Le torchon brûle entre la CGEM et le Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM). Quelques heures après avoir reçu une lettre de la Confédération patronale demandant aux banques de soutenir les entreprises en difficulté en finançant les fonds de roulement, le GPBM a réagi par une lettre au ton dur, signée par son président Othman Benjelloun et son vice-président délégué, Mohamed El Kettani. «Au nom du GPBM et de toutes ses banques membres, permettez-nous de vous dire que le contenu et le ton de votre lettre sont pour le moins inadmissibles et vos attaques et allégations contre le secteur bancaire marocain dénués de tout fondement», rétorque le GPBM qui semble outrée par les propos de la Confédération patronale. Selon le Groupement des banques, «le secteur bancaire, qui constitue une locomotive de l’économie nationale et un pilier pour l’accompagnement du développement économique et social du pays, est indigné par ce genre de discours qui au lieu d’unir toutes les forces vives du pays face à cette crise, tend au contraire à diviser et à semer inutilement la panique. «Et nous ne céderons pas, parce que nous sommes mobilisés et nous le resterons auprès de toutes les composantes nécessaires pour le soutien des ménages et des entreprises face au Covid-19», souligne le GPBM. Ce dernier rappelle au patronat que, dès le déclenchement de cette crise, «les banques se sont mobilisées avec dévouement et enthousiasme pour apporter au sein du Comité de veille économique et avec les partenaires publics et privés particulièrement la CGEM les initiatives à même de permettre ensemble de faire face aux conséquences de cette crise sanitaire». D’ailleurs, poursuit le GPBM, «jusqu’à même hier soir et ce matin du samedi 28 mars nous finalisons avec le département des Finances, directement à travers la CCG, les dernières modalités pour l’opérationnalisation dès lundi 30 mars de nos engagements pour le report des échéances de crédits et l’octroi de crédits de fonctionnement pour les entreprises touchées par la pandémie». Le GPBM affirme s’adresser directement à chaque entreprise et à chaque ménage touché pour leur renouveler «l’engagement et la mobilisation de toutes les banques afin de leur apporter soutien et appui avec toute l’écoute et la bienveillance nécessaires». Le GPBM demande, en outre, à la CGEM de lui communiquer officiellement la liste des clients des banques qui se seraient heurtés aux problèmes soulevés par sa lettre. Rappelons que dans sa «missive» adressée au GPBM, la présidence de la CGEM affirme qu’une écrasante majorité des entreprises a baissé drastiquement son activité ou l’a mise carrément à l’arrêt. «Elles voient leurs revenus s’effondrer ce qui, par un effet domino, finit par toucher la quasi-totalité des secteurs. Quasiment aucune entreprise n’est épargnée», alerte la CGEM. Celle-ci assure par ailleurs que l’aide aux salaires apportée par le gouvernement leur «donne du souffle, mais leur situation reste plus que préoccupante». Ces entreprises, ajoute le patronat, maintiennent pour la plupart leurs salariés pour des raisons sociales et pour être en mesure de reprendre l’activité au plus vite dès la levée de l’état d’urgence. «Elles essaient également de maintenir leurs relations avec leurs fournisseurs, locaux ou étrangers. Elles font ainsi preuve de responsabilité. Mais dans les conditions actuelles, beaucoup peinent lourdement à financer leurs besoins en fonds de roulement, constate la Confédération. «Les mesures énoncées par le GPBM sont construites, dans leurs principes, pour répondre à la situation et ainsi accompagner notre tissu d’entreprise à traverser cette crise exceptionnelle. «Toutefois, nous observons des écarts et des situations en décalage avec ces principes. L’impact de ces écarts, s’ils ne sont pas rattrapés, pourrait être fatal à de très nombreuses entreprises, pourtant aptes à retrouver leur rythme de croisière après cette crise, générant ainsi un niveau de casse sans précédent, et qui laissera une empreinte économique et sociale indélébile».