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Afficher ses actions solidaires sur les réseaux sociaux : tout est dans les intentions

Alors que la discrétion est la règle pour la «Sadaqa», de nombreux internautes, particulièrement des youtubeurs, n’hésitent pas à afficher leurs actions solidaires pour le mois sacré du Ramadan sur les réseaux sociaux. Ils partagent des photos et des vidéos illustrant leurs initiatives. Quel est leur leitmotiv ? Est-ce une bonne manière pour donner l’exemple aux citoyens et les inciter à adhérer à cet esprit de solidarité ou plutôt une autre façon de gagner quelques likes dans l’espoir d’améliorer sa propre image sur le Net ? D’après les spécialistes contactés par «Le Matin», tout est dans l'intention et la manière de faire.

Afficher ses actions solidaires sur les réseaux sociaux : tout est dans les intentions
La première motivation de toute action humanitaire est de préserver la dignité de l'humain, ce qui est totalement contradictoire au fait d'exposer l'identité des bénéficiaires.

À la veille du Ramadan, les actions solidaires se multiplient pour venir en aide aux plus démunies, notamment les veuves, les personnes âgées, celles en situation de handicap ainsi que les réfugiés et les immigrés. Ces actions trouvent tout leur intérêt dans le contexte actuel marqué par l’effet de la sécheresse, conjugué aux répercussions socio-économiques de la pandémie liée à la Covid-19. Ainsi, des associations, des établissements scolaires, des entreprises ou encore des influenceurs web se mobilisent de plus en plus pour accomplir ce devoir, ce qui n’est pas étranger aux Marocains connus depuis toujours pour leur générosité. Si ces actions étaient accomplies dans le secret auparavant, elles sont depuis quelques années partagées sur les réseaux sociaux. Un phénomène qu’on observe, notamment chez les youtubeurs qui n’hésitent pas à partager des photos et des vidéos illustrant, notamment la distribution de paniers alimentaires ou d’argent. Mais quelle est l’intention derrière ce comportement ? Est-ce une bonne manière pour donner l’exemple aux citoyens et les inciter à adhérer à cet esprit de solidarité ou plutôt une autre façon de gagner quelques likes dans l’espoir d’améliorer sa propre image sur le Net ? De l’avis des experts contactés par «Le Matin», tout est dans l’intention et la manière de faire. «Partons du principe que toute chose et tout acte, n'est pas forcément ni bon ni complètement mauvais, tout est dans l'intention et la manière de faire», souligne Imane Hadouche, master coach et comportementaliste.

Et d’ajouter que le fait de prendre des photos pendant un événement humanitaire est une action qui peut être exigée par les organismes ou les donateurs afin de servir de «documentation» ou justificatif. «Dans ce cas de figure, les photos et vidéos prises doivent rester confidentielles», souligne-t-elle. À propos des partages sur les réseaux sociaux, Imane Hadouche note que cela peut servir à transmettre un message d'espoir, donner l’exemple ou encourager les gens à faire des dons. «Ce type d’actions est nécessaire, mais à ce moment-là, il est obligatoire de flouter les visages et respecter l'anonymat des bénéficiaires dans la mesure», note-t-elle.

L’experte précise que la première motivation de toute action humanitaire est de préserver la dignité de l'humain, ce qui est totalement contradictoire au fait d'exposer l'identité des bénéficiaires. Sur la même longueur d’onde, Hicham Mounib, coach et co-fondateur de l'École de l'Être, estime qu’en partageant les actions humanitaires sur les réseaux sociaux, il est primordial d’avoir cette approche orientée vers celui qui en bénéficie. «Le petit bémol dans ce type de publications c’est qu’on voit que les bienfaiteurs, que ce soit des youtubeurs ou autres, sont un peu plus mis en avant par rapport à l’action de bienfaisance elle-même et c’est là où ça commence à être dérangeant», regrette-t-il. Hicham Mounib insiste sur le fait que toute publication humanitaire doit avoir pour principal objectif d’inciter les citoyens à adhérer à cet élan de solidarité. Il souligne, à cet égard, que les photos et les vidéos partagées doivent aussi permettre de donner un numéro de téléphone ou une adresse précieuse, mais aussi et surtout de démonter qu’un montant collecté a bien été distribué.

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