Sur rue d’Alger à Casablanca, un espace pas comme les autres. À l’intérieur d’un bâtiment des plus normaux, on découvre un havre artistique. Au sein de l’espace d’art Actua au siège d’Attijariwafa bank, on intègre un univers où l’épanouissement est le mot d’ordre. Des créations d’artistes débutants et d’autres plus confirmés illuminent la galerie. Des installations, affiches, maquettes, textes littéraires, projets multimédias, tableaux, sculptures… sont proposés par de jeunes talents qui exposent en majorité pour la première fois. Derrière ce projet artistique à caractère humain et citoyen, la motivation de la Fondation Attijariwafa bank de démocratiser l’accès à l’art et à la culture.
Le multimédia est, certes, très présent dans les créations de la dernière promotion, mais la cinquième promotion s’est également distinguée en littérature. «Nous avons été agréablement surpris par des projets de roman de plusieurs participants. J’espère que les jeunes écrivains poursuivront leurs projets», affirme Abdelmajid Seddati. En effet, la jeune Maryam Barakat a écrit une nouvelle passionnante. Sa jumelle Zainab présente aussi un projet roman intéressant.
Les textes des jumeaux Naoufal et Maryam Zobaa se sont également distingués. «Ils nous ont régalés avec un ensemble de proses et de textes poétiques distingués», indiquent les professeurs à l’Académie des arts qui assurent des séances d’explication, d’encadrement et de coaching. Ces encadrants mettent les élèves sur la voie de la création avant de les inciter à laisser libre cours à leur imagination. C’est le cas pour le thème du virus de la Covid-19. Les élèves ont d’abord imaginé des maquettes plus au moins semblables du virus avant de se lancer dans la création de fresques, de masques artistiques et de visages protégés. Résultat : une exposition qui déborde d’inventivité. «L’idée du masque s’est imposée comme un fil d’Ariane pour la session pédagogique dès lors que le confinement a été déclaré. Les élèves étaient libres d’emprunter le cheminement qu’ils souhaitaient, selon leur savoir-faire. Ils ont commencé par reproduire des visages portant des bavettes. Après, et de fil en aiguille, ils nous ont embarqués dans des mondes magnifiques», indique la Fondation Attijari. Selon Abdelmajid Seddati, certains participants ont livré des représentations simples et fraîches alors que d’autres ont adopté des techniques plus élaborées. «Il y a ceux qui ont élevé le masque au niveau d’objet à mettre dans un écrin ou tout simplement nous ont livré la mue d’une peinture faciale transférée sur tissu».
Le talent qui a séduit public et encadrantsParmi les élèves qui se sont distingués au sein de la cinquième promotion, il y a Sara Akdim. Cette jeune artiste au «talent exceptionnel», selon ses encadrants, réalise des tableaux pleins de couleurs et d’optimisme. Sara est connue par son sérieux et son implication. Elle investit un coin reculé et discret de l’espace Actua sans bouger jusqu’à la fin des ateliers. Elle donne l’impression d’être une personne timide, mais quand on est en face de ses peintures, on découvre une personnalité tout autre, plus riche et plus loquace qui propose un univers magique inspiré des mangas. «C’est une force phénoménale en termes d’imagination et de production», affirment ses encadrants. Sara inonde l’Académie de ses travaux. Pour la prochaine exposition, Abdelmajid Seddati compte lui procurer un espace plus spacieux et la mettre sur une voie différente de création afin de booster son imagination.Suivi pour les anciens lauréatsL’Académie des arts ne se limite pas à une seule formation. Elle assure le suivi et l’accompagnement de ses lauréats. «D'anciens lauréats reviennent pour poursuivre la création au sein de l’espace Actua», confirment Ghitha Triki et Abdelmajid Seddati. C’est le cas de Aïcha Zila qui a fait ses débuts dans l’Académie des arts dans la promotion 2014-2017. Actuellement étudiante en troisième année à l’École supérieure des beaux-arts de Casablanca, elle a fait son come-back parmi les fidèles de l’Académie des arts et est revenue avec des créations qui ont séduit aussi bien le public que les responsables du programme. Les œuvres de Aïcha témoignent, selon Seddati, d’une maturité et d’une grande passion pour l’art contemporain. «Le fait de la mettre dans la section “Go the extra mile” est une manière pour la Fondation Attijariwafa bank et les encadrants du programme de lui témoigner de la reconnaissance et d’affirmer la fécondité de son talent», affirme ses professeurs. Aïcha Zila expose deux grandes toiles et une installation en hommage à toutes les personnes qui ont risqué leurs vies pour sauver l'humanité.***********************
Hanane Farid, un talent hors pair
Hanane Farid est l’une des artistes qui se distinguent à l’exposition «L’art source de perpétuelle réinvention». Âgée de 20 ans, cette jeune créatrice est actuellement en troisième année «arts et espaces» à l’école supérieure des beaux-arts de Casablanca «Actua». Prédestinée à un cursus scientifique, Hanane a trouvé sa vocation grâce à la quatrième édition de l’Académie des arts. «Au lycée, j’avais changé de filière des sciences maths aux sciences physiques et chimie. In fine et grâce à “Actua”, j’ai intégré l’École supérieure des beaux-arts». Cette jeune et talentueuse artiste a participé à plusieurs activités parascolaires comme des fresques, portraits réalistes, stylisme… Son talent est très convoité. Inspirée de la force et de la créativité de sa maman aussi styliste, Hanane partage ses créations sur les réseaux sociaux. Elle n’hésite pas à proposer ses œuvres dans différentes activités artistiques comme récemment dans le cadre du Festival art vidéo de Casablanca. Elle a participé à l’atelier de Video Mapping sur la gare de Casa-Voyageurs. À l’espace d’art «Actua», elle propose du body art. Son idée consiste à reprendre sur son visage des œuvres de grands artistes internationaux rappelant la situation de la pandémie Covid-19 et son moral en période de confinement. «J'ai fait des autoportraits dont j'ai redonné vie. J'ai reproduit des tableaux classiques normalement réalisés sur toile sur mon propre visage. Les tableaux choisis ont toujours un rapport avec notre état psychique pendant la pandémie de la Covid-19. Ça peut avoir un rapport ou un contraste», explique l'artiste. Et de préciser que le premier tableau «Anxiété» d'Edvard Munch, où j'ai mis des bavettes aux gens avec leurs grimaces, exprime les sentiments des gens pendant la pandémie. Dans un deuxième tableau «Le cri», aussi d'Edvard Munch, l'artiste a opéré un grand contraste entre sa grimace et celle du personnage au fond qui reflète ce qu'elle a ressenti pendant la pandémie. À découvrir au sein de l'espace «Actua» jusqu'au 30 janvier 2022.