Après les vaccins, la course s’intensifie pour tenter de mettre au point des médicaments efficaces contre la Covid-19. L’Agence européenne des médicaments (EMA) vient, en effet, d’approuver la mise sur le marché dans l’Union européenne de deux médicaments : celui du laboratoire pharmaceutique suisse Roche, le Ronapreve, et celui de la société sud-coréenne Celltrion, le regdanvimab. Pour en savoir plus sur ces médicaments, leur efficacité et la probabilité de les introduires au Maroc, nous avons contacté Kamal Marhoum El Filali, professeur en médecine et Chef de services des maladies infectieuses au CHU Ibn Rochd, qui explique que le Ronapreve est un traitement qui existe depuis de nombreux mois. « C’est d’ailleurs ce médicament qui a été utilisé aux Etats-Unis pour le traitement de l’ancien président des Etats-Unis lorsqu’il avait la Covid-19 », souligne-t-il. Et d’ajouter que ce médicament est constitué à base d’anticorps monoclonaux qui peuvent bloquer la multiplication du virus. En effet, avance-t-il, après plusieurs travaux expérimentés, les chercheurs ont retenu ces anticorps, qu’ils ont d’ailleurs produit de façon artificielle, pour les mettre dans la préparation du médicament Ronapreve. A ce titre, l’expert tient à souligner que « Regeneron » est le premier laboratoire à avoir travaillé sur ce traitement.
Une précision de taille : Selo Pr El Filali, ce médicament est intéressant et peut être utile, mais il n’est efficace que si l’on injecte au patient au tout début de la maladie, c’est-à-dire avant d’arriver à une phase extrêmement grave. « le Ronapreve permet de bloquer l’évolution du virus et doit donc être injecté au patient au début de la maladie c’est-à-dire avant même l’apparition de phénomènes inflammatoires ou encore une mise en réanimation », explique l’expert. Et d’ajouter que le prix de ce médicament sera probablement élevé, comme c’est le cas pour les anticorps « monoclonaux ».
A propos du regdanvimab, le deuxième médicament dont la mise sur le marché a été approuvé par l’UMA, Kamal Marhoum El Filali, note que ce produit suit la même logique que celle du Ronapreve, c’est-à-dire qu’il est à base d’anticorps monoclonaux et doit être injecté au patient au début de la maladie. « Ce type de médicaments est intéressant surtout que l’on observe des mutations du virus », insiste-t-il.
Qu’en est-il au Maroc ?
« Les deux médicaments n’existent pas au Maroc et, à ma connaissance, il n’y pas de tentatives pour les avoir », souligne Pr El Filali. En revanche, l’expert estime qu’il serait intéressant pour le Maroc d’essayer d’obtenir d’autres produits, particulièrement, celui de Merck. Baptisé molnupiravir, ce médicament est un antiviral qui agit directement sur le virus. « Il pourrait être intéressant chez nous de l’avoir d’autant plus qu’il peut être donné par voie orale, ce qui rend son utilisation facile et pratique », explique-t-il. Et d’ajouter que la particularité de ce médicament réside aussi dans le fait qu’il peut être donné, non seulement aux personnes malades, mais aussi pour celles qui sont en contact avec un cas suspect.
Soulignons, par ailleurs, que plusieurs laboratoires sont en train de mener des études sur des traitements efficaces. Le vaccin devra-t-il céder la place aux traitements anti-covid ? l'avenir nous le dira!