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Washington recherche une coalition

Après le rejet de la motion par le Chambre de communes britannique, Washington est dans l'incertitude, renforcée par des manifestations anti-intervention.

Washington recherche une coalition
Obama prendrait sa décision dans le dossier syrien selon les intérêts des Etats-Unis, après le rejet parle Parlement britannique d'une motion sur une intervention militaire contre Damas. (Photo : AFP)

● Barack Obama prendrait sa décision dans le dossier syrien selon les intérêts des Etats-Unis, après le rejet parle Parlement britannique d'une motion sur une intervention militaire contre Damas.
● Les députés britanniques ont rejeté la motion présentée par le gouvernement, dominé par les conservateurs, par 285 voix contre 272, au terme d'un débat sur le bien-fondé et la légalité d'une intervention militaire en Syrie.
●  «Ottawa ne participera pas à une éventuelle opération militaire en Syrie», Stephen Harper, PM canadien
● Des centaines de personnes ont manifesté bruyamment jeudi soir à Times square à New York leur opposition à toute intervention américaine en Syrie.
● Les Etats-Unis recherchent toujours «une coalition internationale» pour répondre à l'attaque présumée à l'arme chimique du régime de Damas sur des civils, malgré le rejet d'une intervention par le Parlement britannique, Chuck Hagel.

Le Parlement britannique a rejeté jeudi l'idée d'une intervention militaire contre la Syrie, renforçant l'hypothèse d'une éventuelle action unilatérale des Etats-Unis, Damas ayant promis de son côté de se défendre «contre toute agression».

Dans ce climat de fortes tensions face à la perspective d'une action militaire qui serait menée par Washington, des inspecteurs des Nations unies enquêtent depuis lundi près de Damas sur l'attaque chimique du 21 août et ont recueilli «quantité» d'éléments.

La Chambre des communes britannique a rejeté jeudi soir une motion présentée par le Premier ministre David Cameron qui défendait le principe d'une intervention militaire en Syrie. Ce dernier a immédiatement indiqué qu'il tirerait les conséquences de ce vote. «Il est clair que le Parlement britannique ne veut pas d'intervention militaire britannique. Je prends note et le gouvernement agira en conséquence», a-t-il réagi.

Rejetée par 285 députés contre 272, la motion gouvernementale proposée condamnait «l'usage d'armes chimiques en Syrie le 21 août 2013 par le régime de Bachar Al-Assad» et convenait «qu'une réponse humanitaire forte est requise de la part de la Communauté internationale, impliquant si nécessaire une action militaire qui soit légale, proportionnée et destinée à sauver des vies en empêchant tout usage futur d'armes chimiques en Syrie».

Au Conseil de sécurité de l'Onu, une réunion d'à peine 45 minutes entre les cinq membres permanents (Etats-Unis, Russie, Chine, Royaume-Uni et France disposant tous d'un droit de veto) s'est achevée sans progrès apparents. Elle s'est tenue à la demande de la Russie, alliée de la Syrie et donc farouchement opposée à toute action militaire.

Face à cette poussée de fièvre et malgré le scepticisme qui s'est fait jour depuis mercredi sur l'opportunité d'une intervention, le président syrien Bachar Al-Assad s'est engagé à «défendre» son pays «contre toute agression» des Occidentaux.

Fort de l'appui de la Russie, Assad, qui avait déjà démenti les accusations «insensées» de recours aux armes chimiques, a martelé que la Syrie était «déterminée à éradiquer le terrorisme soutenu par Israël et les pays occidentaux», assimilant une nouvelle fois la rébellion à du «terrorisme».

«Coup de semonce»

Le Président américain Barack Obama, qui avait dit mercredi soir ne pas avoir pris de décision sur la Syrie -tout en parlant d'un nécessaire «coup de semonce»- se réserve le droit d'agir unilatéralement, ont laissé entendre la Maison-Blanche et le département d'Etat, juste avant le camouflet infligé par le Parlement britannique à David Cameron. 

«Le Président doit avant tout rendre des comptes aux Américains qui l'ont élu pour qu'il les protège. Et le Président est fermement convaincu que les enjeux concernent des mesures nécessaires afin de protéger nos intérêts cruciaux de sécurité nationale», a expliqué le porte-parole adjoint de la présidence, Josh Earnest.

Pour son homologue du département d'Etat, Marie Harf, les consultations sur la Syrie avec les «alliés» de Washington, comme Londres, sont certes «extrêmement importantes», mais «nous prenons nos décisions en suivant notre propre calendrier». Elle a répété que son pays «répondrait» à la Syrie, mais sans être plus explicite.

«L'utilisation d'armes chimiques par le régime syrien contre son propre peuple constitue une situation dans laquelle les intérêts de sécurité nationale américains sont menacés. Il est de notre intérêt (...) que cet usage ne reste pas sans réponse», a insisté Marie Harf.

Ces derniers, qui ont récolté quantité d'«éléments» dans la région de l'attaque chimique, près de Damas, doivent faire un compte-rendu oral au secrétaire général Ban Ki-moon après leur départ de Syrie prévu samedi. Les échantillons recueillis seront transmis à des laboratoires en Europe, conformément à la Convention sur l'interdiction des armes chimiques, et ces analyses pourraient prendre des semaines, selon un porte-parole de l'Onu, Farhan Haq.

Quoi qu'il en soit, un feu vert du Conseil de sécurité pour l'usage de la force en Syrie est hautement improbable compte tenu de l'opposition de la Russie et de la Chine.

La France, l'autre alliée de Washington au Conseil de sécurité, a reconnu qu'une riposte militaire était «compliquée à construire». Le Président François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel ont dit attendre les résultats de l'enquête de l'Onu. Le chef de l'Etat français a cependant insisté sur la nécessité de «marquer un coup d'arrêt par rapport à l'escalade de la violence».

Et le Canada a d'ores et déjà annoncé ne pas envisager de participer à d'éventuelles frappes.

De leur côté, les Etats-Unis ont rassemblé depuis une semaine des renseignements et informations sur l'attaque chimique du 21 août et la Maison-Blanche va communiquer jeudi au Congrès les éléments en sa possession. 

Alors que l'invasion de l'Irak en 2003 , construite sur de faux renseignements, est dans toutes les têtes à Washington, la Maison-Blanche a annoncé une conférence téléphonique entre l'Exécutif et des parlementaires à partir de 22h00 GMT. Il y aura aussi la publication «avant la fin de la semaine», peut-être dès jeudi, d'une «version déclassifiée» d'un rapport des services de renseignement américains.

Le Pentagone a déployé un destroyer supplémentaire face aux côtes syriennes, portant temporairement à cinq le nombre de navires équipés de missiles de croisière en Méditerranée Orientale. Le Royaume-Uni a déployé six avions de chasse Typhoon sur l'une de ses bases à Chypre, à une centaine de kilomètres seulement des côtes syriennes.

A Damas, les forces armées syriennes ont été repositionnées hors de leurs postes de commandement, et les habitants se préparaient au pire, certains pliant bagages, d'autres subissant des contrôles renforcés à des barrages routiers. 

S'exprimant depuis la Turquie, qui prône une opération musclée contre le voisin syrien, l'opposition syrienne a affirmé que les défections s'étaient multipliées dans l'armée syrienne ces derniers jours.

Dans le camp des alliés de Damas, Moscou a annoncé l'envoi en Méditerranée d'un bateau de lutte anti-sous-marine et d'un navire lance-missiles. L'Iran, par la voix de son chef d'état-major Hassan Firouzabadi, a prévenu qu'une action militaire contre la Syrie aurait des conséquences sur toute la région et mènerait Israël «au bord des flammes». Celui-ci a rétorqué qu'il répliquerait «avec toute sa force» et fait état du déploiement de systèmes d'interception antimissiles.  

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