Selon des sources, les établissements d’enseignement, en particulier du secteur privé, ont communiqué aux parents des notes relatives à la reprise des classes, qui sont « ambigus et manquent de clarté », estiment certains parents. En effet, la décision de reprendre les cours en présentiel pose encore des soucis pour les parents. Parmi les communications des écoles que nous avons pu consulter, certains établissement évoquent un probable recours au pass vaccinal, alors que d’autres détaille la procédure de reprises sans aucune indication concernant les enfants vaccinés ou non-vaccinés. De quoi semer le doute chez les parents, notamment ceux qui ont fait le choix de vacciner leurs enfants pour les protéger de la Covid-19.
Du côté de la Fédération nationale des associations de parents d'élèves (FNAPEM), la rentrée scolaire devra obligatoirement se faire en présentiel. C’est ce que confirme le président de la Fédération nationale des associations des parents d’élève au Maroc (FNAPEM), Noureddine Akkouri. « Pour nous, la rentrée ne peut se faire qu’en présentiel. Nous avons été patients et nous avons accepté le report de la rentrée avec cet objectif qui va garantir une égalité des chances pour les apprenants. Quant à la gestion de cette rentrée, M. Akkouri estime que les efforts consentis pour accélérer la campagne de vaccination des 12-17 ont permis d’atteindre un niveau raisonnable d’immunité au sein de plusieurs établissements. « Cette immunité acquise à ce jour, associée aux mesures d’hygiène et de distanciation, devrait être suffisante pour assurer une reprise en toute sécurité », explique-t-il tout en réaffirmant que la rentrée ne peut se faire qu’en présentiel, « c’est une exigence chez la fédération ».
Que pensent alors les scientifiques et experts de la santé ?
Dr. Moulay Saïd Afif, membre du Comité scientifique et technique de la vaccination, se veut rassurant. « Il faut savoir que les enfants développent une immunité plus importante que les adultes. Cela dit, avec une seule injection, les élèves sont déjà protégés. Toutefois, la deuxième dose demeure plus que nécessaire pour avoir une immunité complète, se protéger et protéger son environnement. C’est aussi nécessaire pour avoir le pass vaccinal », explique-t-il. Et d’ajouter que le Maroc a déployé beaucoup d’efforts pour assurer une année scolaire avec plus de présentiel que de distanciel, surtout avec l’amélioration de la situation épidémiologique. « Il est important aussi de rappeler aux enfants l’importance du respect des mesures barrières en vigueur, même s’ils sont vaccinés. Cela nous permettrait aussi d’éviter des clusters. Aussi, j’appelle aux parents d’éviter les rassemblements devant les écoles », note Dr. Afif. Il a invité également tous les élèves qui n’ont pas encore reçu le vaccin à accomplir cet acte médical compte tenu de son importance. « C’est dans leur intérêt. Notre objectif est d’avoir un maximum de personnes vaccinées pour avoir l’immunité collective », insiste l’expert.
Dr. Tayeb Hamdi, chercheur en politiques et systèmes de santé, se veut plus prudent et affirme qu’en matière de riposte contre la Covid-19, « il n’y a pas de risque zéro, même après avoir reçu les deux doses du vaccin. D’ailleurs, aucun vaccin n’est efficace à 100% ». De plus, il explique que le fait d’avoir vacciné une population et de prévoir un assouplissement des mesures restrictives, ne signifie pas avoir la certitude qu’il n’y aura pas de nouveaux cas de contamination ou encore de décès. « Tout ce qu’on sait c’est qu’avec une population importante vaccinée, on aura très peu de circulation du virus, encore moins de cas en réanimation et encore moins de décès », précise l’expert. Et d’expliquer que les primo-vaccinés doivent absolument recevoir la deuxième dose car avec le variant Delta, une seule dose ne protège pas contre le virus. « Je tiens à attirer aussi l’attention sur le fait que le délai entre la première et la deuxième dose est de trois semaines pour les deux vaccins utilisés chez les 11-17 ans ». Sur le risque de mélanger des enfants vaccinés et non-vaccinés dans une même classe, Dr. Hamdi note qu’« un enfant qui n’est pas vacciné et qui accède à la classe représente un risque pour lui -même mais aussi pour les autres. Il présente aussi le risque de porter le virus à sa famille et à son entourage ».
Comment il faut agir dans ce cas ? Pour Dr. Hamdi, la décision qui va être prise à cet égard dépendra de trois facteurs clés à savoir la situation épidémiologique du pays et la circulation du virus, la proportion des enfants vaccinés et enfin le degré du respect des mesures barrières. D’autres facteurs sont pris aussi en considération, notamment s’il y a des mutations du virus. « Tout l’enjeu c’est de prendre des décisions basées sur un calcul de risque qui n’est pas toujours facile à réaliser», prévient l’expert.