Un nouveau variant du Covid-19 a été détecté en Afrique du Sud, depuis quelques jours. Potentiellement très contagieux et aux mutations multiples, le variant B.1.1.529 pourrait non seulement avoir une capacité de transmission accrue, mais aussi être capable de contourner certaines parties de notre système immunitaire, selon des scientifiques sud-africains. À ce jour, des dizaines de cas ont été signalés en Afrique du Sud et quelques pays voisins. Un cas a également été signalé à Hong Kong, sur une personne de retour d’un voyage en Afrique du Sud, un cas en Israël chez une personne en provenance du Malawi et un cas en Belgique, soit le premier en Europe.
L’OMS préfère temporiser
La décision de suspension des vols en provenance de ces pays a également été prise par des pays asiatiques tels que le Japon et Singapour. Pourtant, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déconseillé aux pays de prendre pour l’instant des mesures de restriction des voyages, alors que la virulence et la transmissibilité du nouveau variant détecté en Afrique du Sud restent encore inconnues. «L’OMS recommande aux pays de continuer à appliquer une approche scientifique et fondée sur les risques. À ce stade, encore une fois, la mise en œuvre de mesures de restrictions aux voyages est déconseillée», a déclaré vendredi Christian Lindmeier, porte-parole de l’OMS. «Les premières analyses montrent que ce variant présente un grand nombre de mutations qui nécessitent et feront l’objet d’une étude plus approfondie. Il nous faudra quelques semaines pour comprendre l’impact de ce variant. Les chercheurs travaillent pour mieux comprendre les mutations et ce qu’elles pourraient signifier en termes de transmissibilité ou de virulence du variant, et quelles pourraient être les effets sur les outils de diagnostic, les traitements et les vaccins», a-t-il ajouté.Au Maroc, les experts appellent à la vigilance. D’ailleurs, les autorités sanitaires ont décidé vendredi d’interdire l’accès au Maroc aux ressortissants de l’Afrique du Sud et d’autres pays d’Afrique Australe ainsi qu’aux passagers en provenance ou ayant transité par ces pays. Contacté par «Le Matin», Pr Kamal Marhoum El Filali, Chef de services des maladies infectieuses au CHU Ibn Rochd de Casablanca, affirme que l’apparition de ce nouveau variant doit être prise au sérieux. «Ce qui se passe actuellement nous rappelle le début de l’apparition du virus Delta qui a fait des ravages dans le monde. Rien ne montre pour l’instant que ce nouveau variant de la Covid-19 détecté en Afrique du Sud sera aussi terrible. Il est encore très récent. Nous avons besoin de temps pour mieux le connaître. Mais ce n’est pas une raison pour le prendre à la légère», déclare-t-il. «Quoi qu’on fasse, un tel virus finira par passer. Nous devons donc faire le maximum pour ralentir la diffusion de ce variant, ce qui nous donnera le temps d’évaluer son potentiel pathogène et son niveau de transmissibilité et prendre ainsi les précautions qu’il faut», insiste Dr Marhoum El Filali. L’expert recommande également aux citoyens de respecter plus que jamais les gestes barrières.Notant, par ailleurs, que les services en charge du séquençage génomique du SARS-CoV2 au Maroc se contentent pour l’instant de suivre de loin la situation concernant ce nouveau variant. Ces derniers se penchent actuellement sur le suivi du développement des souches génomiques du variant Delta à l’échelle nationale. «La recherche génomique actuelle a révélé la prévalence du sous-mutant de Delta AY33 au Maroc, ainsi que des cas limités d’infections dues au variant Mu», a affirmé une source sûre au quotidien «Assahra Al Maghribia».
Le nouveau variant pourrait rendre les vaccins moins efficaces
Les informations scientifiques sur le nouveau variant sud-africain B.1.1.529 sont très limitées et ne sont pas encore confirmées. Pour l’instant, les scientifiques affirment qu’il possède un nombre conséquent de mutations, plus de 30, dans sa protéine S, celle-là même qui permet son attachement et son entrée dans les cellules. Certaines de ces mutations sont présentes dans les variants Alpha et Delta. On craint alors que cela le rende plus coriace et lui permette d’échapper au système immunitaire et rendre les vaccins moins efficaces.Le laboratoire allemand BioNTech, allié à Pfizer, a annoncé vendredi dernier qu’il attend, au plus tard dans deux semaines, les premiers résultats d’études qui permettront de déterminer si le nouveau variant détecté en Afrique du Sud est capable d’échapper à la protection vaccinale.«Nous avons immédiatement lancé des études sur le variant B.1.1.529 qui diffère clairement des variants déjà connus, car il présente des mutations supplémentaires sur la protéine spike, caractéristique du virus SARS-Cov-2», a expliqué la porte-parole du laboratoire à l’AFP. «Pfizer et BioNTech se sont préparés il y a plusieurs mois à ajuster leur vaccin en moins de six semaines et à livrer les premières doses en 100 jours si un variant s’avérait (résistant», a-t-elle ajouté.