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Les MRE crient haro sur la cherté du billet d'avion

«La communauté marocaine crie haro sur le tarif exorbitant du billet d'avion Dakar-Casablanca».

Les MRE crient haro sur la cherté du billet d'avion
«La communauté marocaine crie haro sur le tarif exorbitant du billet d'avion Dakar-Casablanca».
A l'approche de l'été, le tarif excessivement cher du billet d'avion pour la ligne Dakar-Casablanca vient hanter le sommet des membres de la communauté marocaine établie au Sénégal.

Ce billet, vendu par la Royal Air Maroc (RAM) au prix de 7.000 DH en basse saison et à 8500 DH durant les vacances d'été, est devenu hors de portée pour l'écrasante majorité des Marocains établis au Sénégal, principalement des petits commerçants sévèrement touchés par la crise économique et la concurrence des produits chinois.

Le président du Conseil national des Marocains du Sénégal, Mohamed Farsi, dénonce ces tarifs «inabordables» pratiqués par la RAM, et qui privent les Marocains de la possibilité de rendre visite régulièrement à leurs familles et de permettre à leurs enfants de garder des liens forts avec leur pays d'origine.

«L'intérêt porté au pays, l'attachement à son identité et le besoin vital de passer ses vacances au Maroc sont des valeurs portées par chaque marocain, mais ceci ne peut pas se faire avec les tarifs actuels», ajoute-t-il.

Farsi, également membre du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME), vient d'adresser des correspondances aux dirigeants de la RAM et à d'autres autorités marocaines pour leur demander de réviser à la baisse ces tarifs.

En effet, faute de moyens, de plus en plus de Marocains cèdent devant le prix excessivement cher du billet et diffèrent d'année en année leur voyage au Maroc.

Pour ceux qui ont des enfants à charge, c'est devenu une équation difficile à résoudre.

«En plus de ma femme, j'ai 3 enfants à charge, ce qui fait plus de 40.000 DH uniquement pour les frais de transport», fulmine Ahmed, un commerçant installé à Dakar depuis une vingtaine d'années.

Il n'est pas le seul à rêver du jour où il pourra voyager au Maroc avec de petits prix à l'image de ses compatriotes vivant en Europe.

Les responsables de la RAM, la seule compagnie à desservir la ligne Dakar-Casablanca, balayent d'un revers de la main les critiques sur l'exploitation de la position de monopole sur cette ligne pour imposer des prix élevés, et avancent des arguments relatifs aux taxes pratiquées par les autorités aéroportuaires sénégalaises et à la hausse des prix du kérosène.

Pour répondre à ses détracteurs, la RAM souligne que plus de 70% du trafic sur la ligne Dakar-Casablanca est constitué de Sénégalais et de ressortissants des autres pays de l'Afrique de l'Ouest qui font escale à Casablanca avant de continuer leur voyage sur d'autres destinations.

Justement, rétorquent les marocains, c'est à cause de la cherté du billet d'avion que les Marocains ne voyagent pas régulièrement au pays.

Ces Marocains ne comprennent pas pourquoi le prix du billet entre Dakar et Madrid, Paris, Milan ou Bruxelles, toujours avec la RAM, est moins cher que le vol Dakar-Casablanca!!! Ils ne comprennent pas non plus comment le prix du billet entre le Sénégal et le Maroc est vendu par la RAM à plus de 7.000 DH en basse saison, pour un vol de 3 heures, alors que le trajet Casablanca-New York en coûte 8 ;500 DH pour 7 heures de vol.

«C'est incroyable», s'indignent les Marocains.

En plus des retrouvailles entre familiales, ces tarifs pénalisent aussi les échanges commerciaux et économiques entre le Maroc et le Sénégal et décourage fortement les investisseurs des deux pays.

En tant que président du Club des investisseurs marocains au Sénégal, Mohamed Lahlou sait très bien que le transport est une composante essentielle de l'acte d'investir et que les choses ne peuvent pas avancer à ce rythme.

«Effectivement, les tarifs actuels entravent énormément les échanges économiques entre le Maroc et le Sénégal», affirme-t-il joutant que beaucoup d'investisseurs marocains qui veulent prospecter le marché sénégalais, annulent leurs voyages à cause de la cherté du billet d'avion.

«C'est malheureux de voir ces tarifs bloquer le développement des échanges entre les peuples marocain et sénégalais», note-t-il, en espérant que la RAM ne se sert pas de son monopole sur cette ligne pour imposer ces prix excessifs.

Les quelque 600 étudiants marocains qui poursuivent leurs études aux facultés de médecine et de pharmacie de Dakar sont les plus sévèrement touchés par ces tarifs.

Leurs familles, en majorité de condition modeste, souffrent le martyre au début et à la fin de chaque année universitaire pour pouvoir réunir les 8500 DHS nécessaires à l'achat du billet en été pour leur progéniture.
Incapables de disposer de cette somme colossale, plusieurs dizaines d'étudiants choisissent la route pour rallier le Maroc, à travers la Mauritanie, dans un long et pénible voyage de trois jours.

D'autres, de plus en plus nombreux, jettent leur dévolu sur d'autres compagnies aériennes, qui proposent des tarifs moins chers que la RAM pour aller au Maroc en faisant des escales à Tunis ou à Istanbul.

Pour le président de la Ligue des étudiants marocains au Sénégal, Oussama Bouchti, le prix actuel du billet d'avion est hors de portée pour la majorité des étudiants marocains qui sont condamnés à passer leurs vacances d'été au Sénégal plutôt qu'à côté de leurs familles, faute d'argent.

«Comment peut-on expliquer que le billet d'avion Dakar-Casablanca coûte plus cher qu'un vol Dakar-Istanbul» avec une autre compagnie aérienne, s'interroge-t-il, en souhaitant que la RAM fasse un effort en direction de ces étudiants durant les vacances d'été.

Après le règlement de la question des pièces d'identité et l'affectation au sein de l'ambassade du Maroc à Dakar d'un agent de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), la réduction du prix du billet est devenue la principale revendication des Marocains vivant au Sénégal.

Une pétition, suscitant une large adhésion, circule depuis plusieurs jours parmi la communauté marocaine avec l'espoir de sensibiliser les autorités marocaines sur ce problème qui commence à prendre une dimension humanitaire.
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