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Omicron : que retenir pour éviter la propagation du virus chez nous ?

Le Maroc a été parmi les premiers pays à imposer des restrictions dès l’apparition du variant Omicron en Afrique du Sud, puis en Europe. Ces mesures ont permis de retarder l’arrivée au pays de ce mutant à plus forte capacité de propagation. Il n’en reste pas moins que le Royaume se doit de tirer des enseignements de ce qui se passe ailleurs pour gérer au mieux la situation épidémiologique liée à Omicron. Le point avec Pr Azzedine Ibrahimi, directeur du Laboratoire de biotechnologie de la Faculté de médecine et de pharmacie de Rabat.

Omicron :  que retenir pour éviter la propagation du virus chez nous ?
Le danger d’Omicron réside dans sa forte transmissibilité, de sorte qu’il est possible d’enregistrer beaucoup de cas d’infection avec ce nouveau variant dans les jours à venir.

Tous les indicateurs laissent présager l’arrivée d’une nouvelle vague de contaminations à la Covid-19. Contrairement à ce que l’on croyait auparavant, «cette vague ne sera pas dominée par le variant Delta, mais par Omicron, dont le premier cas vient d’être détecté au Maroc», affirme le professeur Azzedine Ibrahimi, directeur du Laboratoire de biotechnologie de la Faculté de médecine et de pharmacie de Rabat. Pour appuyer son constat, il indique que le danger d’Omicron réside dans sa forte transmissibilité, de sorte qu’il est possible d’enregistrer beaucoup de cas d’infection avec ce nouveau variant dans les jours à venir. C’est donc un nouveau chapitre dans la lutte contre la pandémie qui s'annonce au Maroc.

Pour s’y préparer, Pr Ibrahimi estime qu’il est très important de tirer les leçons des pays qui ont été frappés de plein fouet par ce nouveau variant, tout en anticipant le pire des scénarios possibles. À travers une analyse de la situation épidémiologique à l’international, l’expert indique que la première leçon à retenir est que le taux de couverture vaccinale reste déterminant dans la gestion des variants. Pr Ibrahimi rappelle la présence à l’échelle internationale de deux vagues. «D’abord, la vague Delta, qui est la cinquième en Europe, et qu’on peut aussi appeler la vague des non-vaccinés, puisqu’elle a divisé en deux les pays de ce continent». Et de souligner que dans les pays de l’Est, où la couverture vaccinale était très faible (entre 30 et 40%), la courbe des infectés, d'une part, et celle des décès et des hospitalisations, d'autre part, sont restées associées. C’est ce qui explique, note-t-il, le fait que certains pays, comme la Russie, ont enregistré un nombre de décès très important.

À l’inverse, précise l’expert, dans les pays de l’Europe de l’Ouest, où la vaccination est élevée, «il y a eu une dissociation entre les deux courbes, et donc même avec un nombre élevé de personnes infectées par jour, le nombre de décès est resté limité». Ensuite, à propos de la nouvelle vague, le professeur Ibrahimi indique qu’elle est liée au variant Omicron et à sa transmissibilité élevée. Cette vague est d’autant plus intense qu’Omicron est caractérisé par une multiplication des cas en deux à trois jours. Autre enseignement à tirer : même s’il est moins virulent, le variant Omicron reste dangereux, compte tenu de sa transmissibilité élevée. En effet, une augmentation des cas met sous pression le système de santé. À cet égard, le professeur cite l’exemple de la Grande-Bretagne qui a enregistré plus de 70.000 cas d’infection uniquement mercredi dernier, avec une possibilité que le bilan grimpe à 200.000 cas par jour selon les estimations, ce qui aboutirait à des milliers d'hospitalisations. Une situation qui reste très délicate à gérer par le système de santé.

L’échappement vaccinal

Selon le professeur Ibrahimi, le principal problème avec Omicron, c’est sa capacité d’échappement vaccinal, d’où l’intérêt de la troisième dose. Et c'est là un autre enseignement. «Plusieurs études réalisées après la propagation d’Omicron dans plusieurs pays confirment que les personnes qui n’ont pas eu leur dose de booster seront à risque, d'autant que la protéine de surface, la Spike qui est responsable à la fois de la contagiosité du virus et de l'échappement à la réponse immunitaire, montre un nombre très élevé de modifications par rapport aux formes qu'on connaissait déjà», explique-t-il. L’expert affirme aussi qu’avec les vaccins Pfizer et Moderna, la réponse immunitaire et l’efficacité ne sont qu’à 35% après les deux doses. Or «avec la troisième dose, on peut arriver à une efficacité de 75%», clarifie-t-il. Malheureusement, regrette l’expert, le taux d’administration de la dose booster reste très limité. «Ceci constitue un risque aussi bien pour les citoyens que pour le système de santé», alerte-t-il. Sur ce volet, le professeur Ibrahimi lance, pour la énième fois, un appel aux citoyens pour aller se faire vacciner complètement. Sur ce point également, on constate que de nombreux pays se mobilisent pour encourager la population à compléter le schéma vaccinal par la troisième dose. Le Maroc, qui s’est lancé plus tôt dans cette dynamique, doit donc redoubler d’effort pour maintenir cette avancée. Par ailleurs, l’expert insiste sur l’importance des gestes barrières, d'autant que l’hiver est à nos portes. Il indique ainsi que l’adoption de ces gestes constitue un moyen très efficace face à la propagation des variants, en l’occurrence Omicron.

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