Le Maroc se distingue de nouveau dans le domaine de connectivité maritime. Le rapport de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) sur le transport maritime montre, en effet, qu’au moment où les temps les plus longs passés par les bateaux de marchandises aux ports sont généralement enregistrés en Afrique, le Maroc constitue une exception avec l’un des temps les plus courts au monde. Il ressort également du Review of Maritime Transport 2021 que Tanger Med est le port le mieux connecté en Afrique et que l’activité portuaire a connu une reprise au Maroc. En effet, souligne ce rapport en anglais de 177 pages, en Afrique, les pays qui ont eu le plus d’escales de porte-conteneurs – l’Égypte et le Maroc – ont également reçu des navires plus gros et ont eu des rotations rapides.
Les chaînes d’approvisionnement mondiales sous pression
Le rapport, qui reconnaît l’amorce d’une reprise, évoque, toutefois, les pressions sans précédent auxquelles sont confrontées les chaînes d’approvisionnement mondiales, les pics spectaculaires des taux de fret, des hausses de prix significatives à l’horizon pour les consommateurs et les importateurs et les changements potentiels des modèles commerciaux en raison des tensions commerciales et de la quête d’une plus grande résilience. «Une reprise durable dépendra de l’évolution de la pandémie, de la capacité à atténuer les vents contraires et d’un déploiement mondial des vaccins», a déclaré Rebeca Grynspan, Secrétaire générale de la Cnuced. Le rapport relève que les goulets d’étranglement de la chaîne d’approvisionnement ont entravé la reprise économique, car, explique-t-il, le rebond du commerce a fait face à des problèmes logistiques dus à la pandémie, notamment des pénuries d’équipements et de conteneurs, des services moins fiables, des ports encombrés et des délais et des temps d’attente plus longs. Il indique que les contraintes liées à l’offre dans le domaine du transport par conteneurs secouent également le transport et le commerce maritimes. «Alors que les commandes de nouveaux navires ont diminué de 16% en 2020, poursuivant une tendance à la baisse des années précédentes, en 2021, les compagnies maritimes ont répondu aux limitations de capacité par un afflux de nouvelles commandes», note la Cnuced. Le rapport note que les compagnies maritimes ont bénéficié de la flambée des taux de fret, les surtaxes, frais et tarifs d’expédition ayant temporairement augmenté encore plus après que le porte-conteneurs Ever Given a bloqué le canal de Suez en mars 2021.Les prix à l’importation sous la menace des taux de fret
La Cnuced prévient que si la flambée actuelle des taux de fret conteneurisé se poursuit, elle entraînera une augmentation significative des prix à l’importation et à la consommation, prévient le rapport. L’analyse de la Cnuced prévoit que les prix mondiaux à l’importation augmenteront en moyenne de 11% en raison de l’augmentation des taux de fret. Ce qui devra se répercuter sur les prix à la consommation. «Si les taux de fret des conteneurs restent à leurs niveaux élevés actuels, les prix mondiaux à la consommation devraient être supérieurs de 1,5% en 2023 à ce qu’ils auraient été autrement», estime la Cnuced. De ce fait, recommande-t-elle, «face à ces pressions sur les coûts et aux perturbations du marché qui persistent, il est de plus en plus important de surveiller le comportement du marché et de garantir la transparence lorsqu’il s’agit de fixer les taux, les frais et les surtaxes». En outre, relève le rapport, la pandémie a accéléré les mégatendances qui pourraient transformer le transport maritime à plus long terme. Elle a catalysé la numérisation et l’automatisation, qui devraient permettre de gagner en efficacité et de réaliser des économies, note le rapport. Toutefois, nuance-t-il, le secteur du transport maritime est également confronté au défi d’adaptation face au changement climatique et de renforcement de la résilience, ainsi qu’à la nécessité urgente de se décarboniser et de trouver des carburants de substitution pour réduire les émissions, ce qui aura inévitablement un coût, indique la Cnuced.«En exposant les vulnérabilités des chaînes d’approvisionnement existantes, la perturbation causée par la Covid-19 a accentué la nécessité de renforcer la résilience et a relancé le débat sur la mondialisation et les chaînes d’approvisionnement de l’avenir», a déclaré Shamika N. Sirimanne, directeur de la technologie et de la logistique à la Cnuced.