La force d’une organisation quel que soit le secteur dans lequel elle opère réside dans tous les cas dans sa capacité à suivre la dynamique de changement. Elle ne peut pas pour autant se contenter de trouver les compétences, voire de les séduire mais, elle se doit de les retenir et de les fidéliser à travers des outils de pointe et des opportunités intéressantes d’évolution rapide. C’est l’un des constats émanant de l’intervention de Zakia Hajjaji, directeur des Ressources Humaines -Orange Maroc, en marge de la 3e Matinale organisée mardi dernier par le Groupe Le Matin en partenariat avec Intelcia sur le thème « Quelle stratégie pour les entreprises IT & télécoms pour attirer et fidéliser les talents ?». « Dans des entreprises spécialisées comme les nôtres qui ont des métiers à très forte expertise sur pas mal de domaines, la gestion des talents est un grand challenge pour un opérateur pour deux raisons. En premier lieu figure la rareté des compétences et en second, la compétition sur la recherche des talents qui dépasse les frontières. Ce qui pousse le secteur IT d’aller davantage sur des programmes stratégiques de gestion de talents forte et structurée. Cela suppose, aussi, de développer sa propre marque employeur qui servira l’image de l’entreprise en interne, mais aussi en externe. Pour elle, la nouvelle génération qui arrive sur le marché est extrêmement exigeante et impatiente en termes d’accompagnement et d‘intégration. Ce qui implique la mise en œuvre d’un plan d’intégration efficace bien étudié qui limitera le turnover et qui répondra aux besoins de l’entreprise.
Autre constat dressé et qui n’est pas des moindres, la persistance du problème de l’inadéquation entre l’offre pédagogique et la demande économique. « Nous sommes confrontés à un déficit entre les jeunes sortants de formation initiale en quantité et les besoins du marché », s’inquiète l’experte en ressources humaines. Aujourd’hui, ajoute-t-elle, le plus important est de se focaliser sur les compétences beaucoup plus que sur les diplômes. Il faut emboiter le pas au pays anglosaxons qui sont passés vers une réflexion plutôt compétence vs diplômes ».
En chiffre « Le Maroc a besoin minimum de 20 000 ingénieurs par an », estime-t-elle. La DRH de Orange-Maroc a profité de cette occasion pour exprimer l’urgence de combler ce fossé manifeste entre les ressources humaines et le marché des télécoms et de l’informatique.
Pour ce qui est des outils de fidélisation, Mme Hajjaji révèle que la rémunération est un facteur important et déterminant de motivation sachant que le salaire dans les métiers IT a connu une augmentation énorme ces dernières années, parfois décorrélé du marché. « Dans un contexte concurrentiel accru, l’entreprise se trouve dans l’obligation de s'aligner sur les salaires pratiqués, de donner plus ou d’être plus compétitifs, même si l’expertise du candidat n’est pas suffisamment développée. L’enjeu est de répondre et traiter les demandes des clients », explique-t-elle. A côté du salaire d’autres éléments s’ajoutent à la liste recommandée par Mme Hajjaji pour garder et motiver les talents, notamment la reconnaissance du travail fourni et l’augmentation de la visibilité. Cela va sans dire, l’expérience collaborateur rentre alors en jeu dans le processus de rétention et d’engagement des salariés qui sont les premiers ambassadeurs de la marque. L’idée est de satisfaire au mieux ses collaborateurs à travers une marque employeur solide pour leur permettre d’être plus productif et plus rentable. Cela se conjugue, par des dispositifs concrets de recrutement qui font la différence.
Pour aller plus loin, dans son analyse la DRH de l’opérateur télécom Orange émet des propositions pour séduire les talents experts étrangers. Pour ce faire, la DRH Orange Maroc plaide pour la mise en place d’un cadre législatif. « Si nous souhaitons recruter et attirer des compétences étrangères comme le fait d’autres pays vis-à-vis les nôtres, nous devons disposer d’un cadre légal de télétravail permanent. De même, le travail en temps partiel devait à son tour être structuré pour attirer une génération talentueuse qui aime travailler sur plusieurs projets ».
Pour conclure Zakia Hajjaji, lance un appel à la direction des responsables concernés pour gérer le digital et le numérique à l’instar des autres secteurs économiques, notamment l’industrie automobile et aéronautique.