La situation épidémiologique liée à la Covid-19 ne cesse de s’améliorer sur l'ensemble du territoire. Le Royaume passe en effet à un niveau faible de la transmission du virus et le taux de positivité s’établit à 2,88%. Pour autant, la partie est loin d'être gagnée. Avec l’avènement de l’Aïd et le relâchement observé dans le respect des gestes barrières, notamment dans les transports en commun, un rebond du nombre de contaminations est à craindre.
Pour le Professeur Jaafar Haïkel, du point de vue de la dynamique épidémiologique, le Maroc est sur la bonne voie. «Aujourd’hui, le Royaume semble maîtriser la situation épidémiologique, grâce au succès de notre stratégie nationale de vaccination», se félicite l’épidémiologiste et spécialiste des maladies infectieuses. Mais il faut rappeler que cette évolution favorable de la situation sanitaire s’explique aussi, confirme l’expert, par les mesures restrictives et surtout le respect des mesures barrières. Et c’est par rapport à ce dernier aspect que notre interlocuteur aimerait lancer un appel.
«Les mesures barrières restent extrêmement importantes tant que l’immunité collective n’est pas encore atteinte et tant que 80% de la population marocaine n’ont pas encore été complètement vaccinés, c'est-à-dire tant qu'ils n'ont pas encore pris au moins les deux doses du vaccin anti-Covid», dit-il. C'est dire que la bataille contre le coronavirus n’est pas encore gagnée : «Les variants sont là et ils circulent plus rapidement et peuvent constituer un risque pour les personnes vulnérables. La distanciation physique, le port du masque, les mesures d’hygiène doivent être strictement maintenus et surtout dans les périodes de fête», insiste-t-il.
D’ailleurs, pour exprimer son inquiétude, l'infectiologue indique que «les conditions favorables à une recrudescence du nombre de cas positifs peuvent être réunies lors d’une fête. Pour se déplacer, une part de la population prend les transports en commun et se trouve entassée dans un espace limité qui ne respecte pas la distanciation physique». C'est la raison pour laquelle, il faut être vigilant, prévient-il, insistant sur le fait que le port de masque d’une façon correcte doit être systématique pour se protéger soi-même et protéger son entourage.
Pour conclure, le Pr Haïkel invite tous les citoyens à faire preuve du sens de responsabilité. «Il est important d’adhérer à la stratégie vaccinale, de respecter les mesures de prévention, notamment pendant cette période de fête». Abondant dans le même sens, docteur Tayeb Hamdi met en garde contre tout relâchement dans le respect des gestes barrières dans les transports publics. «Les moyens publics de transport sont des lieux à haut risque de propagation de la Covid-19 et par conséquent de contamination par le virus». En témoignent les résultats de l’étude Comcor de l’Institut Pasteur en France qui avait démontré que les rassemblements de masse au niveau des espaces clos sont le principal vecteur de propagation de la Covid-19. «L’analyse de plus de 10.000 contacts uniques extra-domiciliaires à l’origine d’une infection montre que ce contact a eu lieu à l’intérieur, fenêtres fermées, dans 80% des cas, à l’intérieur, fenêtres ouvertes, dans 15% des cas, et à l’extérieur dans 5% des cas», confirme l’étude.
«C’est pour dire que les endroits fermés et mal aérés, notamment les transports en commun, présentent un risque majeur de transmission du virus. Et en cas de non-respect des mesures barrières (distanciation et port du masque), le risque est accru», alerte le médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé. Et de préciser que la règle d’or est : «moins on passe de temps dans un espace clos, notamment un moyen de transport public, plus on a de chance de ne pas contracter le virus, et l’inverse est vrai». Les scientifiques sont en définitive unanimes à souligner que le virus est toujours là et que la prudence doit rester de mise pour éviter de perdre les acquis engrangés jusque-là dans la lutte contre la pandémie. Et pour ne pas transformer la célébration de Aïd Al Mawlid Annabawi, un moment de communion par excellence, en occasion manquée de juguler la progression de la pandémie.