Outre les conséquences sanitaires et économiques , la pandémie du coronavirus peut bel et bien avoir des répercussions psychologiques sur les individus. En effet, « en vue du mouvement de panique enclenché depuis quelques semaines au Maroc, une grande partie de la population est entrée dans un état de psychose où les personnes ne font plus la différence entre ce qu’elles perçoivent et ce qui relève de la réalité », constate Kawtar Kadiri, psychologue et psychothérapeute.
Un traumatisme de ce genre, ajoute-t-elle, peut engendrer toute sorte de trouble anxieux allant des troubles mineurs de sommeil aux stress post-traumatique en passant par la dépression majeure et les attaques de paniques. Dans un premier temps, explique Kawtar Kadiri, la personne souffre d’intrusion au champ de la conscience d’images écrans qui envahissent de plus en plus son quotidien, accompagnées de leur lot de souffrance et d’émotions négatives. Par la suite, ajoute l’experte, plusieurs symptômes peuvent apparaitre handicapant le déroulement de la vie quotidienne. Il s’agit, entre autres, de :
- Un épuisement mental et une détresse psychologique intense.
- Des cauchemars récurants liés aux évènements du traumatisme et débouchant sur des troubles de sommeil et une altération de l’humeur.
- Une détérioration des fonctions supérieures, notamment du potentiel cognitif de la personne en souffrance. Cela se manifeste par un manque ou une absence de concentration, une incapacité de soutenir l’attention, des difficultés de mémorisation et de récupération de l’information ou encore une saturation de la mémoire.
- Des réactions physiologiques liées au stress : Tachycardie, sueurs continues, mains moites, boule à l’estomac, restriction thoracique, sensations d’étourdissement et de vertige…
- Une amnésie dissociative…etc.
Interrogée sur les moyens qu’on peut utiliser pour éviter ces désagréments, l’experte tient à préciser que « personne n’a jamais été préparé à vivre un tel traumatisme, ce qui rend difficile la symbolisation de ce dernier afin de pouvoir donner du sens tant aux manifestations externes qu’aux affects négatifs internes plus au moins refoulés ». De ce fait, poursuit-elle, au lieu de se centrer sur la nourriture, qui ne disparaitra jamais de notre pays, nous gagnerons tous à nous centrer autour de l’idée essentielle qui est de ralentir la propagation rapide du virus.
L’experte précise ainsi que pour dépasser cette épreuve et pour minimiser les risques psychologiques, il est important de faire preuve de solidarité, d’accepter les contraintes sereinement et surtout de les porter et de les symboliser avec détermination. « En adoptant cette posture, nous allons apprendre beaucoup de choses sur nous-mêmes et nous allons apprendre aussi à être dans la gestion plutôt que dans la pathologie mentale », indique-t-elle, avant de souligner qu’il est tout à fait normal de ressentir une peur et une incertitude de temps à autre, car quoi de plus naturel et de plus constructif qu’un état de stress léger bien contrôlé. Ce dernier nous rend plus vigilent et augmente nos capacités de traitement de l’information et de résolution de problèmes, à condition d’arriver à se maintenir à ce niveau positif de stress et à ne pas verser dans le stress pathologique qui nous handicape et altère notre jugement et notre bon sens.