Le laboratoire américain Merck a annoncé, lundi dernier, avoir déposé une demande d'autorisation en urgence auprès de l'Agence américaine du médicament (FDA), pour son médicament baptisé molnupiravir. Celui-ci est destiné au traitement des patients qui risquent de développer des formes sévères de la Covid-19. Selon Azzedine Ibrahimi, directeur du Laboratoire de Biotechnologie de la Faculté de médecine et de pharmacie de Rabat, cela constitue une avancée spectaculaire en matière de lutte contre la pandémie. "Le Maroc pourrait bénéficier de cette avancée et acquérir ce médicament", explique Dr. Ibrahimi.
Dans le détail, l'expert nous apprend que les premiers résultats des essais cliniques sont intéressants puisqu’ils ont démontré que le médicament divise par la moitié le risque d’hospitalisation et de mortalité. Lors de ces essais, aucun décès n’a été enregistré chez les personnes ayant pris ce médicament, alors que 8 décès ont eu lieu dans le groupe Placebo, c’est-à-dire le groupe des personnes n’ayant pas reçu ce traitement. « Compte tenu de ces résultats, j’espère que les décideurs marocains vont étudier voir la possibilité de se procurer ce médicament afin de permettre aux citoyens d’en bénéficier, et ce dans une démarche anticipative, sachant que d’autres pays l’ont déjà commandé », note Dr Azeddine Ibrahimi.
Médicament Vs vaccin ?
En matière de gestion de la pandémie, rappelle Pr Ibrahimi, il existe trois grandes approches : D’abord, l’approche non médicale qui consiste à instaurer des restrictions sanitaires comme le confinement, ensuite, l’approche préventive qui renvoie à la vaccination et enfin l’approche thérapeutique avec les protocoles sanitaires de traitement de la maladie. Dans les trois approche, souligne notre expert, le Maroc a toujours adopté une démarche anticipative, et c’est ce qui nous a permis aujourd’hui d’avoir des résultats au vert. Pour lui, l’acquisition du médicament molnupiravir viendra renforcer l’approche thérapeutique puisque, note-t-il, jusqu’à date d’aujourd’hui, nous ne disposons pas de médicaments spécifiques à prescrire pour traiter les patients de Covid-19. « Les protocoles sanitaires dont on dispose ont, certes, montré leur efficacité mais il est temps d’avoir plus d’outils pour combattre la Covid et sortir de cette crise tout en gagnant en compétitivité à l’échelle internationale ».
Toutefois, Dr Ibrahimi tient à préciser que l’approche thérapeutique ne va pas remplacer l’approche vaccinale. En effet, « la vaccination anti Covid permet de prévenir le développement de la pathologie, ce qui est primordial. Or, le médicament servira d’outil à la main pour lutter contre la maladie en cas d’infection », explique-t-il, avant d’ajouter que tous les vaccins ont démontré qu’on peut réduire à 95% la risque d’avoir un Covid grave. L’expert met l’accent aussi sur l’importance de continuer à adopter les gestes barrières, notamment le port du masque, l’hygiène et la distanciation physique, afin de se protéger et de protéger son environnement.
Par ailleurs, Pr Azeddine Ibrahimi tient à noter que la course contre la montre pour un traitement anti Covid-19 se poursuit encore et que plusieurs laboratoires sont en train de mener des études sur des traitements efficaces. Cela-dit, conclut-il, il est important de rester ouvert sur ce type de recherches et de continuer à adopter une démarche anticipative afin de faire face à cette pandémie.