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Baisse de la primo-vaccination : Les raisons selon les experts

Le rythme croissant de la primo-vaccination constaté juste après l’adoption de l'obligation du pass vaccinal ne s'est pas maintenu. Un ralentissement a été enregistré ces derniers jours, ce qui risque de retarder l’atteinte de l’immunité collective prévue en décembre. Comment expliquer cette situation ? D'après les experts contactés par «Le Matin», la souplesse et relâchement dans l’application des mesures de contrôle du pass vaccinal dans plusieurs endroits figure en tête des causes de ce ralentissement.

Baisse de la primo-vaccination : Les raisons selon les experts

Après l'engouement des premiers jours qui ont suivi la décision du gouvernement de rendre le pass vaccinal obligatoire pour accéder à plusieurs espaces publics, un ralentissement est constaté aujourd'hui au niveau de la primo-vaccination anti-Covid-19. Contacté par «Le Matin», Dr Moulay Saïd Afif, membre du Comité scientifique et technique de la vaccination, confirme que le nombre des primo-vaccinés est passé de 865.000 vaccinés entre le 21 et le 31 octobre, à seulement 84.000 entre le 1er et le 5 novembre. Du point de vue de l’expert, ce ralentissement est très significatif et risque de retarder l’atteinte de l’immunité collective. Dr Khadija Lahrarti, médecin responsable du site de vaccination de Sidi Belyouth, souligne que cette baisse reste «étonnante» du fait que «d’une part, le vaccin est disponible gratuitement dans les centres de vaccination et, d’autre part, que plusieurs mesures ont été mises en place pour encourager les citoyens à se faire vacciner».

Mais comment expliquer ce phénomène ? Docteur Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé, avance que le recul constaté dans le rythme de la vaccination après l’affluence enregistrée suite à l’instauration du pass vaccinal constitue un comportement purement humain. C’est le cas aussi, ajoute-t-il, pour l’évolution d’une pandémie : «Au départ, on a une phase de vigilance et de méfiance avec un respect des mesures sanitaires et c’est ce qui permet de contenir la pandémie, puis on a des gens qui sont rassurés, avec un relâchement qui s’instaure, ce qui reconduit à la crise. Cela explique en partie les vagues par lesquelles passe une pandémie et c’est la même chose pour la vaccination», note-t-il. Et d’ajouter que quand la décision du pass vaccinal a été adoptée, il était normal qu’il y ait une affluence importante au départ, puis un relâchement par la suite. La deuxième raison, selon Dr Hamdi, réside dans la mauvaise perception par certains citoyens de la souplesse liée à l’application sur le terrain de l’obligation du pass vaccinal. En effet, explique-t-il, la mise en exécution de la décision du pass vaccinal sur le terrain avec toutes les décisions qui l’ont accompagnée, notamment la généralisation de la troisième dose, a nécessité une certaine souplesse en vue de faciliter la vie à la population, en attendant que tout le monde s’y mette. «D’ailleurs, c’est dans le cadre de cette souplesse que certaines mesures ont été initiées, notamment la délivrance d’un pass vaccinal provisoire après la première dose», note-t-il. Et de préciser que, malheureusement, quand il y a une souplesse dans l’exécution d’une décision ou d’une loi, le relâchement s’installe vite, car le message est perçu de façon erronée et les personnes croient que c’est une situation durable et donc ils se relâchent. Sur ce volet, Dr Hamdi insiste en précisant que la souplesse devrait avoir lieu dans l’instauration de la loi et non pas dans son application.

La troisième raison, et non des moindres : après l’instauration du pass vaccinal, les anti-vaccins se sont activés pour semer le doute et brouiller l’esprit de la population avec de fausses idées et de faux messages. Pour Dr Hamdi, cela a eu une certaine influence sur une catégorie de la population non encore vaccinée.

Tout est question de communication !

«Le pass vaccinal n’a pas été instauré pour limiter les libertés individuelles, mais pour protéger les Marocains, notamment contre une éventuelle nouvelle vague», crie haut et fort Dr Afif. Ce dernier insiste sur l’importance d’instaurer un climat de confiance chez les citoyens tout en leur rappelant que la vaccination permet de diminuer le risque des formes graves de la maladie et des décès. Dans le même ordre d'idées, Dr Hamdi partage quelques astuces. Il s’agit, entre autres, de :

• Mettre en place une communication constante avec la population tout en adoptant le «pass vaccinal» dans les activités non essentielles et le généraliser, progressivement, pour toutes les autres activités.

• Adopter graduellement les mesures d'atténuation pour les personnes vaccinées et au profit des entreprises et des activités sociales et économiques tout en associant cela au pass vaccinal et en donnant du sens et de la force à ce document.

• Désactiver, pour l'instant, le lien existant entre le pass vaccinal et la troisième dose, tout en prenant en compte l'évolution de la situation épidémique, dans les semaines et les mois à venir, au niveau national et international.

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