Cet accrochage permet, ainsi, au large public casablancais de découvrir la prolifique palette de Mohamed Essoulimani, ainsi que son univers plein d’émotions concrétisées par des couleurs et des formes qui distinguent ses œuvres. Ce juriste de formation a toujours voué une grande affection pour l’art, notamment la peinture, à travers laquelle il ne cesse d’exprimer son potentiel, menant une aventure personnelle d’artiste-peintre. Il travaille par variations et répétitions d’un thème ou motif et ne cesse d’expérimenter les effets de la simplification d’un seul sujet. Son travail se concentre sur la réalisation de natures mortes et de portraits de femmes. Sa recherche sur le corps a commencé, ces dernières années, à devenir de plus en plus intense, mettant en exergue ses différentes sensations envers ce corps. «Depuis quelque temps, je travaillais sur le corps que je voulais maîtriser, que ce soit le portrait ou le reste du corps, d’où ce sujet sur la femme. C’est une période que je traverse pour le moment et qui peut changer prochainement pour d’autres sujets. D’ailleurs, avant cette thématique sur la femme, je faisais des natures mortes, des portraits…», souligne Mohamed Essoulimani.
C’est le cas de ses œuvres récentes où l’utilisation du corps comme moyen d’expression participe à la redécouverte de soi, de l’art et de cet autre inconnu pour l’homme. Des femmes musiciennes jouant avec différents instruments de musique, notamment le luth, le violoncelle, le violon, le piano…Ses portraits de femmes, à travers des couleurs vives et généreuses posées sur la toile, nous entraînent dans une intense joie visuelle : largesse du geste et force d’expression. « Son intérêt pour la femme se manifeste dans la multiplication des toiles qui la représentent. Un univers pictural qui interpelle le spectateur sur les thèmes de la femme et de la musique. Une série de portrait est consacrée à la femme. Une femme qui échappe aux stéréotypes et diktats auxquelles sont confrontés les femmes modernes, au regard de la publicité, mode ou cinéma. Le spectateur découvre une femme anticonformiste à travers le regard du peintre. La répétition de signes iconiques crée un rythme dans les tableaux. Le parcours du regard est guidé par des balises visuelles. Cette répétition souligne, de surcroit, la parfaite entente entre la femme et les instruments de musique», indique Fatiha Kamli, docteur en langue et littérature françaises et chercheure en sémiotique de l’image.
Et d’ajouter que les portraits de ces femmes sont, le plus souvent, représentées dans un intérieur. « Le dessin est précis, les silhouettes ont un contour net. Il met en scène des personnages isolés dans des décors minimalistes. Les toiles sont dominées par une épuration des formes, une utilisation des contrastes de couleurs pures. Aussi, Il privilégie la représentation du sujet. La posture est en buste ou en pied. Le résultat de ces choix techniques donne lieu à des effets inattendus qui déclenchent l’émotion et la réflexion. Une lumière de face surexpose les personnages et les objets prennent du volume», précise Fatiha Kamli. D’où le travail de recherche très profonde de l’artiste dans son approche picturale. Dans les œuvres de Mohamed Essoulimani, l’esthétique matérielle de la couleur, fluide, ou raclée en est le moteur. On y découvre les motifs les plus divers comme des gouverneurs symboliques. Des effets prismatiques émanent de la couleur rayonnante la plupart du temps, parfois romantique. Les contrastes des motifs confrontés de manière grotesque s’assemblent dans le scintillement et l’éclat du tourbillon. A noter que ces récents travaux de Mohamed Essoulimani sont accrochés aux côtés de ceux de sept autres artistes contemporains de divers horizons, notamment Hassan Dahane, Khadija Bennani, Christophe Cochain, Meriem Ammor, Loubna Fazazi Idrissi, Majda Chraibi et Bazardage.