Réussir son baccalauréat au Maroc n’est plus une fin en soi, mais le début d’une course effrénée. Entre le 19 et le 27 juillet 2025, des milliers de nouveaux bacheliers ont sillonné le Royaume, de Casablanca à Oujda, de Rabat à Meknès, dans un marathon épuisant de concours post-bac. Réveil à l’aube, attentes interminables sous le soleil, organisation défaillante, coûts financiers prohibitifs : derrière les chiffres officiels de la réussite scolaire se cache une réalité bien plus complexe, où l’excellence académique se transforme en calvaire familial.
Cette mobilisation acharnée intervient alors qu’ils sortent à peine d’une épreuve difficile – l’examen du bac avec toute l’angoisse accumulée depuis la première année du lycée, tension décuplée les dernières semaines, et même après l’examen, durant ces jours d’attente des résultats. Aucun répit, aucune pause : il faut enchaîner immédiatement avec les préparatifs des concours visés. Cette double pression psychologique touche également les parents qui l’assument sur le plan moral en accompagnant leurs enfants, mais aussi financièrement en tentant, pour ceux qui le peuvent, de financer les cours de soutien pour les préparations aux concours (notre journal a déjà traité ce sujet : «Préparation aux concours post-bac : un «business» lucratif qui fausse l’égalité des chances ?» https://lematin.ma/societe/prepas-concours-post-bac-un-business-qui-fausse-legalite-des-chances/287704 ). Mais cette tension, cette mobilisation et cet engagement intellectuel, moral et physique atteignent leur paroxysme lors des épreuves elles-mêmes. Les moments vécus dans différentes étapes du passage de ces concours révèlent, sans équivoque, l’intensité de cette pression subie par ces jeunes de 17-18 ans.
Le problème réside dans le timing : premier concours passé, premiers résultats affichés, alors que d’autres épreuves restent à passer. Les résultats négatifs affectent profondément le moral des jeunes bacheliers. Subitement, leur détermination et les perspectives qu’ils espéraient commencent à s’effriter. Beaucoup adoptent un discours défaitiste, soulignant la présence massive de candidats qui repassent le concours pour une deuxième tentative.
Devant plusieurs centres à Casablanca, nous avons constaté d’importantes foules, des rues saturées de voitures, les agents de police tentant d’organiser la circulation. Les candidats entrent vers 8 h 30 et restent assis dans les salles qui leur sont destinées. Certains posent même la tête sur les tables, somnolant en attendant l’arrivée des épreuves, nous racontent-ils à l’issue de l’examen. «On se demande pourquoi ils nous font venir si tôt pour nous laisser attendre avant d’entrer, puis rester assis plus d’une heure avant d’avoir l’épreuve», s’interrogent les nouveaux bacheliers candidats au concours de médecine. Un scénario qui se reproduira dans d’autres concours.
Comme la veille, les foules de candidats et les parents se rassemblent massivement devant la porte principale de l’Institut – contrairement au concours de médecine, il s’agit d’un centre unique. Les espaces verts et l’ombre des arbres sont envahis. Tels des estivants, les parents ont apporté leurs chaises de plage pour s’asseoir en attendant la sortie de leurs enfants. Surprise : des agents de police viennent leur annoncer qu’ils doivent se rendre de l’autre côté de l’école, près d’un kilomètre et demi de marche supplémentaire.
Abou Hiba, qui vient de déposer sa fille à l’entrée du centre de Mohammedia, fait aussitôt demi-tour. «Heureusement que j’étais encore à quelques mètres quand mon téléphone a sonné. “Papa, tu peux revenir récupérer mon téléphone ? Je n’ai nulle part où le déposer, on nous dit qu’il est interdit de l’introduire, même éteint ou en mode silencieux”, m’a dit ma fille d’une voix très faible, effrayée par cette décision inattendue», nous explique-t-il.
En demandant à d’autres candidats et parents ayant passé ce concours dans d’autres villes, nous apprenons que cette règle ne s’applique pas à Settat, par exemple. En revanche, elle est appliquée au centre de Casablanca, à la Faculté de droit d’Aïn Sebaa. Cet établissement, mitoyen de l’ENCG de Casablanca, connaît même une situation cocasse : ne sachant où déposer leurs téléphones – cas des candidats non accompagnés ou dont les parents étaient déjà repartis – ils sont contraints de les confier à une dame se présentant comme employée de l’ENCG. À la sortie, impossible de retrouver cette dame. Les administrateurs leur indiquent alors qu’il faut se rendre à l’administration de l’ENCG pour la chercher. Une fois sur place, ils apprennent qu’elle est partie déjeuner et qu’il faut attendre son retour, ce qu’ils font, n’ayant pas le choix. Heureusement, ils récupèrent finalement leurs téléphones.
Abou Hiba nous raconte une autre contrainte. Après Casablanca le 19 juillet (médecine), Rabat le 20 (IAV), Mohammedia le 21 (ENCG), Settat le 22 (ENSA), Meknès les 23 et 24 juillet (Ensam et École nationale d’agriculture), il commence à avoir des difficultés à obtenir des autorisations d’absence au travail. Une autre mère nous confie que ces déplacements, au-delà des sacrifices physiques, représentent un coût financier important : carburant, péages autoroutiers, jours de congé pris, repas... «Ma fille voulait aussi passer le concours de Berkane pour la nouvelle formation en intelligence artificielle, mais je lui ai dit que j’avais déjà fait trop de dépenses, je ne pense pas pouvoir couvrir les frais d’un voyage si lointain», se désole Amine, de Casablanca.
L’épilogue d’un parcours du combattant La liste des concours n’est pas close pour autant. Samedi, les candidats à l’École nationale de l’intelligence artificielle et du digital de Berkane doivent se rendre dans l’Oriental le 26 juillet 2025. Le dimanche 27 juillet, rendez-vous à Salé (ou d’autres villes selon la répartition) pour le concours de l’École nationale d’architecture. S’ajoute à cela le périple des candidats qui optent pour les classes préparatoires (CPGE) et la galère qui s’ensuit avant l’inscription, notamment pour ceux qui figurent sur les listes d’attente et qui doivent rester sur le qui-vive jusqu’au 2 septembre prochain... Un long périple dont les résultats ne s’avèrent pas concluants pour tous les nouveaux
bacheliers.
Concours passés : Médecine, ENCG, ENSA, IAV, École nationale d’agriculture de Meknès, ENSAM
«Après avoir obtenu mon baccalauréat avec une note de 17,64, j’ai entamé un nouveau chapitre : la préparation aux concours d’accès aux écoles supérieures. Pendant un mois, j’ai travaillé avec acharnement, accumulant fatigue sur fatigue, mais déterminée à donner le meilleur de moi-même. Le jour J arrive le 19 juillet 2025 avec le concours de médecine – pour beaucoup d’entre nous, un rêve à atteindre. L’attente, l’angoisse, les sentiments mitigés... tout cela a rendu ce moment inoubliable. Les jours suivants, du 19 au 24 juillet, sont tous marqués par le même rituel. Malheureusement, le résultat du concours de médecine n’a pas été celui que j’espérais. Mais je n’ai pas baissé les bras. J’ai continué à passer les autres concours et, finalement, j’ai été acceptée dans d’autres écoles. Cette expérience m’a appris la persévérance et la gratitude. Je suis reconnaissante envers ma famille et mes amis qui m’ont soutenue tout au long de ce parcours. Cette aventure m’a montré que même dans les moments difficiles, il y a toujours une issue positive à l’horizon.»
Wiam : l’apprentissage de la compétition
Concours passés : Médecine, ENCG, ENSA, École nationale d’architecture, ENSAM
«Ce fut un parcours difficile. Après avoir réussi mon baccalauréat, je savais que ce qui allait suivre serait ardu, mais c’était bien plus difficile que je ne l’avais imaginé. Nous étions habitués à nous battre pour obtenir de bonnes notes, mais la compétition pour les places était quelque chose pour lequel nous n’étions pas bien préparés. Dans ces examens, peu importe votre intelligence, ce qui compte, c’est plutôt votre capacité à dépasser les autres. Nous n’étions pas habitués à cela durant notre parcours scolaire, d’où cette semaine d’examens et de concours difficiles, tant psychologiquement que physiquement. Cependant, ce fut une expérience dont nous avons beaucoup appris. Nous avons compris que peu importe l’intensité de vos désirs, vous n’obtiendrez que ce qui vous est destiné. Nous avons également découvert de nouveaux lieux, visité différentes facultés et expérimenté diverses ambiances d’examen : certaines bien organisées, d’autres chaotiques, avec des professeurs bienveillants et coopératifs, d’autres indifférents. Malgré mon échec à intégrer une école, j’ai acquis une nouvelle expérience et, si Dieu le veut, je serai prête pour les prochains examens.»
Khadija : la préparation solitaire et ses limites
Concours passés : UM6P, médecine, ENSA, ENSCK
«Après avoir obtenu une moyenne de 17,16 au baccalauréat, j’ai décidé de tenter plusieurs concours : médecine, UM6P, ENSA, ENSAM (où j’étais présélectionnée), et ENSCK (École nationale supérieure de chimie). Chaque concours a été une aventure différente, pleine de doutes, d’efforts et d’émotions intenses. Au début, j’étais perdue. Devais-je réviser comme pour le bac ? M’inscrire dans un centre de préparation ? Finalement, j’ai décidé de me préparer seule, sans soutien extérieur, craignant de gaspiller de l’argent sans garantie de réussite. Pendant la préparation, j’ai eu du mal à trouver certains cours et détails importants, mais j’ai tenu bon. J’ai fini par trouver un rythme, même si tout n’était pas parfait.
Le concours de médecine m’a laissé un goût particulier. Les épreuves de SVT et chimie étaient accessibles, mais les mathématiques et surtout la physique nucléaire m’ont semblé plus complexes. Malgré mes efforts et toute ma préparation, je n’ai pas été admise. Ce moment a été une véritable blessure intérieure. J’avais tant investi d’énergie, d’espoir et de temps que lire mon nom absent de la liste fut un choc. J’ai ressenti une immense déception, un sentiment d’échec dur à avaler. J’avais l’impression de ne pas être à la hauteur, même si je savais que ce concours était très sélectif.
Pour le concours ENSA, j’ai trouvé les mathématiques difficiles, alors que la physique était d’un niveau moyen. Curieusement, plusieurs candidats autour de moi ont eu un ressenti complètement différent.
Le concours de l’ENSCK s’est bien passé, avec une bonne organisation et un déroulement clair qui m’a aidée à mieux me concentrer. Mais le plus dur, c’est l’après-concours. Cette attente interminable des résultats. Ce moment où on ne sait plus quoi penser : où vais-je finir par étudier ? ai-je le niveau ? et si je ne suis acceptée nulle part ? Cette pression ne pèse pas que sur vous : toute la famille attend avec les mêmes espoirs, les mêmes craintes. C’est une période qui forge une vraie résistance à la déception. Car même si vous n’êtes pas acceptée dans l’école de vos rêves, vous ne devez pas vous effondrer. Il faut apprendre à accepter, rebondir et continuer à croire en soi.»
Aya : quand l’organisation défaillante sabote les efforts
Concours passés : Médecine, ENSA et ENSAM
«J’ai pu décrocher l’accès à l’ENSA Agadir et je suis à l’ENSAM sur liste d’attente, 154e à Meknès. J’ai donné tout ce que j’avais. J’ai étudié, révisé, passé des nuits blanches, et mis tout mon cœur dans ce concours de médecine. Le matin, je suis arrivée bien avant l’heure... mais l’encombrement et l’embouteillage devant le centre étaient épuisants. Des visages tendus, de longues files d’attente, aucun responsable pour diriger, personne pour expliquer ce qui se passait. Nous sommes entrés dans la salle après une attente harassante, puis ils ont tardé à distribuer les sujets d’examen. Les minutes s’écoulaient lourdement, un silence étouffant et l’angoisse montait en moi.
J’avais l’impression que mes connaissances s’évaporaient peu à peu, comme si quelque chose s’éteignait en moi sans que je puisse l’empêcher. J’ai essayé de me ressaisir, de commencer fort... mais le début chaotique m’a affectée plus que je ne l’avais imaginé. Malgré cela, j’ai écrit. J’ai répondu de mon mieux, je suis sortie en gardant un espoir fragile... Je me suis dit : “Peut-être... peut-être que ce que j’ai écrit était suffisant”. Mais le résultat m’a déçue. Ce n’était pas seulement catastrophique, mais c’était une déception... douloureuse, car je sais combien j’ai travaillé. Et le pire, c’est que ce qui s’est passé n’était pas un cas isolé. La même confusion, le même retard, et le même chaos... se sont répétés dans tous les concours que j’ai passés ensuite. Chaque fois que j’entre, je traîne derrière moi une déception due à une organisation dans laquelle je n’ai aucune responsabilité, mais dont je paie le prix avec mon anxiété, ma concentration dispersée et, peut-être, même un effet sur le résultat.»
Nada : la philosophie de l’acceptation
Concours passés : Médecine, ENCG, ENSA - Sur liste d’attente ENCG
«Au cours des derniers mois, j’ai traversé une période marquée par les concours, une expérience aussi exigeante qu’enrichissante. La préparation m’a demandé rigueur, discipline et parfois des sacrifices, mais elle m’a surtout appris à me dépasser et à rester concentrée sur mes objectifs malgré les incertitudes. Chaque épreuve, qu’elle se soit bien passée ou non, m’a permis d’en tirer des leçons précieuses sur ma manière de gérer l’angoisse, d’organiser mon temps et de faire face à la pression. Même si certains résultats n’ont pas été à la hauteur de mes attentes, je ne considère pas cela comme un échec, mais plutôt comme une étape dans un parcours plus large. Aujourd’hui, je regarde ce parcours non pas avec regret, mais avec reconnaissance, car il a forgé en moi une volonté plus solide et une ambition plus lucide.»
L’avis de Bachir : vers une orientation plus humaine
Monsieur Bachir, père de la bachelière Wiam, partage ses observations et souhaits concernant l’orientation post-baccalauréat. Son aspiration : un processus plus fluide et moins anxiogène pour les futurs étudiants.
• Orientation précoce et transparente : «Il est indispensable d’instaurer une orientation scolaire précoce et d’une clarté incontestable juste après le baccalauréat. Cela permettrait aux élèves et à leurs parents de connaître précisément les parcours d’études et les concours pertinents qui s’offrent à eux».
• Réorganisation des épreuves : «Je souhaite que les concours soient organisés de manière plus efficace.»
• Accompagnement psychologique : «Il est impératif d’offrir un accompagnement psychologique aux étudiants durant cette étape cruciale, car elle est souvent très
éprouvante».
• Simplification des parcours : «J’espère sincèrement que les choses s’amélioreront à l’avenir, afin que le parcours soit plus simple et plus évident pour les générations futures. Une bonne orientation est essentielle, tant sur le plan théorique que pratique».
• Facilitation du processus de sélection : «Il est crucial que les responsables du ministère de l’Enseignement supérieur prennent en compte la nécessité de faciliter la phase de choix pour les étudiants. Idéalement, il faudrait permettre un choix ciblé pour déterminer l’objectif de l’étudiant. Si un élève souhaite faire des études de médecine, il devrait avoir de meilleures chances. De même pour l’accès à une école particulière». «L’idée est d’éviter que les étudiants aient à “courir partout” en multipliant démarches et inscriptions. Il reste important que, dans le même domaine d’études, plusieurs choix soient possibles. Ce qui importe avant tout, c’est que le choix soit clair et accessible. Il ne faut pas freiner les compétences et imposer aux bacheliers de sillonner les villes pour tenter toutes les chances en s’orientant vers des disciplines simplement parce qu’ils ont décroché le concours». L’objectif principal, selon lui : garantir un système d’orientation et d’accès à l’enseignement supérieur à la fois direct, organisé et psychologiquement soutenu pour les jeunes bacheliers.
Amal, mère d’une nouvelle bachelière : le poids de l’accompagnement
«En toute honnêteté, le parcours des concours, malgré son importance, a été extrêmement éprouvant pour ma fille et pour nous en tant que famille. Dès l’annonce des résultats du baccalauréat, nous sommes entrés dans un tourbillon : choix de la bonne école avec tout ce que cela impliquait - multiples inscriptions, déplacements épuisants et coûts financiers. Le côté le plus difficile était psychologique : la pression et l’angoisse que ma fille a vécues durant une période pleine d’incertitudes, sans clarté totale sur le chemin à suivre. Nous essayions de la soutenir, mais même nous, en tant que parents, n’avions pas une connaissance claire des étapes ou des parcours possibles».
Baccalauréat 2025 : les chiffres de la réussite
Un total de 250.075 candidats scolarisés dans les établissements d’enseignement public et privé ont réussi les épreuves de la session ordinaire de l’examen national unifié du baccalauréat au titre de la session de juin 2025, selon les données annoncées par le ministère de l’Éducation nationale, du préscolaire et des sports. Par ailleurs, le nombre de candidats ayant obtenu une mention parmi les candidats scolarisés et libres s’est élevé à 152.261, soit 54,9% du total des admis. La session normale du Baccalauréat 2025 s’est achevée avec 250.075 lauréats, dont 154.918 filles, selon les chiffres rendus publics par le ministère de l’Éducation nationale, du préscolaire et des sports. Le taux de réussite national s’établit à 66,8%, contre 67,86% en 2024. Cette session a vu 374.371 candidats se présenter aux épreuves, avec un taux de participation global de 97,36%.Quand la réussite devient un nouveau départ épuisant
Parmi ces lauréats aux résultats prometteurs, nombreux sont ceux qui ont vécu un été post-résultats particulièrement éprouvant. À peine peuvent-ils respirer à partir de cette deuxième semaine d’août, certains ne parvenant même pas à en profiter – notamment ceux qui figurent sur les listes d’attente des concours passés. Dès l’annonce des résultats du bac le 14 juin, les bacheliers visant les concours de médecine, de pharmacie, des grandes écoles d’économie (ISCAE, ENCG), d’agronomie, des écoles d’ingénieurs ou d’architecture se sont inscrits dans des centres de préparation. Un agenda de cours intensifs pour renforcer leurs connaissances et maîtriser les stratégies leur permettant d’optimiser leurs chances de réussir les concours visés.Cette mobilisation acharnée intervient alors qu’ils sortent à peine d’une épreuve difficile – l’examen du bac avec toute l’angoisse accumulée depuis la première année du lycée, tension décuplée les dernières semaines, et même après l’examen, durant ces jours d’attente des résultats. Aucun répit, aucune pause : il faut enchaîner immédiatement avec les préparatifs des concours visés. Cette double pression psychologique touche également les parents qui l’assument sur le plan moral en accompagnant leurs enfants, mais aussi financièrement en tentant, pour ceux qui le peuvent, de financer les cours de soutien pour les préparations aux concours (notre journal a déjà traité ce sujet : «Préparation aux concours post-bac : un «business» lucratif qui fausse l’égalité des chances ?» https://lematin.ma/societe/prepas-concours-post-bac-un-business-qui-fausse-legalite-des-chances/287704 ). Mais cette tension, cette mobilisation et cet engagement intellectuel, moral et physique atteignent leur paroxysme lors des épreuves elles-mêmes. Les moments vécus dans différentes étapes du passage de ces concours révèlent, sans équivoque, l’intensité de cette pression subie par ces jeunes de 17-18 ans.
Médecine : rêves brisés et moral en berne
L’épreuve commence avec le concours des Facultés de médecine. Les candidats sont particulièrement nombreux à opter pour cette filière. Le samedi 19 juillet restera gravé dans la mémoire de milliers de candidats souhaitant suivre cette formation. À titre d’exemple, le nombre de candidats retenus au Concours d’accès aux Facultés de médecine et de pharmacie (FMP) et aux Facultés de médecine dentaire 2025-2026 : FMP Rabat 14.340 candidats, FMP Casablanca environ 14.523 candidats, FMP Oujda 6.001 candidats... À l’issue de ces concours, seuls 6.511 bacheliers ont été admis à s’inscrire en première année des Facultés de médecine, pharmacie et médecine dentaire.Le problème réside dans le timing : premier concours passé, premiers résultats affichés, alors que d’autres épreuves restent à passer. Les résultats négatifs affectent profondément le moral des jeunes bacheliers. Subitement, leur détermination et les perspectives qu’ils espéraient commencent à s’effriter. Beaucoup adoptent un discours défaitiste, soulignant la présence massive de candidats qui repassent le concours pour une deuxième tentative.
Réveil à l’aube, attente sous le soleil
Avant d’arriver à cette étape décisive, les premières conditions génératrices d’angoisse se manifestent dès l’organisation même de l’examen, ce samedi 19 juillet 2025. Première contrainte : les candidats doivent se présenter une heure trente avant le début des épreuves au centre de concours. Rendez-vous fixé à 7 h 30, pour un démarrage à 9 h. Même arrivés devant les centres avant 7 h 30 – imaginez à quelle heure ils ont dû se réveiller –, eux et leurs accompagnateurs (généralement les parents) ils restent à l’extérieur.Devant plusieurs centres à Casablanca, nous avons constaté d’importantes foules, des rues saturées de voitures, les agents de police tentant d’organiser la circulation. Les candidats entrent vers 8 h 30 et restent assis dans les salles qui leur sont destinées. Certains posent même la tête sur les tables, somnolant en attendant l’arrivée des épreuves, nous racontent-ils à l’issue de l’examen. «On se demande pourquoi ils nous font venir si tôt pour nous laisser attendre avant d’entrer, puis rester assis plus d’une heure avant d’avoir l’épreuve», s’interrogent les nouveaux bacheliers candidats au concours de médecine. Un scénario qui se reproduira dans d’autres concours.
IAV Rabat : quand les parents jouent aux estivants
Le lendemain, dimanche 20 juillet 2025, les nouveaux bacheliers souhaitant tenter leur chance en agronomie prennent la route vers Rabat pour passer le test écrit d’accès à l’APESA (Année préparatoire aux études supérieures en agriculture) de l’IAV Hassan II. Les étudiants passent l’examen par groupes successifs. Sur 30.000 candidatures déposées, l’IAV a retenu 6.000 bacheliers après étude des dossiers.Comme la veille, les foules de candidats et les parents se rassemblent massivement devant la porte principale de l’Institut – contrairement au concours de médecine, il s’agit d’un centre unique. Les espaces verts et l’ombre des arbres sont envahis. Tels des estivants, les parents ont apporté leurs chaises de plage pour s’asseoir en attendant la sortie de leurs enfants. Surprise : des agents de police viennent leur annoncer qu’ils doivent se rendre de l’autre côté de l’école, près d’un kilomètre et demi de marche supplémentaire.
ENCG : téléphones interdits, parents désemparés
À l’ENCG, ce lundi 21 juillet 2025, les candidats doivent se présenter à 8 heures, mais restent également de longs quarts d’heure avant le démarrage. Aucune visibilité sur la durée de l’examen pour les parents. Venus de différentes villes, ils n’ont d’autre choix que d’attendre jusqu’à la sortie des candidats. Mais qui dit candidats nombreux dit embouteillages dans les artères menant aux centres d’examen. N’ayant pas d’alternative pour respecter les horaires, candidats et parents arrivent à l’heure. Mais dans certains centres – notamment les Facultés de droit de Casablanca et Mohammedia – ils découvrent l’interdiction d’introduire leur téléphone (aucune mention de ce type sur les convocations).Abou Hiba, qui vient de déposer sa fille à l’entrée du centre de Mohammedia, fait aussitôt demi-tour. «Heureusement que j’étais encore à quelques mètres quand mon téléphone a sonné. “Papa, tu peux revenir récupérer mon téléphone ? Je n’ai nulle part où le déposer, on nous dit qu’il est interdit de l’introduire, même éteint ou en mode silencieux”, m’a dit ma fille d’une voix très faible, effrayée par cette décision inattendue», nous explique-t-il.
En demandant à d’autres candidats et parents ayant passé ce concours dans d’autres villes, nous apprenons que cette règle ne s’applique pas à Settat, par exemple. En revanche, elle est appliquée au centre de Casablanca, à la Faculté de droit d’Aïn Sebaa. Cet établissement, mitoyen de l’ENCG de Casablanca, connaît même une situation cocasse : ne sachant où déposer leurs téléphones – cas des candidats non accompagnés ou dont les parents étaient déjà repartis – ils sont contraints de les confier à une dame se présentant comme employée de l’ENCG. À la sortie, impossible de retrouver cette dame. Les administrateurs leur indiquent alors qu’il faut se rendre à l’administration de l’ENCG pour la chercher. Une fois sur place, ils apprennent qu’elle est partie déjeuner et qu’il faut attendre son retour, ce qu’ils font, n’ayant pas le choix. Heureusement, ils récupèrent finalement leurs téléphones.
Sur les routes du savoir : l’odyssée des bacheliers
Le concours commun du réseau des ENSA, organisé le mardi 22 juillet 2025, transforme les nouveaux étudiants en véritables explorateurs. Ces jeunes bacheliers sillonnent le Maroc depuis le début des concours, prenant parfois la route la nuit pour arriver vers 7 h 30, comme l’exige la convocation. «Samedi, ma fille a passé un concours à Casablanca, lundi à Settat, mardi à Béni Mellal, et je dois l’emmener mercredi à Meknès. Elle envisage de passer un autre concours samedi à Oujda pour une nouvelle filière en intelligence artificielle – centre de formation situé à Berkane mais concours à Oujda – puis être de bonne heure à Salé pour le concours des écoles d’architecture», se désole Bachir en racontant l’épreuve qu’il subit pour accompagner sa fille Wiam.Abou Hiba nous raconte une autre contrainte. Après Casablanca le 19 juillet (médecine), Rabat le 20 (IAV), Mohammedia le 21 (ENCG), Settat le 22 (ENSA), Meknès les 23 et 24 juillet (Ensam et École nationale d’agriculture), il commence à avoir des difficultés à obtenir des autorisations d’absence au travail. Une autre mère nous confie que ces déplacements, au-delà des sacrifices physiques, représentent un coût financier important : carburant, péages autoroutiers, jours de congé pris, repas... «Ma fille voulait aussi passer le concours de Berkane pour la nouvelle formation en intelligence artificielle, mais je lui ai dit que j’avais déjà fait trop de dépenses, je ne pense pas pouvoir couvrir les frais d’un voyage si lointain», se désole Amine, de Casablanca.
La semaine de tous les défis
Cette semaine de juillet figure parmi les plus longues et difficiles pour les nouveaux bacheliers et leurs parents. Après médecine, IAV, ENCG et ENSA entre le 19 et le 22 juillet, il faut se déplacer vers d’autres villes et assumer de nouveaux frais pour les concours du mercredi 23 juillet 2025, ceux de l’ENSAM-Maroc. Nous nous sommes rendus dans les centres d’examen de Meknès, notamment aux Facultés de droit et des lettres. Candidats et accompagnateurs affluent massivement. La circulation se trouve bloquée aux alentours de la Faculté de droit, pourtant située en zone périphérique. Même situation sur les deux artères principales menant vers la Faculté des lettres, dotée heureusement de deux entrées donnant sur des boulevards différents. Les parents restent à l’extérieur, cherchant l’ombre des arbres et des murs en attendant la sortie des candidats.École d’agriculture de Meknès: l’exception qui confirme la règle
Le jeudi 24 juillet 2025 marque le concours de l’École nationale d’agriculture de Meknès. Quelque 3.000 candidats venus de plusieurs villes se retrouvent à 7 heures, à l’extérieur de la ville, pour passer le test d’entrée à cette institution spécialisée, seule école à respecter scrupuleusement le timing indiqué dans la convocation. Dès 7 heures, le personnel administratif accueille les candidats, les répartit en petits groupes et les installe dans les salles dédiées. Geste inédit par rapport aux autres concours – peut-être en raison du nombre plus restreint de candidats : des bouteilles d’eau sont distribuées aux bacheliers. Les candidats remarquent également l’accueil chaleureux, les sourires du personnel administratif et le comportement cordial sur ce site d’examen. Même les parents et accompagnateurs bénéficient de ce traitement inexistant ailleurs : invités par les responsables à entrer dans l’enceinte de l’école pour profiter de l’ombre et éviter l’exposition au soleil implacable de Meknès.L’épilogue d’un parcours du combattant La liste des concours n’est pas close pour autant. Samedi, les candidats à l’École nationale de l’intelligence artificielle et du digital de Berkane doivent se rendre dans l’Oriental le 26 juillet 2025. Le dimanche 27 juillet, rendez-vous à Salé (ou d’autres villes selon la répartition) pour le concours de l’École nationale d’architecture. S’ajoute à cela le périple des candidats qui optent pour les classes préparatoires (CPGE) et la galère qui s’ensuit avant l’inscription, notamment pour ceux qui figurent sur les listes d’attente et qui doivent rester sur le qui-vive jusqu’au 2 septembre prochain... Un long périple dont les résultats ne s’avèrent pas concluants pour tous les nouveaux
bacheliers.
Témoignages des nouveaux bacheliers : quand l’excellence rencontre la résilience
Hiba Allah : six concours, une leçon de persévéranceConcours passés : Médecine, ENCG, ENSA, IAV, École nationale d’agriculture de Meknès, ENSAM
«Après avoir obtenu mon baccalauréat avec une note de 17,64, j’ai entamé un nouveau chapitre : la préparation aux concours d’accès aux écoles supérieures. Pendant un mois, j’ai travaillé avec acharnement, accumulant fatigue sur fatigue, mais déterminée à donner le meilleur de moi-même. Le jour J arrive le 19 juillet 2025 avec le concours de médecine – pour beaucoup d’entre nous, un rêve à atteindre. L’attente, l’angoisse, les sentiments mitigés... tout cela a rendu ce moment inoubliable. Les jours suivants, du 19 au 24 juillet, sont tous marqués par le même rituel. Malheureusement, le résultat du concours de médecine n’a pas été celui que j’espérais. Mais je n’ai pas baissé les bras. J’ai continué à passer les autres concours et, finalement, j’ai été acceptée dans d’autres écoles. Cette expérience m’a appris la persévérance et la gratitude. Je suis reconnaissante envers ma famille et mes amis qui m’ont soutenue tout au long de ce parcours. Cette aventure m’a montré que même dans les moments difficiles, il y a toujours une issue positive à l’horizon.»
Wiam : l’apprentissage de la compétition
Concours passés : Médecine, ENCG, ENSA, École nationale d’architecture, ENSAM
«Ce fut un parcours difficile. Après avoir réussi mon baccalauréat, je savais que ce qui allait suivre serait ardu, mais c’était bien plus difficile que je ne l’avais imaginé. Nous étions habitués à nous battre pour obtenir de bonnes notes, mais la compétition pour les places était quelque chose pour lequel nous n’étions pas bien préparés. Dans ces examens, peu importe votre intelligence, ce qui compte, c’est plutôt votre capacité à dépasser les autres. Nous n’étions pas habitués à cela durant notre parcours scolaire, d’où cette semaine d’examens et de concours difficiles, tant psychologiquement que physiquement. Cependant, ce fut une expérience dont nous avons beaucoup appris. Nous avons compris que peu importe l’intensité de vos désirs, vous n’obtiendrez que ce qui vous est destiné. Nous avons également découvert de nouveaux lieux, visité différentes facultés et expérimenté diverses ambiances d’examen : certaines bien organisées, d’autres chaotiques, avec des professeurs bienveillants et coopératifs, d’autres indifférents. Malgré mon échec à intégrer une école, j’ai acquis une nouvelle expérience et, si Dieu le veut, je serai prête pour les prochains examens.»
Khadija : la préparation solitaire et ses limites
Concours passés : UM6P, médecine, ENSA, ENSCK
«Après avoir obtenu une moyenne de 17,16 au baccalauréat, j’ai décidé de tenter plusieurs concours : médecine, UM6P, ENSA, ENSAM (où j’étais présélectionnée), et ENSCK (École nationale supérieure de chimie). Chaque concours a été une aventure différente, pleine de doutes, d’efforts et d’émotions intenses. Au début, j’étais perdue. Devais-je réviser comme pour le bac ? M’inscrire dans un centre de préparation ? Finalement, j’ai décidé de me préparer seule, sans soutien extérieur, craignant de gaspiller de l’argent sans garantie de réussite. Pendant la préparation, j’ai eu du mal à trouver certains cours et détails importants, mais j’ai tenu bon. J’ai fini par trouver un rythme, même si tout n’était pas parfait.
Le concours de médecine m’a laissé un goût particulier. Les épreuves de SVT et chimie étaient accessibles, mais les mathématiques et surtout la physique nucléaire m’ont semblé plus complexes. Malgré mes efforts et toute ma préparation, je n’ai pas été admise. Ce moment a été une véritable blessure intérieure. J’avais tant investi d’énergie, d’espoir et de temps que lire mon nom absent de la liste fut un choc. J’ai ressenti une immense déception, un sentiment d’échec dur à avaler. J’avais l’impression de ne pas être à la hauteur, même si je savais que ce concours était très sélectif.
Pour le concours ENSA, j’ai trouvé les mathématiques difficiles, alors que la physique était d’un niveau moyen. Curieusement, plusieurs candidats autour de moi ont eu un ressenti complètement différent.
Le concours de l’ENSCK s’est bien passé, avec une bonne organisation et un déroulement clair qui m’a aidée à mieux me concentrer. Mais le plus dur, c’est l’après-concours. Cette attente interminable des résultats. Ce moment où on ne sait plus quoi penser : où vais-je finir par étudier ? ai-je le niveau ? et si je ne suis acceptée nulle part ? Cette pression ne pèse pas que sur vous : toute la famille attend avec les mêmes espoirs, les mêmes craintes. C’est une période qui forge une vraie résistance à la déception. Car même si vous n’êtes pas acceptée dans l’école de vos rêves, vous ne devez pas vous effondrer. Il faut apprendre à accepter, rebondir et continuer à croire en soi.»
Aya : quand l’organisation défaillante sabote les efforts
Concours passés : Médecine, ENSA et ENSAM
«J’ai pu décrocher l’accès à l’ENSA Agadir et je suis à l’ENSAM sur liste d’attente, 154e à Meknès. J’ai donné tout ce que j’avais. J’ai étudié, révisé, passé des nuits blanches, et mis tout mon cœur dans ce concours de médecine. Le matin, je suis arrivée bien avant l’heure... mais l’encombrement et l’embouteillage devant le centre étaient épuisants. Des visages tendus, de longues files d’attente, aucun responsable pour diriger, personne pour expliquer ce qui se passait. Nous sommes entrés dans la salle après une attente harassante, puis ils ont tardé à distribuer les sujets d’examen. Les minutes s’écoulaient lourdement, un silence étouffant et l’angoisse montait en moi.
J’avais l’impression que mes connaissances s’évaporaient peu à peu, comme si quelque chose s’éteignait en moi sans que je puisse l’empêcher. J’ai essayé de me ressaisir, de commencer fort... mais le début chaotique m’a affectée plus que je ne l’avais imaginé. Malgré cela, j’ai écrit. J’ai répondu de mon mieux, je suis sortie en gardant un espoir fragile... Je me suis dit : “Peut-être... peut-être que ce que j’ai écrit était suffisant”. Mais le résultat m’a déçue. Ce n’était pas seulement catastrophique, mais c’était une déception... douloureuse, car je sais combien j’ai travaillé. Et le pire, c’est que ce qui s’est passé n’était pas un cas isolé. La même confusion, le même retard, et le même chaos... se sont répétés dans tous les concours que j’ai passés ensuite. Chaque fois que j’entre, je traîne derrière moi une déception due à une organisation dans laquelle je n’ai aucune responsabilité, mais dont je paie le prix avec mon anxiété, ma concentration dispersée et, peut-être, même un effet sur le résultat.»
Nada : la philosophie de l’acceptation
Concours passés : Médecine, ENCG, ENSA - Sur liste d’attente ENCG
«Au cours des derniers mois, j’ai traversé une période marquée par les concours, une expérience aussi exigeante qu’enrichissante. La préparation m’a demandé rigueur, discipline et parfois des sacrifices, mais elle m’a surtout appris à me dépasser et à rester concentrée sur mes objectifs malgré les incertitudes. Chaque épreuve, qu’elle se soit bien passée ou non, m’a permis d’en tirer des leçons précieuses sur ma manière de gérer l’angoisse, d’organiser mon temps et de faire face à la pression. Même si certains résultats n’ont pas été à la hauteur de mes attentes, je ne considère pas cela comme un échec, mais plutôt comme une étape dans un parcours plus large. Aujourd’hui, je regarde ce parcours non pas avec regret, mais avec reconnaissance, car il a forgé en moi une volonté plus solide et une ambition plus lucide.»
L’avis de Bachir : vers une orientation plus humaine
Monsieur Bachir, père de la bachelière Wiam, partage ses observations et souhaits concernant l’orientation post-baccalauréat. Son aspiration : un processus plus fluide et moins anxiogène pour les futurs étudiants.
• Orientation précoce et transparente : «Il est indispensable d’instaurer une orientation scolaire précoce et d’une clarté incontestable juste après le baccalauréat. Cela permettrait aux élèves et à leurs parents de connaître précisément les parcours d’études et les concours pertinents qui s’offrent à eux».
• Réorganisation des épreuves : «Je souhaite que les concours soient organisés de manière plus efficace.»
• Accompagnement psychologique : «Il est impératif d’offrir un accompagnement psychologique aux étudiants durant cette étape cruciale, car elle est souvent très
éprouvante».
• Simplification des parcours : «J’espère sincèrement que les choses s’amélioreront à l’avenir, afin que le parcours soit plus simple et plus évident pour les générations futures. Une bonne orientation est essentielle, tant sur le plan théorique que pratique».
• Facilitation du processus de sélection : «Il est crucial que les responsables du ministère de l’Enseignement supérieur prennent en compte la nécessité de faciliter la phase de choix pour les étudiants. Idéalement, il faudrait permettre un choix ciblé pour déterminer l’objectif de l’étudiant. Si un élève souhaite faire des études de médecine, il devrait avoir de meilleures chances. De même pour l’accès à une école particulière». «L’idée est d’éviter que les étudiants aient à “courir partout” en multipliant démarches et inscriptions. Il reste important que, dans le même domaine d’études, plusieurs choix soient possibles. Ce qui importe avant tout, c’est que le choix soit clair et accessible. Il ne faut pas freiner les compétences et imposer aux bacheliers de sillonner les villes pour tenter toutes les chances en s’orientant vers des disciplines simplement parce qu’ils ont décroché le concours». L’objectif principal, selon lui : garantir un système d’orientation et d’accès à l’enseignement supérieur à la fois direct, organisé et psychologiquement soutenu pour les jeunes bacheliers.
Amal, mère d’une nouvelle bachelière : le poids de l’accompagnement
«En toute honnêteté, le parcours des concours, malgré son importance, a été extrêmement éprouvant pour ma fille et pour nous en tant que famille. Dès l’annonce des résultats du baccalauréat, nous sommes entrés dans un tourbillon : choix de la bonne école avec tout ce que cela impliquait - multiples inscriptions, déplacements épuisants et coûts financiers. Le côté le plus difficile était psychologique : la pression et l’angoisse que ma fille a vécues durant une période pleine d’incertitudes, sans clarté totale sur le chemin à suivre. Nous essayions de la soutenir, mais même nous, en tant que parents, n’avions pas une connaissance claire des étapes ou des parcours possibles».
