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Zakaria Garti : Le financement de la généralisation de la couverture sociale, un dossier prioritaire qui attend le nouveau gouvernement

Quels sont les défis qui attendent le nouveau gouvernement ? Quelles sont les priorités qu’il doit avoir ? Quelle politique pour porter l'espoir d'un renouveau économique ? À ces questions et d'autres répond Zakaria Garti, président du Mouvement Maan, invité de L’Info en Face.

Zakaria Garti : Le financement de la généralisation de la couverture sociale, un dossier prioritaire qui attend le nouveau gouvernement

La formation du nouveau gouvernement n’est plus qu’une question de quelques jours. Selon Zakaria Garti, président du Mouvement Maan, l’annonce devra être faite avant le deuxième vendredi du mois d’octobre, date de la rentrée parlementaire, bien que la Constitution marocaine ne prévoit aucune obligation dans ce sens. L’invité de L’Info en Face explique que l’alliance limitée à trois partis (RNI, PAM et PI) est un élément qui permettra d’accélérer le processus. «C’est la première fois de l’histoire récente que le Maroc se retrouve avec une coalition de trois partis. C’est quelque chose qui doit faciliter les discussions», estime-t-il. Cependant, les trois partis devront se mettre d’accord, rapidement, sur la répartition des portefeuilles ministériels.

Selon M. Garti, les trois partis disposent de compétences et de profils reconnus dans le domaine économique notamment, ce qui rendra le choix pour certains portefeuilles un peu critique. À ceux qui estiment que ce gouvernement est celui du renouveau, l’invité de L’Info en Face préfère nuancer, car il considère que ce qualificatif n’est pas complètement vrai. «Le renouveau est une expression pour la forme qu'on ressort au Maroc depuis très longtemps. Mais il n'y a pas forcément de renouveau aujourd'hui», indique-t-il en notant que le RNI par exemple est un parti qui est aux affaires depuis une vingtaine d'années et qui a géré des portefeuilles économiques au cours de cette période. «Le renouveau aujourd'hui est plutôt au niveau de la formation tripartite assez resserrée qui, j’espère, donnera lieu à un gouvernement resserré de moins de 20 ministres», lance M. Garti.

Mais au-delà de l’architecture du prochain gouvernement, l’invité de L’Info en Face évoque l’importance de la philosophie politique qui va se dégager de cette majorité et se traduire dans le programme gouvernemental qui sera présenté dans le cadre de son investiture au parlement. Bien que l’enjeu soit presque absent pour cette coalition qui dispose d’une majorité confortable au sein du parlement, il est important de se réunir autour d’un programme cohérent et clair, et se mettre d'accord sur les grandes orientations sociales et économiques du gouvernement. «Nous avons vu par exemple le RNI présenter un programme très ambitieux contenant une cascade de mesures. Après, tout dépend de la capacité de mettre en place ces réformes », explique l’invité.

Analysant de plus près le programme électoral du RNI, M. Garti affirme que les engagements du parti répondent à un schéma de philosophie économique classique que le Maroc connaît depuis très longtemps, c'est-à-dire la croissance par la dépense. Mais cette stratégie semble dépassée selon l’invité. «Vous savez, le Maroc investit presque 30 à 35% de son PIB chaque année, il est en fait un des pays qui investissent le plus au monde en termes de pourcentage de PIB, avec des conséquences sur la croissance qui sont juste de 3% maximum. «Pour être un pays émergent, selon les définitions de la Banque mondiale et du FMI, il faut enchaîner 15 ans de croissance à 6 ou 7%. Nous n'avons presque jamais connu de croissance à six points. Peut-être que ce sera le cas en 2021, mais ce sera un effet de rattrapage de la crise», détaille l’invité avant de noter que selon lui, «au Maroc, on investit beaucoup, mais mal». Selon lui, la doctrine économique au Maroc demeure conservatrice. Le nouveau gouvernement devra donc opter pour une nouvelle doctrine économique beaucoup plus expansionniste, «qui passera probablement par des changements apportés à certaines institutions comme la Banque centrale», lance-t-il.

Par ailleurs, M. Garti évoque un sujet d’une grande importance sur lequel le gouvernement devra se penche en urgence, à savoir la mobilisation du financement pour la généralisation de la couverture sociale. «Le budget prévu s’étale sur trois ans. La première année, c'est 8 à 9 milliards. La deuxième année, 17 milliards, mais à partir de la troisième année, c'est-à-dire 2024, cela va coûter à l'État 23 milliards de dirhams par an, le reste étant à la charge de l'entreprise», note l’invité. Ce sont des montants colossaux que le nouveau gouvernement doit préparer pour relever le défi de la généralisation de la protection sociale. L’autre priorité, selon M. Garti, est le Fonds Mohammed VI pour l’investissement qui va nécessiter un budget de 45 milliards de dirhams. Rien que ces deux dossier urgents, le président de la Fondation Maan estime qu’il sera très compliqué pour le prochain gouvernement de trouver le financement nécessaire pour les mettre en œuvre.

L’invité de l’Info en Face évoque également l’urgence de la réforme du secteur de l’éducation qui inclut éventuellement le règlement du problème des enseignants contractuels et du secteur de la santé, avec notamment la concrétisation des hausses de salaires pour les médecins. Autant de défis donc qui attendent le nouveau gouvernement et pour lesquels les solutions doivent être réfléchies en profondeur et non trouvées de manière hâtive, alerte l’invité de L’Info en Face.

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