Certes, cette pratique existe depuis toujours, mais je suis frappé de voir le niveau de détail des politiques qui sont mises en œuvre par certains pays. Cela indique qu’il faudra impérativement adapter nos politiques à ce changement sur le plan international», signale-t-il, ajoutant que le Maroc doit être plus compétitif en proposant une formation et des emplois de qualité à ses citoyens, tout en mettant en place des règles moins «rigides» pour le marché du travail.
«Il est vrai que le modèle IGD marche, mais il faut peut-être l’agrandir, le repenser dans le cadre d'une politique industrielle nationale. Si on l'agrandit, l'effet macroéconomique sera d'autant plus grand et positif», note pour sa part Karim El Aynaoui. Pour lui, plus d’efforts sont d’ailleurs à faire pour accompagner les investisseurs marocains, au même titre que les investisseurs étrangers qui ont initialement motivé la création de ces instituts.
Le chef du Policy Center a également tiré la sonnette d’alarme au sujet d’un autre défi qui se pose pour la formation professionnelle, à savoir la fuite des cerveaux. «C’est un paramètre exogène qui ajoute à la complexité des politiques à mettre en œuvre. Plusieurs pays ont aujourd’hui des politiques organisées d'une manière extrêmement précise pour attirer les compétences d’autres pays. Certes, cette pratique existe depuis toujours, mais je suis frappé de voir le niveau de détail des politiques qui sont mises en œuvre par certains pays. Cela indique qu’il faudra impérativement adapter nos politiques à ce changement sur le plan international», signale-t-il, ajoutant que le Maroc doit être plus compétitif en proposant une formation et des emplois de qualité à ses citoyens, tout en mettant en place des règles moins «rigides» pour le marché du travail.
Younes Sekkouri : un changement d’échelle s’impose
«Ce qui me frappe dans le cas marocain, c'est que le partenariat public-privé, avec toutes ces réserves qui ont été exprimées, reste tout de même un modèle qui distingue assez fortement le Maroc dans la région», soutient l’ambassadeur de France au Maroc, Christophe Lecourtier. Il atteste que les entreprises de son pays trouvent au Maroc des éléments d'attractivité et de compétitivité considérables. «Mais la clé reste la disponibilité des ressources humaines de manière croissante», se réjouit-il.
Avec plus de réserve, le ministre de l’Inclusion économique, de la petite entreprise, de l’emploi et des compétences a souligné la nécessité de capitaliser sur l’expérience des IGD pour arriver à un modèle qui ratisse plus large en intégrant les différentes catégories de la population active. Younes Sekkouri, qui a dressé un panorama du marché de l’emploi au Maroc, a invité les parties prenantes à réfléchir à un modèle qui soit bénéfique aux trois catégories qui composent le marché du travail, à savoir les employés salariés, les auto-employés et les chômeurs.
Pour lui, la principale préoccupation concerne la troisième catégorie puisqu’on compte chaque année environ 200.000 nouveau chômeurs qui posent problème en matière de formation et d’employabilité. «Ces 200.000 se rajoutent aux 800.000 qui sont dans le stock du 1,5 million de chômeurs que compte le Maroc. Ces 800.000 personnes sont essentiellement des Neet (Not in Education, Employment or Training) qui n'ont pas le bac», alerte le ministre dans son intervention à l’ouverture de la rencontre. «Aujourd’hui, Ni les IGD, ni d'autres, ne traitent ce sujet de façon convenable», avance-t-il.
«Donc, l'équation qu'il faut résoudre à l'échelle d'un pays, c'est de dire : dans quelle mesure les partenariats public-privé peuvent absorber une partie ou la totalité de la problématique des personnes faiblement outillées et faiblement formées, avec une durée de chômage relativement bien installée et une distribution géographique problématique ?», avance le responsable. Il y a aussi une dimension sociale à prendre en compte, car, explique-t-il, une formation de longue durée entraine un décrochage chez cette catégorie souvent en manque de moyens. D’autant que les bourses d’études ne sont pas destinées aux personnes qui n'ont pas eu leur bac. «C’est un premier grand sujet qui est posé et autour duquel il serait intéressant d’initier une réflexion de fond, mais qui traite des échelles. D’ailleurs, cette question d'échelle est importante. Car les expériences peuvent réussir pour un nombre réduit de personnes, mais dès que vous passez à des milliers, cela devient plus compliqué», assure M. Sekkouri.
La catégorie des auto-employés pose également problème. Il s’agit de ces actifs qui ont un revenu qui n’est pas sous forme de salaire. À ne pas confondre avec l’autoentrepreneuriat qui est encadré par la loi. Selon une étude menée en 2023 par le ministère et la Banque africaine de développement, le niveau d'éducation constitue l'un des freins majeurs à l’évolution de cette population. D’où la nécessité de les accompagner à travers une formation adéquate.
«Ces auto-employés ont aussi besoin de formation professionnelle. Mais l’offre qui existe aujourd’hui prévoit seulement des parcours qui ne sont pas toujours adaptés à la réalité de ce type d’auto-entrepreneur, quand on sait comment il vit et survit. Ces profils ont besoin d'un modèle qui soit adapté à un cursus d'autoentrepreneuriat au sens large du terme, car ils ont besoin d'améliorer leurs compétences métiers sur des sujets précis», affirme le responsable.
«Certes, les instituts à gestion déléguée ont pu démontrer une vraie dynamique, avec un taux d'insertion élevé grâce aux moyens mis en place et surtout à la responsabilisation des secteurs par rapport aux sujets qui sont traités. Toutefois, la boucle ne fonctionne pas très bien encore, pour trois ou quatre raisons», lance le ministre. L’une d’elles est le fait que les IGD ne sont toujours pas parvenus à réaliser un équilibre financier au bout de plusieurs années d'exercice. Un équilibre qui pourra justifier leur extension ou leur mise à l'échelle.
Globalement, avance-t-il, l’avenir des PPP en formation professionnelle devra se construire en intégrant des réponses à ces principales questions : comment renforcer l’implication de l’entreprise dans le volet insertion ? Comment faire pour que les PPP deviennent la règle et non pas l'exception ? Et comment élargir ce concept de PPP pour qu’il puisse répondre à la problématique de la migration professionnelle internationale ? «Nous sommes tous invités aujourd’hui, dans le cadre de partenariats public-privé, à traiter ces sujets de manière plus innovante», conclut le ministre.
Avec plus de réserve, le ministre de l’Inclusion économique, de la petite entreprise, de l’emploi et des compétences a souligné la nécessité de capitaliser sur l’expérience des IGD pour arriver à un modèle qui ratisse plus large en intégrant les différentes catégories de la population active. Younes Sekkouri, qui a dressé un panorama du marché de l’emploi au Maroc, a invité les parties prenantes à réfléchir à un modèle qui soit bénéfique aux trois catégories qui composent le marché du travail, à savoir les employés salariés, les auto-employés et les chômeurs.
Pour lui, la principale préoccupation concerne la troisième catégorie puisqu’on compte chaque année environ 200.000 nouveau chômeurs qui posent problème en matière de formation et d’employabilité. «Ces 200.000 se rajoutent aux 800.000 qui sont dans le stock du 1,5 million de chômeurs que compte le Maroc. Ces 800.000 personnes sont essentiellement des Neet (Not in Education, Employment or Training) qui n'ont pas le bac», alerte le ministre dans son intervention à l’ouverture de la rencontre. «Aujourd’hui, Ni les IGD, ni d'autres, ne traitent ce sujet de façon convenable», avance-t-il.
«Donc, l'équation qu'il faut résoudre à l'échelle d'un pays, c'est de dire : dans quelle mesure les partenariats public-privé peuvent absorber une partie ou la totalité de la problématique des personnes faiblement outillées et faiblement formées, avec une durée de chômage relativement bien installée et une distribution géographique problématique ?», avance le responsable. Il y a aussi une dimension sociale à prendre en compte, car, explique-t-il, une formation de longue durée entraine un décrochage chez cette catégorie souvent en manque de moyens. D’autant que les bourses d’études ne sont pas destinées aux personnes qui n'ont pas eu leur bac. «C’est un premier grand sujet qui est posé et autour duquel il serait intéressant d’initier une réflexion de fond, mais qui traite des échelles. D’ailleurs, cette question d'échelle est importante. Car les expériences peuvent réussir pour un nombre réduit de personnes, mais dès que vous passez à des milliers, cela devient plus compliqué», assure M. Sekkouri.
La catégorie des auto-employés pose également problème. Il s’agit de ces actifs qui ont un revenu qui n’est pas sous forme de salaire. À ne pas confondre avec l’autoentrepreneuriat qui est encadré par la loi. Selon une étude menée en 2023 par le ministère et la Banque africaine de développement, le niveau d'éducation constitue l'un des freins majeurs à l’évolution de cette population. D’où la nécessité de les accompagner à travers une formation adéquate.
«Ces auto-employés ont aussi besoin de formation professionnelle. Mais l’offre qui existe aujourd’hui prévoit seulement des parcours qui ne sont pas toujours adaptés à la réalité de ce type d’auto-entrepreneur, quand on sait comment il vit et survit. Ces profils ont besoin d'un modèle qui soit adapté à un cursus d'autoentrepreneuriat au sens large du terme, car ils ont besoin d'améliorer leurs compétences métiers sur des sujets précis», affirme le responsable.
«Certes, les instituts à gestion déléguée ont pu démontrer une vraie dynamique, avec un taux d'insertion élevé grâce aux moyens mis en place et surtout à la responsabilisation des secteurs par rapport aux sujets qui sont traités. Toutefois, la boucle ne fonctionne pas très bien encore, pour trois ou quatre raisons», lance le ministre. L’une d’elles est le fait que les IGD ne sont toujours pas parvenus à réaliser un équilibre financier au bout de plusieurs années d'exercice. Un équilibre qui pourra justifier leur extension ou leur mise à l'échelle.
Globalement, avance-t-il, l’avenir des PPP en formation professionnelle devra se construire en intégrant des réponses à ces principales questions : comment renforcer l’implication de l’entreprise dans le volet insertion ? Comment faire pour que les PPP deviennent la règle et non pas l'exception ? Et comment élargir ce concept de PPP pour qu’il puisse répondre à la problématique de la migration professionnelle internationale ? «Nous sommes tous invités aujourd’hui, dans le cadre de partenariats public-privé, à traiter ces sujets de manière plus innovante», conclut le ministre.