Les premiers effets de la crise sanitaire commencent à se faire ressentir sur l’économie marocaine. Et s'il est encore tôt pour chiffrer le coût de cette pandémie sur le tissu économique, les dégâts seront conséquents, estime la Confédération marocaine de TPE-PME. Pour mesurer l’impact de cette crise sur cette famille d’entreprises qui représente 95% du tissu économique marocain, la corporation a mené une enquête entre le 18 mars et le 6 avril 2020. Celle-ci a été réalisée auprès d’un échantillon de plus 1.080 entreprises de différentes tailles, identifiées de façon aléatoire et représentant les différents secteurs d’activités dans toutes les régions du Royaume. L’étude a ainsi ciblé les TPE, y compris les auto-entrepreneurs, les PME et les coopératives.
Qu’en ressort-il ?
La Confédération indique que les TPE sont les structures les plus impactées par cette crise sanitaire, soit 90%, contre 8% pour les PME et le reste les coopératives. «Avec des fonds de roulement très limités, des délais de paiement (privé et public) beaucoup plus longs, un recours au financement bancaire plus compliqué…, les TPE-PME auront du mal à résister », estime la Confédération

L’étude, menée auprès de dix secteurs d’activité, montre en outre qu’en tête de liste des activités les plus touchées par la crise sanitaire figurent les services aux entreprises avec 21,9% et le commerce avec 20,6% de l’échantillon. Ils sont suivis par l’industrie (13,5%), le BTP (12,7%) et la communication/ événementiel (12,7%). Les autres secteurs représentent chacun moins de 10%, la plus faible proportion d’entreprises affectées relevant du transport-logistique.
L’enquête a aussi mis la lumière sur la situation actuelle des entreprises objet de l’étude. Plus des deux-tiers sont en arrêt total d'activité et 17% en arrêt partiel. Les deux secteurs les plus touchés sont le commerce et les services. Le premier avec 81% des entités en arrêt total et 19%, partiel. Le second avec 89,4% en arrêt total et 10,5% en arrêt partiel.
Le tourisme n'est pas mieux loti puisque 85,5% des entreprises qui y opèrent ne tournent pas. En fait, l'écrasante majorité des structures est en arrêt total d’activité et dans tous les secteurs, relève la Confédération.
Quelles conséquences pour l'emploi ?
Selon les données collectées, le nombre moyen d’emplois pour les PME est de 12,9, contre 3,6 pour les TPE. Sachant que 90% des 5 millions de TPE-PME sont à l'arrêt, plus de 15 millions de personnes se retrouvent au chômage, conclut la Confédération.
Pour elle, l'Etat et le secteur bancaire doivent renforcer leur soutien à ces entreprises. La Confédération énumère ainsi une série de recommandations. Elle appelle, entre autres, à un plan de sauvetage pour éviter la faillite de ces sociétés et réclame des subventions directes pour compenser les dégâts causés.

La corporation suggère, par ailleurs, la création d’un fonds de soutien spécial pour les TPE (y compris les auto-entrepreneurs), PME et les coopératives et de faire bénéficier l’ensemble de cette population du programme Intelaka "sans conditions".
Enfin, elle milite pour que l’Etat reconnaisse le COVID-19 comme un cas de force majeure, et par conséquent, "annuler les pénalités de retard, débloquer les acomptes et les paiements définitifs dans l’exécution des marchés publics pour les TPE et PME".

