Racontez-nous d’abord l’inspiration de votre livre et le choix de l’époque ?
J’ai toujours été fasciné par les allégories qu’on retrouve en peinture, et dans les arts picturaux en général, je pense notamment au « Printemps » de Botticelli, l’allégorie de la Justice de van Heemskerck ou encore « La Melencolia » d'Albrecht Dürer. En littérature, cette forme d’expression n’a pas été utilisée pleinement dans toutes les époques. Il y avait des évocations en antiquité de l’allégorie chez Homère, Platon, et plus tard chez D’Alembert dans son dialogue en la Poésie et la Philosophie. Sans oublier les fameuses fables de la Fontaine, qui sont intégralement allégoriques. Cependant, son utilisation littéraire demeure rare et peu exploitée, surtout à notre époque contemporaine. J’ai voulu dans mon conte oriental mettre l’accent sur les allégories d’abstractions représentées par des Djinns (La Fortune, la Folie ou encore la Connaissance), et les faire dialoguer avec Anya l’héroïne de la nouvelle. Cette démarche est voulue afin de composer une nouvelle réflexive, et philosophique, qui permettra au lecteur de cogiter sur plusieurs aspects de l’existence, toujours d’actualités de nos jours. Pour ce faire, j’ai travaillé avec Sanae Zaki qui a signé de superbes illustrations représentant chacune des allégories évoquées, qui je l’espère, enchanteront le lecteur.
Pour le choix de l’époque, j’ai voulu rendre un hommage au Maroc de la fin du 16e siècle, avec ses traditions, un peu oubliées de nos jours malheureusement. L’aspect proverbial du palais El Badi a accentué ma démarche pour le choix de la ville, à une époque de fleurissement politique, artistique et intellectuel au Maroc. La ville de Marrakech était le cadre idéal pour mon récit fictionnel tendant vers le conte fantastique et folklorique.
Vous dites dans votre biographie que rien ne vous destinait à être écrivain. Comment vous vous êtes donc mis à écrire des nouvelles ?
Avec beaucoup de persévérance et de labeur surtout. Je ne suis pas des partisans des personnes qui croient à l’inspiration comme un état de transcendance avec un monde merveilleux et inédit. Je pense au contraire, qu’on peut bonifier les matériaux d’écriture et notre imagination en lisant, prenant des notes, visionnant des productions cinématographiques de qualité… Après, personne ne naît écrivain et il n’y a pas d’études pour le devenir concrètement. Les études de lettres, servent à enseigner l’histoire de la littérature, ses champs, écoles, pensées, études du style etc. Par contre être écrivain, n’a jamais été un sésame qui s’obtient de manière sélective ou aléatoire. L’écriture c’est avant tout énormément de discipline, de la méthodologie et de la régularité dans le travail. Personnellement, j’ai pu m’intéresser à plusieurs domaines de connaissances, allant de la philosophie jusqu’à la sociologie, en passant par la littérature, le cinéma, les arts picturaux, la pop-culture etc. Cela a solidifié ma base culturelle et mes aspirations pour l’écriture. Imaginer son récit est une chose, l’écrire est tout autre, cependant ces deux éléments sont indissociables pour devenir écrivain. Si on n’a pas les outils nécessaires pour se lancer dans l’écriture d’un manuscrit, cela peut paraitre abyssal aux premiers abords. C’est pour cela que j’ai lancé ma plateforme : reussirsonroman.com afin d’aider les jeunes auteurs dans l’écriture de leur roman, en me basant sur mon expérience personnelle et mon expertise autant qu’auteur.
Enfin, si mes études en marketing et communication semblent éloignées à mille lieues de l’écriture, cependant, elles m’ont aidé à promouvoir la publicité du livre, et à dresser une stratégie limpide en plusieurs étapes. Dans le but de promouvoir ma carrière autant qu’écrivain avec mes réseaux sociaux d’un côté, et ma plateforme de conseils d’écriture de l’autre, qui comportera des articles qualitatifs à l’avenir.
En plus d’orienter votre carrière vers l’écriture, vous avez fait le choix d’accompagner d’autres personnes en créant la plateforme « réussir votre roman », pourquoi ?
Je souhaite démystifier les idées reçues de la littérature au Maroc, comme quoi elle serait un domaine réservé à une élite éclairée, ou pour les génies. Je n’irais pas jusqu’à affirmer qu’on devient écrivain du jour au lendemain, ça serait malhonnête de ma part. Il se trouve que la plupart des grands littérateurs ont été des autodidactes qui persévèrent dans leurs formations. Je pense notamment à des écrivains comme Victor Hugo, Gustave Flaubert, ou encore Edgard Poe, qui n’ont pas fait d’études littéraires. Par contre, ils ont été des « bucheurs » de livres et des curieux à tout ce qui s’offrait à eux, d’où leur érudition conséquente. Toute personne peut devenir un écrivain, cependant, cela prend du temps et de la persévérance, ce n’est pas une aventure aisée, mais elle n’est pas impossible et inconcevable non plus.
Mon accompagnement s’accentue sur deux axes :
- Le coaching personnalisé pour les écrivains débutants ou néophytes, souhaitant faire parler leurs plumes, à travers un roman/nouvelle. Je les épaule étape par étape pour avancer dans leurs manuscrits, en leur donnant des conseils pratiques et efficaces. Mon intervention ne vise pas à écrire le roman à leur place, mais de leur fournir les outils nécessaires pour mener à bien leur quête. En évitant la page blanche et en maximisant leur productivité. A ce propos, mon site propose une fois inscrit à ma newsletter, un guide gratuit sur les six clés nécessaires pour l’écriture de son roman.
- L’accompagnement des personnes afin de les initier à la littérature dans son sens large, et à la lecture plus particulièrement. Certains n’osent pas se lancer dans la lecture pour des raisons souvent fausses, comme celles que j’ai évoquées plus haut. Je compte faire des ateliers à ce propos pour « vulgariser » la littérature pour le grand public, et ainsi, encourager les marocains à la lecture. La lecture n’est pas un privilège mais une obligation, sous peine de se noyer dans un monde contemporain trop mouvant et trop digitalisé.
J’ai partagé avec Sanae Zaki l’illustratrice quel genre d’atmosphère je voulais avoir pour « Les Paradis Tragiques ». Avec une description que j’ai fournie pour chaque illustration, Sanae a réalisé un travail impressionnant fourmillant de détails, en gardant le style du conte fantastique. Cela n’a pas été facile, car même si l’action principale se passe à Marrakech de 1598, on y trouve aussi les échos de civilisations étrangères, et d’horizons occidentaux et orientaux. De cela de l’antiquité jusqu’au 16ème siècle. Notre collaboration s’est bien déroulée tout au long du processus de création. J’ai pensé à chacun de mes personnages/allégories comme des psychologies très disparates, avec chacun ses caprices, obsessions et vices. Il y avait du challenge pour insuffler la vie à des abstractions en leur donnant des corps, mais avec l’assiduité, et nos remarques respectives avec Sanae, nous avons réussi notre pari. « Les Paradis Tragiques » est une nouvelle qui ravira le plus grand nombre, qui est ambitieuse par sa structure et son parti pris allégorique. Elle est disponible en Ebook sur Amazon, et en édition physique autoéditée, livrée en mains propres. Je voudrais enfin remercier chaleureusement Imane pour son coup de main lors de l’édition du manuscrit. Et l’accompagnement de Walid Mohamed Adnane tout au long du projet, et pour son professionnalisme, sans lui, le projet n’aurait pas vu le jour.