Connexion
Le nombre de personnes atteintes du Covid 19 grimpe jour après jour au Maroc. Le nombre de morts aussi.
Toutefois, les Marocains gardent un grand espoir que la pandémie passe sans laisser trop de dégâts humains comme en Europe, notamment en Italie, en Espagne et en France où les décès se comptent quotidiennement par centaines.
Une chose est sure. Même si les Marocains n’ont pas confiance dans les moyens et l’infrastructure sanitaires du Royaume, dont tout le monde connaît parfaitement les limites et les défaillances, ils ont fini par avoir confiance en une autre chose : la politique d’anticipation très précoce prônée par le Maroc depuis les tout débuts de la pandémie. Rapidement, les frontières du pays ont été fermées, les écoles closes, les grandes manifestations annulées, l’état d’urgence sanitaire déclaré et le confinement lancé. Le Maroc s’est totalement barricadé afin de stopper la propagation du virus.
Saluée par la totalité des citoyens, cette stratégie anticipative a littéralement «impressionnés» nos Marocains résidants à l’étranger (MRE), surtout en Europe, qui la comparent aux mesures de prévention quelque peu tardives prises dans leurs pays de résidence respectifs. «Moi et tous mes connaissances marocaines en Allemagne sont impressionnés par la réactivité du Maroc dans sa lutte contre la propagation de la pandémie», indique Khalid, ingénieur résident à Francfort en Allemagne depuis une trentaine d’années.
Malgré leur tempérament très critique envers le Maroc en temps normal, dû à leur grand amour pour leur pays, Khalid, sapeur-pompier à Nancy en France et Hicham, enseignant de langue anglaise à Liège en Belgique, reconnaissent que les mesures préventives prises par le Maroc dans sa lutte contre le Covid 19 sont exceptionnelles. «Contrairement à plusieurs pays européens où responsables et citoyens ont mal jugé la gravité de la situation, le Maroc a pris les devants de la chose pour mieux combattre la pandémie et minimiser ses dégâts», souligne Hicham. «Je le fais rarement, mais cette fois, je salue sincèrement les responsables marocains qui ont privilégié la santé des citoyens plutôt que l’économie du pays», indique, de son côté, Khalid.
Même son de cloche chez Fouad, taxieur à Paris, qui reconnait également la sagesse et la célérité du Maroc dans sa prise de position ferme et rapide en ce qui concerne sa stratégie de lutte contre le coronavirus ; et aussi chez Hassan, ouvrier à Pérouse (Italie), qui reste persuadé que son pays de résidence aurait surement pu éviter les milliers de morts si ses responsables avaient réagi rapidement, à l’instar des marocains.
Le travail des autorités fortement salué
Parmi les points qui ont également fortement impressionné nos MRE, figure le grand rôle des agents de l’autorité dans la sensibilisation des citoyens. Très relayées sur les réseaux sociaux, et partagées à très grande échelle, les vidéos des interventions des caïds et autres policiers, parfois virulentes et plusieurs autres fois en douceur, sont fortement saluées. «Nous avons découvert la facette positive des agents d’autorité, complétement oubliés depuis quelque temps, et qui tranche avec leur image vieillotte, très autoritaire et avec un esprit obtu, d’antan», indique Khalid de Francfort. «Ils sont cultivés, fermes quand il le faut et humains la plupart du temps. L’application de la loi et des mesures de précaution est vitale en cette période de crise et je crois que le travail colossal effectué par les caïds marocains est déterminant dans la lutte du Maroc contre le coronavirus», insiste Fouad.
Pour Hicham, les quelques écarts de conduite de certains agents de l’autorité sont compréhensibles, vu la situation de crise et le comportement irresponsable de certains individus qui refusent de respecter la loi et les instructions sanitaires, mettant ainsi en danger leur vie et celle des autres. «Je crois que c’est justement ce manque de fermeté chez les autorités italiennes vis-à-vis des citoyens qui a conduit, entre autres, l’Italie à la situation désastreuse où elle se trouve actuellement», souligne Hassan, qui estime qu’il vaut mieux accepter quelques écarts de traitement de quelques récalcitrants plutôt qu’un nombre incalculable de morts.
La capacité hospitalière effraye
Le ravissement des MRE par la gestion du Maroc de l’état d’urgence sanitaire et par le rôle des autorités locales dans le respect des consignes sanitaires en vue de lutter contre la propagation du Covid 19 est quelque peu nuancé par une profonde inquiétude par rapport aux capacités hospitalières marocaines. Pour tous ces MRE interrogés dans le cadre de cet article, qui connaissent parfaitement le Maroc pour y avoir vécu toute leur jeunesse et suivi la quasi-totalité de leurs études, le système sanitaire marocain est «désastreux». Les vidéos qui circulent souvent sur les réseaux sociaux, et surtout celles qui se sont partagées en force dernièrement, montrant des malades atteints du Covid 19 lancer des appels de détresse, en disent long sur les limites latentes des hôpitaux publics au Maroc et du traitement réservé aux patients, en général.
«Le Maroc a pour longtemps négligé son système sanitaire. Cette crise a mis à nu cette gabegie que les Marocains risquent de payer cher», avance Khalid de Nancy. Et de poursuivre : «J’espère que l’anticipation du Maroc de la pandémie lui sera salutaire et qu’il saura, par la suite, tirer les leçons de cette crise en développant ses capacités sanitaire, et ce en allouant au secteur de la santé le budget important qui lui convient, à l’instar de ce qui se passe dans les pays européens».
Khalid de Francfort, lui, est très optimiste quant à l’avenir du Maroc. «Oh que le Maroc sera encore plus beau Inchallah si cette sécurité retrouvée, cet élan de solidarité, cette organisation et surtout cette prise de conscience générale de nos forces et de nos lacunes se poursuivent après la crise», espère-il, tout en confirmant que plusieurs Marocains résidents en Allemagne, impressionnés par ce qui se passe actuellement au Maroc malgré la pandémie, se sentent fiers de leurs origines et sont, plus que jamais, déterminés à passer leurs vacances dans leur terre natale, au lieu d’aller dépenser beaucoup de leur argent en Turquie, Espagne, Thaïlande ou autres.
Décidément, à quelque chose malheur est bon.
