La loi de Finances 2022 a été présentée par le gouvernement comme un budget qui ambitionne de répondre aux attentes fondamentales des citoyens en matière de santé, d’éducation et d’emploi, de redonner du dynamisme à l’investissement privé, d’accompagner l’entreprise nationale et de l’inciter à créer des opportunités d’emploi et à continuer à soutenir l’investissement public.
Toutefois, de l’avis de nombre d’opérateurs économiques et d’économistes, cette loi de Finances 2022 s’inscrit plutôt dans la continuité de la politique budgétaire des exercices antérieurs et manque d’audace. Il en est ainsi du Centre marocain de conjoncture (CMC) qui estime que «si le projet ne se déclare pas comme d’austérité au regard de la profonde récession qui ronge l’économie, il ne s’en éloigne que de peu». En effet, pour le CMC, «à un moment où tous les pays de la planète ont dérogé aux règles de prudence budgétaire et se sont engagés dans des plans de relance conséquents avec d’importantes enveloppes pour le financement, aucun signe d’une véritable relance ne transparaît au travers du projet de Budget établi pour 2022».
Même son de cloche de Hicham Bensaïd Alaoui, directeur général d’Euler Hermes Acmar qui était l’invité de l’Info en Face diffusée par «Le Matin». «Avec les 3% de croissance attendus, nous n’irons pas très loin. Il faudrait peut-être tendre vers les 7% chinois ou indiens ou vers les 3,5% de certaines puissances de la grande époque, mais 3% reste modeste», souligne-t-il. Dans le même ordre d’idées, Abdelkader Boukhriss, économiste et membre de l’Alliance des économistes istiqlaliens, qui était l’invité de l’émission l’Info en Face, il y a quelques semaines, estime que «psychologiquement et en termes de communication, on aurait tout à gagner en annonçant un taux de croissance de 4,5 ou 5%, au moins pour donner des signaux assez forts aux opérateurs économiques». Pour lui, certes, une enveloppe de 245 milliards d’investissements publics est un bon signal pour la relance. Il note également que la relance peut être portée par la demande intérieure, qui sera soutenue par la décision du gouvernement d’accorder une allocation de 1.000 dirhams aux personnes en situation de précarité. Toutefois, il déplore que le gouvernement n’ait pas mis en place des mécanismes de soutien à la classe moyenne.