Les effets indésirables liés au vaccin anti-Covid-19 continuent de susciter des craintes parmi les populations. De façon générale, ces effets sont expliqués par la réaction du système immunitaire du corps, mais ils peuvent avoir une toute autre explication, d’ordre psychologique, à savoir l’effet nocebo. De quoi s’agit-il ? Selon Dr Tayeb Hamdi, médecin, chercheur en politiques et systèmes de santé, l’effet nocebo intervient lorsqu’une personne est convaincue qu’un produit qu’elle va consommer ou qu’on va lui injecter, en l’occurrence le vaccin anti-Covid-19, aura des effets négatifs sur son organisme. «Le corps peut ne pas véritablement réagir suite à l’injection, mais le cerveau va faire en sorte de fabriquer des symptômes que la personne reconnaîtra en tant qu’effets secondaires liés au vaccin», explique Dr Hamdi. Il précise que les symptômes ressentis sont bien réels, mais ils constituent une création cérébrale et non pas une véritable réaction au produit.
Pour appuyer ses propos, Dr Hamdi note que l’impact de l’effet nocebo a été constaté par le laboratoire Pfizer. En effet, ajoute-t-il, lors de ses essais 3, le laboratoire avait constaté que dans un premier groupe ayant reçu une injection de vaccin contre la Covid-19, 35% avaient déclaré souffrir de maux de tête. Dans un deuxième groupe, le produit injecté n’était qu’un leurre, mais a tout de même conduit 29% des volontaires à déclarer des maux de tête. Ces résultats témoignent ainsi de la puissance de l’effet nocebo et peut même, selon Dr Hamdi, expliquer la réticence de certaines personnes à se faire vacciner.
Sur un autre registre, Dr Hamdi tient à noter que l’effet nocebo s’est exacerbé avec l’avalanche des fake news qui circulent sur les réseaux sociaux, remettant en question la sécurité et l’efficacité des vaccins anti-Covid-19. À ce titre, le médecin chercheur en politiques et systèmes de santé alerte sur le fait que les fake news constituent aujourd’hui un véritable danger pour la santé et la vie humaine, puisqu’ils incitent les citoyens à ne pas se faire vacciner et, par conséquent, à ne pas se protéger contre la maladie.
Interrogé sur les moyens pour faire face à ces fausses informations, Dr Hamdi met en avant trois grandes actions : d’abord, la mise en place de mesures et de mécanismes pour la protection de la population contre la propagation des fake news. Ensuite, l’immunisation de la population en partageant avec les citoyens le maximum d’informations à temps et en toute transparence.Enfin, l’instauration d’une politique de sensibilisation des citoyens au virus et à l’importance du vaccin, mais tout en gardant un ton positif.
Par ailleurs, Dr Hamdi tient à souligner que l’effet nocebo ne doit pas être retenu systématiquement pour expliquer n’importe quel symptôme ressenti suite à la vaccination. «Les effets secondaires du vaccin anti-Covid-19 existent bel et bien. Ils sont connus et reconnus de tous et c’est le cas d’ailleurs pour n’importe quel vaccin ou médicament», note-t-il. Et d’ajouter que si un effet constaté ne disparait pas au bout de quelques jours, il est important de consulter un médecin ou de le déclarer au centre de vaccination.Notons à cet égard que plus de 35.000 déclarations sur les effets secondaires du vaccin anti-Covid ont été faites par les citoyens auprès du Centre antipoison et de pharmacovigilance du Maroc. Ce chiffre couvre la période allant du début de la campagne de vaccination jusqu’à la fin du mois d’octobre. D’après le Centre, 99,5% de ces effets étaient légers, notamment une fatigue, une température élevée ou encore une douleur au niveau du site de la vaccination.