Le Matin : Qu'avez-vous ressenti en apprenant votre convocation en équipe nationale pour la première fois de votre carrière ?
Azzedine Ounahi : Énormément de fierté. C’est un rêve d’enfant que je réalise. J’ai travaillé dur dans mon club pour pouvoir jouer en équipe nationale. Être dans la liste pour la CAN, c’est bien, mais il faut bien se préparer pour aller le plus loin possible.
Comment a été l’accueil de vos coéquipiers en équipe nationale ?Je suis très bien accueilli par le staff technique. Je connais déjà certains joueurs comme Soufiane Boufal qui joue avec moi en club et Nayef Aguerd qui évolue à Rennes. Cela m’a facilité l’intégration.
Soufiane Boufal vous parlait-il de l’ambiance en équipe nationale quand il rentrait des stages avec la sélection ?Je suis très attaché à la sélection nationale. Mon rêve c’était de porter ce maillot. À chaque fois que Soufiane rentrait de sélection, je lui demandais comment ça se passe avec le coach, le staff et les joueurs. Il me disait toujours qu’il y a une bonne ambiance dans le groupe et qu’il s’entend bien avec tout le monde.
Les Lions de l’Atlas ne sont pas les favoris de la CAN, est-ce que vous croyez qu’on peut aller jusqu’au bout ?Ce que je peux vous dire, c’est que le groupe travaille bien. L’équipe a eu d’excellents résultats lors des éliminatoires de la CAN et de la Coupe du monde. Maintenant, c’est une nouvelle compétition qui débute. On sait très bien que la CAN est une compétition très dure. À nous de répondre présents sur le terrain. Si on va avec la rage et l’envie de défendre crânement ce maillot, on fera de grandes choses.
Avec le Ghana, le Gabon et les Comores dans le groupe, quel est l’adversaire le plus dure ?Je pense qu’il faut jouer match par match. Il n’y a pas de petites équipes qu’on va gagner facilement. Tous les matchs seront difficiles. Il faut jouer tous les matchs à 200%. Il ne faut surtout pas commencer raisonner en distinguant tel ou tel équipe. Il faut bien commencer la compétition face au Ghana pour faire le plein de confiance. Il ne faut pas trop calculer.
Comment s’est passé votre premier contact avec Vahid Halilhodzic ?Tout s’est très bien passé. Il m’a mis à l’aise.
C’est-à-dire ?Il m’a dit qu’il allait me convoquer en sélection, eu égard de mes performances en club. Je lui ai dit que c’est une fierté pour moi que de porter ce maillot. J’étais prêt. J’attendais cette convocation depuis longtemps. Je lui ai montré que j'étais prêt à tout donner en équipe nationale.
Est-ce que le jeu physique des sélections africaines n’est pas un handicap pour un joueur technique comme vous ?Vous savez que la Ligue 1 est un championnat physique. D’ailleurs, plusieurs joueurs africains qui vont disputer la CAN viennent de la Ligue 1. C’est à moi de continuer de jouer simple, bien anticiper, être bien placé pour trouver les bonnes solutions. En Ligue 1, je joue constamment avec des milieux de terrain qui font trois fois mon poids et trois fois ma taille et je réussis toujours à garder ma place de titulaire. J’ai un grand volume de jeu et ma technique me fait éviter les duels. Je me déplace très bien sur le terrain et je joue intelligent. Ce n’est pas mon physique qui va m’empêcher de devenir un grand joueur.
D’Avranches en National l’année dernière, vous signez pour quatre ans au SCO d’Angers et ensuite vous arrivez en équipe nationale, avez-vous conscience de ce qui vous arrive en un laps de temps très court ?C’est vrai que tout va très vite. Je passe du National en Ligue 1 et à la sélection nationale en six mois. Ça veut dire que mes choix de carrière sont bons, mais il est trop tôt pour faire un bilan. Je n’ai que 21 ans, je garde les pieds sur terre et je continue de travailler pour préparer les prochains matchs en club et en sélection. Le chemin est encore très long. Je suis lucide par rapport à ce qui m’arrive en ce laps de temps assez court.
On parle beaucoup de votre grand volume de jeu, est-ce que c’est quelque chose que vous travaillez ou est-ce inné ?C’est un truc que j’ai travaillé à l’Académie Mohammed VI de football où je finissais toujours premier. Et même au club, on a fait les tests VMA et je suis arrivé deuxième. C’est quelque chose d’inné. Depuis que j’étais petit, j’avais ce gros volume de jeu. Je suis quelqu’un qui court beaucoup et qui répète les efforts. En Ligue 1, je finis les matchs à 13 km et j’ai même terminé le match contre l’Olympique de Marseille à 14 km.
Qu’est-ce que vous avez conservé de votre passage à l’Académie Mohammed VI ?Je peux dire que mon passage à l’Académie a été très bénéfique. Là-bas, on travaille un peu comme les clubs européens. Ça nous permet de gagner du temps dès qu’on arrive en Europe. La méthode de formation est similaire à celle des clubs d’Europe. Au Maroc, rares sont les clubs qui ont des structures pour les jeunes, à part le FUS qui sort de jeunes joueurs. Il n’y a que l’Académie si on veut devenir un vrai joueur professionnel. En plus, on suit nos études. Bref, on a tout à l’Académie pour réaliser nos rêves. J’y ai appris beaucoup de choses et j'y ai bien progressé en tant que joueur. Avant, j’étais un joueur qui jouait juste quand il avait ballon. Quand je suis rentré à l'Académie, j’ai compris que je devais jouer avec ou sans ballon et qu’il fallait faire des efforts pour l’équipe.
Avant d’entrer à l’Académie, est-ce que vous avez évolué dans un club marocain ?Ça c’est la question piège. Vous savez que tout le monde dit que j’étais au Raja de Casablanca en 2008.
Non je ne savais pas ? Étiez-vous au Raja alors ?La vérité est que j’étais au Raja dans les minimes. J’ai fait un an au club, avec le coach qui s’appelle Rochedi. J’ai joué le championnat avec eux. J’étais bien là-bas. Après, je suis parti à Mirofoot à Lissasfa. Je suis resté six mois et ensuite je suis retourné au Raja, mais je n’ai pas joué le championnat, parce que j'étais arrivé en retard. Je ne faisais que m’entraîner avec le club. L’année où je suis revenu au Raja, j’ai disputé la Coupe Danone et l’année suivante je suis rentrée à l’Académie.
Quelles sont vos ambitions cette saison avec votre club ?On a très bien démarré la saison. On a pris pas mal de points, mais c’est un peu compliqué sur la fin avec deux défaites en championnat et l’élimination en Coupe de France. Il faut qu’on remonte au classement, parce qu’on a un groupe de qualité, et si on finit dans le top 10, ce serait une bonne chose. On sait que cette année, la Ligue 1 est très serrées. Si tu gagnes, tu prends trois points et tu te retrouves parmi les équipes de haut de tableau, mais si tu perds, tu dégringoles.
Et à titre individuel ?Je vais continuer à travailler dur pour avoir beaucoup de temps de jeu et améliorer mes statistiques. Je dois être encore plus efficace et me projeter plus vers l’avant.
Quels sont les aspects de votre jeu que vous voulez améliorer pour être plus performant ?Il faut que j’améliore encore ma condition physique pour être plus dur sur l’homme, notamment dans les duels. J’ai confiance en mes qualités techniques et mon parcours le prouve, mais il faut que je continue à progresser. Aucun joueur n’est complet. Je ne peux pas me satisfaire du fait que je suis un joueur technique et que ma technique va m’aider tout le temps. Il faut que je continue à travailler et c’est le travail qui paie.
Un mot sur votre coach Gérald Baticle ?C’est un coach qui aime les joueurs techniques. Il aime le beau jeu. Il cherche toujours à jouer vers l’avant. Il a des principes. Il veut qu’on progresse à chaque match. C’est un coach qui n’aime pas perdre et qui a beaucoup d’ambition. C’est ce qui explique pourquoi nous avons un bon groupe et que les joueurs font des efforts les uns pour les autres. Il aime qu’on défende à onze et qu’on attaque à onze. C’est un coach qui ne va jamais calculer et dire voilà, ce match-là, on va rester derrière et on va contrer. C’est un coach qui a des principes et qui se porte toujours vers l’avant. Si on regarde les statistiques de Ligue 1, on est la deuxième équipe qui tente le plus de passes vers l’avant ? on est la cinquième au niveau de la possession de ballon. Tout cela prouve qu’il a beaucoup d’ambition.