«J'ai appris qu'il y a parmi nous des jeunes venus de Syrie. Je veux vous dire combien j'admire votre courage», a dit le pape Benoît XVI, devant plus de 15.000 jeunes rassemblés au siège du patriarcat maronite de Bkerké, au nord de Beyrouth.
● «Le pape Benoît XVI salue pour la première fois le courage des jeunes Syriens»
● «Il s'agit de dire non à la vengeance, de reconnaître ses torts, d'accepter les excuses sans les rechercher et enfin de pardonner»
● «La spécificité du Moyen-Orient se trouve dans le mélange séculaire de composantes diverses»
L'émissaire international Lakhdar Brahimi a tiré la sonnette d'alarme en mettant en garde contre le danger «pour la région et le monde» du conflit en Syrie, après sa première rencontre samedi à Damas avec le président Bachar al-Assad resté pour sa part inflexible.
En visite au Liban voisin, le pape Benoît XVI a salué le «courage» des jeunes Syriens, dans une déclaration sans précédent en un an et demi de conflit en Syrie ayant fait plus de 27.000 morts selon une ONG, et exhorté les peuples du Moyen-Orient à «bannir la violence».
Alors que 107 personnes, dont 64 civils, ont de nouveau péri samedi en Syrie, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), Brahimi, émissaire de la Ligue arabe et de l'ONU, a dit ne pas avoir un plan préétabli pour résoudre le conflit sans issue en vue. «Je le répète, en même temps, je n'ai pas de plan. Cependant nous allons en élaborer un, après avoir entendu toutes les parties intérieure, régionale et internationale. En espérant qu'un tel plan permettra (...) d'aboutir à la fin de la crise», a ajouté Brahimi.
«Nous serons en contact avec les pays qui ont des intérêts et une influence sur le dossier syrien», a-t-il dit en précisant qu'il serait en lien avec «le groupe de contact», regroupant l'Iran, un allié du régime Assad, ainsi que l'Arabie saoudite, l'Egypte et la Turquie, trois pays qui réclament le départ du président syrien.
Assad campe sur ses positions
D'ailleurs Assad a répété sa position en soulignant devant Brahimi sa volonté de poursuivre sa guerre contre les rebelles et de discuter avec les membres de l'opposition qu'il juge acceptables.
Le président syrien a appelé à un dialogue intersyrien, selon la télévision publique. «Le travail sur l'aspect politique se poursuit, notamment par un appel à un dialogue centré sur les aspirations du peuple syrien». Et de poursuivre, «le succès de l'action politique dépend des pressions sur les pays qui financent et entraînent les terroristes, et font entrer des armes en Syrie, afin qu'ils cessent de le faire».
Assad, qui ne reconnaît pas la contestation et l'assimile à du terrorisme, a assuré que son pays «coopèrera avec tous les efforts sincères pour résoudre la crise, tant que ces efforts sont neutres et indépendants».
Selon la chaîne d'Etat, le diplomate algérien Brahimi a assuré «qu'il allait travailler en toute indépendance en se basant sur le plan Annan et la déclaration de Genève. Tout autre point sera ajouté en accord avec toutes les parties». La déclaration de Genève fixe des principes pour la transition en Syrie, mais sans appeler au départ d’Assad, posé comme préalable à tout dialogue par une large partie de l'opposition et les pays Occidentaux.
«Le pape ne vous oublie pas»
Au Liban, le souverain pontife s'est adressé à 15.000 jeunes rassemblés au siège du patriarcat maronite. «J'ai appris qu'il y a parmi nous des jeunes venus de Syrie. Je veux vous dire combien j'admire votre courage», a-t-il dit.
«Dites chez vous, à vos familles et à vos amis, que le pape ne vous oublie pas. Dites autour de vous que le pape est triste à cause de vos souffrances et de vos deuils. Il n'oublie pas la Syrie dans ses prières et ses préoccupations», a-t-il ajouté. «Il est temps que musulmans et chrétiens s'unissent pour mettre fin à la violence et aux guerres», a-t-il poursuivi. Une contestation inédite contre le régime Assad a été lancée pacifiquement en mars 2011 par des manifestations réprimées dans le sang. Elle s'est militarisée et aujourd'hui soldats et rebelles se livrent une véritable guerre.
Samedi, dans la métropole du nord, Alep, l'armée affrontait les insurgés dans plusieurs secteurs alors que des hélicoptères attaquaient d'autres. L'armée a repris la majeure partie du quartier Midane érigeant des points de contrôle pour la première fois, selon un correspondant de l'AFP. A 35 km au nord-est d'Alep, au moins 12 civils ont été tués et une soixantaine blessés, dans des raids aériens sur Al-Bab, tenue par les rebelles, ont indiqué à l'AFP des sources hospitalières. Et dans la province d'Idleb (nord-ouest), soumise à de violents bombardements des troupes, 19 civils ont péri, a rapporté l'OSDH.
En outre, 20 corps, dont celui d'une femme, ont été découverts dans le quartier Tadamoun à Damas et neuf autres dans ceux de Qadam et Jobar, selon la même source. Alors que l'année scolaire débute dimanche, plus de 2.000 écoles ont été détruites ou endommagées au cours du conflit et des centaines d'autres sont utilisées comme abris, selon l'Unicef.