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Anas Doukkali : «Si les membres du PPS me désignent pour conduire le changement, je ne dirai pas non»

Gestion gouvernementale de la pandémie, réforme du secteur de la santé, projet de loi de Finances 2022, renouvellement de la gauche… L’Info en Face aborde ces questions et bien d’autres avec Anas Doukkali, ancien ministre de la Santé, militant du Parti du progrès et du socialisme (PPS) et professeur universitaire.

Anas Doukkali : «Si les membres du PPS me désignent pour conduire  le changement, je ne dirai pas non»
Anas Doukkali, ancien ministre de la Santé, militant du PPS et professeur universitaire. Ph.Sradni

Interpellé sur la gestion gouvernementale de la pandémie, Anas Doukkali a salué le travail mené depuis le début de la crise pour lutter contre l’aggravation de la situation sanitaire, atténuer ses effets aux niveaux social et économique et déployer la campagne de vaccination. Toutefois, l’ancien ministre de la Santé a pointé du doigt quelques «couacs», notamment le manque de communication. «Un gouvernement politique est responsable et se doit de communiquer davantage», note-t-il, précisant que sur la question du pass vaccinal, les autorités concernées auraient dû renforcer la communication et opter pour un déploiement progressif de ce document.

Pour l’invité de L’Info en Face, il y a aujourd’hui un malaise, qui n’est pas lié uniquement à la question du pass vaccinal. «Il y a une situation psychologique, une sorte d’état d’esprit général lié à la cherté de la vie et à l’inflation économique… Tous ces aspects jouent sur le moral des citoyens qu’il faut rassurer», a-t-il indiqué. Et de noter qu’il est encore tôt pour juger le gouvernement.

S’agissant de la réforme du secteur de la santé, Anas Doukkali a expliqué que ce grand chantier, lancé en 2018 et 2019, avait été retardé par la pandémie. «On avait fait le nécessaire pour créer une véritable rupture, la Covid-19 avait retardé le processus de sa mise en œuvre, mais la décision de S.M. le Roi de généraliser la protection sociale, et plus particulièrement la généralisation de la couverture médicale, a de nouveau accéléré le processus», a-t-il déclaré.

Selon l’ancien ministre de la Santé, ce chantier va être difficile à réaliser si l’on ne change pas l’approche adoptée. «Le problème avec l’ancien gouvernement est que les réunions de concertation avec les catégories cibles prenaient la forme de négociations. Aujourd’hui, il faut foncer et instaurer ce système solidaire et obligatoire pour permettre à tous les Marocains de bénéficier d’une assurance maladie», a-t-il souligné.

Sur sa lecture du projet de loi de Finances 2022, l’invité de L’Info en Face estime que le gouvernement «se trompe de démarche pour financer cette réforme». «Je pense qu’il faut aujourd’hui une vision plus globale. Il y a une loi-cadre sur la réforme fiscale, même si sa mise en œuvre va prendre cinq ans, mais rien ne nous empêche d’accélérer la cadence, vu la conjoncture actuelle. Il faut élargir l’assiette fiscale, intégrer de larges pans du secteur informel et même l’économie informelle dans l’économie formelle. Je pense que pour généraliser la protection sociale, il faut instaurer des recettes pérennes», a-t-il affirmé. Car il ne peut y avoir d’État social sans État fiscal juste.

Le militant du PPS a assuré, dans ce sens, que le gouvernement actuel a tous les ingrédients pour réussir. «Aujourd’hui, la situation générale est en train de s’améliorer, que ce soit sur les plans politique ou économique. Toutefois, il faut que le gouvernement soit à l’écoute des composantes de la majorité et de l’opposition afin de se rattraper sur le PLF 2022 et d’y imprégner une forte volonté de relance». 

Le renouvellement au sein des partis de gauche, un impératif

Le diagnostic établi par Anas Doukkali est clair : les composantes de la gauche ne communiquent pas entre elles. «Aujourd’hui, on n’est pas en mesure de créer une fédération au niveau du Parlement pour une opposition de gauche. Le renouvellement au sein de nos partis est impératif, maintenant il faut voir si les machines ont pu régénérer des élites», a-t-il indiqué. Selon l’invité de L’Info en Face, quand on bloque les machines, quand il n’y a pas de changement, ce n’est pas la peine de produire des élites. «Il y a des gens qui ont passé plus de 20 ans au sein de leurs partis et se sont retrouvés à l’extérieur, juste parce qu’ils ont exprimé des positions vis-à-vis de certaines décisions et exigé une évaluation des politiques menées au cours de ces dernières années», a-t-il assuré.

Concernant sa volonté de diriger le renouvellement du PPS, Anas Doukkali a indiqué que «si les membres du parti me désignent pour conduire ce changement, je ne dirai pas non, mais à condition de savoir avec qui on va le faire, pour quel objectif, quel projet de société et quel PPS de demain».

Le militant du PPS a souligné, par ailleurs, que la gauche marocaine a joué un rôle important dans l’histoire de notre pays et qu’elle a la possibilité de réécrire cette histoire, car l’avenir s’annonce incertain à cause des politiques néolibérales mises en œuvre depuis les années 1980. Selon lui, «l’impact social et économique de la crise sanitaire aurait pu être évitable, s’il n’y avait pas ces politiques libérales inhumaines». 

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