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Masques de protection: Le Maroc sécurise son approvisionnement auprès des professionnels du tissu non tissé

Masques de protection: Le Maroc sécurise son approvisionnement auprès des professionnels du tissu non tissé

Soyons rassurés, la pénurie des masques de protection respiratoire n’aura pas lieu au Maroc ! Dans 10 ou 15 jours au plus tard, les fabricants des tissus non tissés nationaux, reconvertis dans la fabrication de masques, atteindront une capacité de production de 4 millions unités par jour.

Une quantité qui couvrira largement les besoins d’un marché particulièrement sous pression en raison du coronavirus. Leur prix de sortie d’usine se situe à 1 dirham hors taxes, soit 1,20 dirham TTC.

Il s’agit d’une véritable prouesse quand on sait que les choses se sont réglées en un temps record. «Il a fallu à peine 10 jours pour mettre en place tout le dispositif et 24 pour élaborer une norme», indique à lematin.ma Abdelaziz Lazrak, président de l’Association marocaine des fabricants du tissu non Tissé (AMFTNT).

Au moins 14 sociétés membres de cette association, qui en compte une vingtaine, sont engagées dans cette opération. Plusieurs usines situées dans les villes de Tétouan, Tanger, Salé, Casablanca, Marrakech et Chichaoua sont déjà à pied d’œuvre.

«Nous avons quelques soucis avec la main d’œuvre qui est difficile à trouver dans cette conjoncture. Une main d’œuvre qu’il faut également qualifier pour cette nouvelle activité. A cela s’ajoute la nécessité d’ajuster les machines en continu pour les adapter au fur et à mesure à ce type de production. Mais cela ne nous empêche absolument pas de progresser et nous ne sommes pas très loin de l’objectif fixé au départ. D’ailleurs, deux sociétés sont déjà à deux millions de masques par jour», souligne le président de l’AMTNT qui dirige l’une des entreprises de plasturgie les plus en vue au Maroc, Micatex.

Il est à signaler que les masques de protection respiratoire ne sont pas des dispositifs médicaux. Ils sont définis comme des «masques filtrants destinés à protéger le porteur contre les risques d’inhalation d’agents infectieux transmissibles par voie aérienne. Ils le protègent a fortiori aussi contre le risque de transmission par gouttelettes». Ce type de masque est préconisé  pour  les  personnels  de  soins  lors  des  phases  de  transmission interhumaine  et  pandémique  et  pour  les  personnes  à  risque  majeur  d’exposition  (proximité  de  moins de 1 mètre d’une personne malade). Ils peuvent également être utilisés dans d’autres professions ou métiers pour prévenir la contamination de son entourage et de son environnement.

Des maques sans filtre Meltblown, et alors ?

Pour Abdelaziz Lazrak, les ‘’mauvaises langues’’ qui mettent en doute la qualité et la fiabilité de ces produits sont très mal informées. «Les masques de protection respiratoire made in Morocco répondent aux normes de l’Institut marocain de normalisation (IMANOR) et tout le process de fabrication a été validé par les centres techniques industriels concernés», a-t-il signalé.

L’industriel a tenu à préciser que le Maroc dispose d’un réseau de centres techniques qui est d’un niveau de compétence très élevé. «Le ministère a investi 1 milliard de DH dans ce réseau qui dispose aujourd’hui d'équipement et de moyens de laboratoire de haut niveau», a-t-il déclaré.

Donc, pointer du doigt la qualité et l’efficacité des masques, c’est remettre en question le travail de normalisation et d’expertise mené par les deux structures.

CUne fois ce point tiré au clair, le professionnel nous explique que le processus de fabrication appelé SS, c’est-à-dire le filtre en tissu non tissé à double couche, est celui qui a été adopté par les industriels pour la simple raison que le filtre appelé Meltblown, une couche intérieure qui constitue le matériau filtrant, fait l’objet d’une pénurie à l’échelle internationale, mais aussi et surtout parce que cette technique répond parfaitement aux besoins en protection actuels de notre pays.

«Avant la pandémie, le filtre en tissu Meltblown se vendait à 2,50 dollars le kilo. Il est passé à 6 dollars après sa propagation. Actuellement en pénurie, il coûte au-delà de 60 dollars le kilo ! Même les Chinois, en pleine pandémie, ont opté pour le process du double S (SS) et aujourd’hui nous avons des commandes de la part de la Chine pour ce type de filtres», a-t-relevé.

Abdelaziz Lazrak ajoute par ailleurs que les masques made in Morrocco ont même été envoyés aux Etats-Unis pour contrôler leur capacité de filtration et ont reçu la validation.

Dans le registre de l’efficacité, le président de l’AMFTNT a tenu à préciser que ces masques répondent tout à fait aux exigences actuelles, pour ne pas dire qu’ils les dépassent. «Nos masques sont très perméables. Ils laissent l’air entrer et sortir mais empêchent les gouttelettes de passer et c’est ce qu’il nous faut actuellement», a-t-il noté.

D’ailleurs, faut-il le rappeler, le masque n’est qu’un élément parmi un ensemble de mesures d’isolement. Et contrairement au masque anti-projections de type «chirurgical», ce n’est pas un dispositif médical.

Sur un ton exaspéré, Abdelaziz Lazrak nous a déclaré : «je vous donne un exemple : avons-nous tous besoin d’une voiture haut de gamme ou toutes options pour circuler ? Tous les véhicules roulent et n’importe lequel vous mènera à votre destination. Eh bien c’est la même chose ! Actuellement, nous avons un produit qui fait l’affaire pour la situation actuelle. D’ailleurs, nous avons pris le soin de signaler dans la norme qu’il ne s’agit pas d’un dispositif médical. Il ne faut pas oublier non plus que ces masques ne sont pas uniquement destinés au personnel soignant. Il y a beaucoup de métiers et des centaines de personnes qui travaillent actuellement dans cette conjoncture difficile et qui ont besoin d’une protection.»

Pour lui, certains pays ont tout simplement voulu placer la barre trop haut pour bloquer la concurrence. Bref, du marketing pur et dur !

«Même pour les masques chirurgicaux, nous n’avons aucune étude scientifique qui établit que nous avons besoin de ce type de protection. Les pays d’Europe et les Etats-Unis ont mis en place cette norme pour écouler leurs produits, la Chine a suivi et nous également. Actuellement, nous avons fait des efforts considérables et nous avons commencé à produire nous-même ces masques, les mêmes qui ont été adoptés en Chine en pleine période de crise sanitaire», s’est-il réjouit, avant de conclure : «le gouvernement a accompli un très bon travail et nous sommes fiers en tant qu’industriels de pouvoir servir ainsi notre pays en ces circonstances difficiles.»

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