Menu
Search
Vendredi 26 Avril 2024
S'abonner
close
Vendredi 26 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Société

Dr Mohamed Saadaoui : «Seuls 2 à 3% des individus ayant subi un arrêt cardiaque survivent en l’absence d’une intervention primaire»

Le stress et l’anxiété, deux éléments qui caractérisent ce contexte sanitaire lié à la pandémie, représentent des risques réels de l’arrêt cardiaque soudain. Selon Dr Mohamed Saadaoui, cardiologue interventionnel, 130 décès sont provoqués quotidiennement par l’arrêt cardiaque au Maroc, d’où la nécessité de sensibiliser sur l’importance de l’intervention primaire, en plus de la prise en charge médicale. Pour ce faire, «le système de santé doit mettre en place un réseau d’urgence cardiaque avec des moyens humains et matériels dédiés», affirme Dr Saadaoui.

Dr Mohamed Saadaoui : «Seuls 2 à 3% des individus ayant subi un arrêt cardiaque survivent en l’absence d’une intervention primaire»
Ph : Saouri

Le Matin : Chaque année, plusieurs personnes meurent dans le monde, y compris au Maroc, d’un arrêt cardiaque soudain. Pourriez-vous nous expliquer ce phénomène ?

Dr Mohamed Saadaoui : L’arrêt cardiaque constitue une perte de conscience avec disparition du pouls, dont la cause provient de l’interruption de l’activité électrique normale du cœur et de son incapacité à propulser le sang pour alimenter le cerveau et le reste du corps. Il s’agit généralement d’une obstruction d’une artère qui alimente le cœur en sang et donc en oxygène. Non traité, l’arrêt cardiaque peut entraîner la mort en quelques minutes seulement et requiert des mesures d’urgence pour l’éviter. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les maladies cardiaques sont la principale cause de décès au niveau mondial, et ce, depuis les 20 dernières années. D’après la même source, le nombre de décès causés par les maladies cardiovasculaires atteint les 40% au Maroc contre les 30% dans le monde. Seuls 2 à 3% des individus ayant subi un arrêt cardiaque survivent en l’absence d’une intervention primaire, notamment le massage cardiaque et l’utilisation défibrillateur. En moyenne, l’arrêt cardiaque provoque près de 130 décès par jour, ce qui est alarmant.

Plusieurs rumeurs circulent sur les réseaux sociaux prétendant que le vaccin anti-Covid-19 peut causer un arrêt cardiaque. Que pouvez-vous nous dire à propos de ce sujet ?

Selon les experts du Comité consultatif mondial de l’OMS pour la sécurité des vaccins, des cas de myocardite (inflammation du muscle cardiaque) et de péricardite (inflammation de la membrane enveloppant le cœur) ont été rapportés des suites du vaccin Covid (aux États-Unis et ailleurs dans le monde). D’après les études effectuées sur le sujet, malgré le lien de causalité probable, les avantages du vaccin l’emportent sur les risques pouvant apparaitre, car non seulement la vaccination est légère mais elle répond aux traitements. Il en reste qu’aucune confirmation sur la relation de causalité n’a été faite.

Concrètement, quelles sont les principales causes d’un arrêt cardiaque soudain et quels peuvent être les facteurs de risque ?

L’arrêt cardiaque survient lorsque le cœur se met à battre anormalement vite produisant ainsi des blocages en alimentation en sang du cerveau et du corps. Un traitement d’urgence est nécessaire pour éviter la mort. Le traitement comprend généralement des mesures de réanimation cardiorespiratoire (RCR) et une défibrillation dont l’objectif est de rétablir le rythme normal du cœur. Les facteurs de risques varient d’un individu à l’autre et dépendent des antécédents de chacun. Ainsi, les individus aux antécédents familiaux d’arrêt cardiaque, de maladie coronarienne, d’arythmies cardiaques, d’anomalies des vaisseaux sanguins, d’insuffisance cardiaque et de cardiomyopathie sont fortement à risque. Aussi, les patients ayant subi et survécu à un infarctus du myocarde dans le passé sont des individus à haut risque. Il convient de noter que l’obésité le diabète, le tabagisme, l’hypercholestérolémie, l’hypertension l’abus de drogues et l’usage de certains médicaments, la sédentarité ainsi que le stress peuvent impacter le rythme cardiaque et peuvent donc constituer des facteurs de risque. Autre facteur, et non des moindres : Depuis l’apparition de la pandémie liée à la Covid-19, le risque est devenu plus élevé. D’une part, les patients consultent moins, et d’autres part, nous vivons dans un contexte caractérisé par de grands changements.

Le mode de vie actuel caractérisé notamment par un grand stress est-il un facteur qui favorise l’arrêt cardiaque soudain ?

Selon les statistiques de l’enquête nationale de la santé, 55% des cas d’hypertension artérielle au Maroc sont de grade I et ne nécessitent pour guérir qu’une amélioration de la nutrition et plus particulièrement un régime peu salé et pauvre en graisses. Une alimentation non saine et des mauvaises habitudes de nutrition favorisent le développement de maladies cardiovasculaires ; d’où la nécessité d’un régime alimentaire adapté. Des facteurs supplémentaires comme le tabagisme, la sédentarité et l’obésité peuvent augmenter les risques de crise cardiaque. De même, le stress et l’anxiété peuvent également augmenter ces risques. En effet, selon une étude de l’équipe de l’université de Harvard et du General Hospital du Massachusetts, la stimulation de l’amygdale (centre cérébral de la peur) par le stress augmenterait les risques de crise cardiaque. L’hyperactivité de cette zone pourrait enclencher des crises cardiaques à travers la stimulation de la moelle osseuse, et l’inflammation artérielle.

Quels sont les signes avant-coureurs qui doivent alerter et comment agir ?

Les symptômes varient d’un individu à l’autre. Pour certains, il s’agit d’un emballement du cœur et/ou d’étourdissements. Pour d’autres, il peut s’agir de palpitations cardiaques et de douleurs à la poitrine. Parfois, aucun symptôme précurseur n’apparait. Quoiqu’il en soit, des mesures de réanimation d’urgence doivent être mises en place, et le patient doit être transporté en urgence dans le centre adapté le plus proche. Le service Urgences Cardio 2020 propose la prise en charge du patient par un cardiologue qui établit un diagnostic primaire au téléphone, à travers la description donnée par l’appelant, des symptômes et de l’état du malade. Dans le cas de douleurs thoraciques, le cardiologue conseil au patient/ à sa famille, de se diriger vers les urgences les plus proches. Le réseau de cliniques et de médecins attachés au service privé Urgences Cardio 2020 propose des structures agréées dont les ressources humaines et matérielles sont à même de gérer ce type d’urgences cardiaques.

Par quels moyens peut-on apporter de l’aide à une personne sur laquelle apparaissent ces signes en attendant une intervention médicale ?

Pour venir en aide à une personne en attendant l’intervention médicale, il convient de placer la victime dans une zone sécurisée dans un premier temps. Il faut ensuite immédiatement contacter le SAMU (numéro 15) ou les Urgences Cardio 2020 (numéro 2020). Les informations de localisation doivent être partagées avec le récepteur de l’appel. Dans le cas où les Urgences Cardio 2020 seraient contactées, l’appelant sera dirigé vers un cardiologue qui lui demandera de décrire l’état du patient et les symptômes auxquels il fait face pour un diagnostic préliminaire. Le cardiologue orientera l’appelant et le conseillera sur la conduite à tenir. Des gestes de premiers secours peuvent aider le patient en attendant l’intervention médicale. La victime doit être allongée sur une surface plane et un massage cardiaque peut être lancé. Une ventilation artificielle (bouche-à-bouche) peut aider également. L’objectif est de permettre au sang de continuer à circuler et ainsi d’alimenter en oxygène les cellules et le cerveau de la victime. Il est à noter qu’il faut respecter un système de 100 compressions par minute par séquences de 30 en appuyant sur le thorax de la victime. Il est possible d’interrompre le massage cardiaque et défibriller le cœur avec un défibrillateur automatisé externe en cas de disponibilité.
 

Lisez nos e-Papers