Il y a, toujours, moins de Français en Asie qu'à Londres, mais la population tricolore y croît plus que nulle part ailleurs : près de 11% l'an dernier, dont +22% en Indonésie et +11,4% en Chine, selon le registre des Français établis à l'étranger. Ils sont très officiellement 110.000 à vivre en Asie-Océanie, sur un total de 1,6 million dans le monde. Sans compter les non-inscrits.
La crise en Europe, la croissance asiatique et un intérêt grandissant des étudiants pour l'étranger -associé à une meilleure maîtrise de l'anglais...- expliquent largement cet engouement.
«Les entreprises viennent chercher depuis plusieurs mois, un an, des marges qu'elles ne trouvent plus, ou moins, en France», constate Matthieu Lefort, directeur du bureau d'Ubifrance, l'agence publique de soutien aux exportateurs français, à Hong Kong.
En Chine, 30.800 personnes sont inscrites dans les consulats français. En ajoutant les non-inscrits, on les estime à près de 44.000.
La Chambre de commerce et d'industrie française en Chine (CCIFC) recense 1.379 entreprises. Présente à Pékin et Shanghaï (sud), la CCIFC a dû ouvrir une antenne à Chengdu (sud-ouest) où les entreprises étrangères bénéficient d'une fiscalité avantageuse et d'un coût de la main-d'œuvre moins élevé.
A Hong Kong et Singapour, les deux capitales financières de la région, les communautés françaises gonflent de 10% par an en moyenne.
Originaires de la région parisienne, Thomas Portolano et Michaël Amiot, 31 et 30 ans, se sont récemment installés à Hong Kong pour développer leur société d'importation d'articles chinois (gadgets, DVD, jeux vidéos, high tech) en ligne. Ils invoquent «les charges et les impôts sur les sociétés» ainsi que «les procédures légales qui prennent un temps incroyable» en France alors que la Chine multiplie les zones franches et les facilités administratives. «Il y a ici un optimisme généralisé en opposition avec la morosité ambiante en France», souligne Michaël Amiot.
Les entrepreneurs français veulent leur part du gâteau asiatique, mais de façon générale, «on assiste à un simple effet de rattrapage» par rapport à d'autres pays européens, pondère Matthieu Lefort. «On se rapproche de 100.000 exportateurs français dans le monde, contre 200.000 en Italie et 400.000 en Allemagne. On a été longtemps auto-centrés», souligne-t-il.
Le cas de l'Inde est très différent: la population française y croît mais modérément (+6,6% sur un an). L'essentiel des 9.600 immatriculés est constitué de retraités et de fonctionnaires, et les deux tiers vivent à Pondichéry (sud), ancien comptoir français.
D'autre part, l'Inde, encore très protectionniste, n'a changé son modèle économique qu'en 1991 et les règles d'investissement y demeurent contraignantes.
La Thaïlande et l'Indonésie présentent de leur côté la particularité de n'attirer que très peu d'actifs. «Les personnes viennent pour des raisons personnelles», assure Lucas Boudet, directeur exécutif de la Chambre de commerce franco-thaï à Bangkok. Les Français de Thaïlande étaient 28.550 en 2011, soit +15% par rapport à 2007. Même constat pour l'île indonésienne de Bali qui enregistre un afflux de retraités venus goûter un climat agréable et une vie «moins chère qu'en France», selon le consul Raphaël Devianne. «Le coût de la vie n'a rien à voir avec celui de la France», confirme Claudie Courot, 63 ans, installée sur l'île depuis trois ans avec son mari Guy, 65 ans. «On n'a pas d'impôts fonciers, pas d'impôts locaux. On a une grande maison spacieuse, au milieu des rizières, dans le calme et la tranquillité. Et on a du personnel de maison», explique-t-elle.
Enfin au Japon, si de nombreux Français sont partis après le séisme et le tsunami de mars 2011 qui a entraîné la catastrophe nucléaire de Fukushima, la plupart sont revenus. Ils sont officiellement 7.480 (+41% depuis 2000).