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La bande dessinée : un art en mal de formation au Maroc

Les jeunes Marocains sont de plus en plus séduits par l’univers de la bande dessinée. Néanmoins, l’offre en BD marocaines reste très limitée. C’est pour cela que les férus de cet art se retournent vers le manga ainsi que les BD internationales. Afin de parler de ce sujet, le journaliste et écrivain Ouadih Dada a animé le 8 juin à Rabat une conférence autour de «la bande dessinée et le manga au Maroc». La rencontre organisée dans le cadre du 27e édition du Salon international de l'édition et du livre a réuni Patricia Defever, éditrice et directrice de Langages du Sud, avec l’illustrateur et auteur de BD Yassine Hejjami.

La bande dessinée : un art en mal de formation au Maroc

Le scénario, un critère de réussite dans la BD

Pour ces deux professionnels de la bande dessinée, le développement d’un environnement professionnel est le principal élément pour le décollage du 9e art au Maroc. Pour ce faire, l’État devrait soutenir la formation des jeunes notamment pour la création de scénario. Selon Patricia Defever, il n’y a pas que le dessin dans la bande dessinée. Le type d’histoire est également important. «Il faut savoir scénariser les histoires, affirme-t-elle. Et pour ce faire, il faut entourer les jeunes et renforcer la formation. Il y a de très bonnes écoles au Maroc comme celle de Tétouan mais il faut développer tout l’environnement», explique la spécialiste dans le contenu littéraire et artistique. Même son de cloche auprès de Yassine Hejjami. «La formation permet de passer d’un passionné à un professionnel». Pour souligner l’importance du scénario dans une BD, ce lauréat de l’École supérieure des Arts de Liège rappelle qu’une bande dessinée allie l’image et le texte.

«Dans un roman, on doit tout imaginer alors que dans une BD on propose l’intérieur de l’artiste avec sa sensibilité, ses émotions, sa conception des décors,… On transmet des émotions, une ambiance,… On plonge le lecteur dans un univers qui le rapproche de l’auteur». Yassine Hejjami demande que la BD, une sorte de cinéma sur papier, soit traitée comme le 7e Art. L’illustrateur et créateur de bandes dessinées marocain conseille aux jeunes désirant se lancer dans ce domaine de développer d’abord leur imaginaire. «Les étudiants doivent regarder beaucoup de films». Pour lui, la découverte de films et de bandes dessinées de différentes cultures permet de dépasser les tabous et de casser les barrières, un aspect important pour le développement du 9e art au Maroc. De même, il appelle à ouvrir les portes aux professionnels d’autres pays afin de créer de belles interactions. «Il faut que les jeunes aient à leur disposition un panel graphique visuel varié de différentes cultures pour les aider à développer leur propre style».

L’initiation à la BD passe d’abord par l’école

Patricia et Yassine ont aussi souligné l’importance d’initier les jeunes à la BD sur les bancs de l’école. Cette démarche aide à former un public qui aime la lecture, assoiffé des nouvelles créations. Pour eux, on peut commencer dès le préscolaire en proposant aux enfants des livres de manière ludique. Les manuels scolaires, selon Yassine Hejjami, devraient aussi inclure la bande dessinée et un contenu plus attractif. Les deux professionnels attirent aussi l’attention sur l‘importance d’encourager les jeunes talents au niveau de la famille et des établissements scolaires. «On ne doit plus juger les jeunes qui désirent faire des études de graphisme», a affirmé Yassine Hejjami. Pour lui, ce n’est pas un signe d’échec mais un choix de passionné.

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Les mangas, une chance pour le développement de la BD au Maroc

Selon Yassine Hejjami, l’auteur de bandes dessinées au Maroc se sent seul. «Il faut d’abord se battre pour apprendre la technique du travail puis pour promouvoir ses créations. Certains illustrateurs se découragent d’eux-mêmes et changent de métier. Or, il ne faut pas lâcher prise». Pour lui, les jeunes marocains lisent déjà du manga ; il faut juste leur proposer un contenu attractif. Selon Patricia Defever, les mangas sont la chance de la bande dessinée au Maroc. Ils les plongent dans le monde de la BD et les aident à casser les codes. «Un livre sur 4 vendus dans le monde est une BD et là-dedans 1 sur 2 est un manga. C’est une explosion colossale en termes de développement». Dans ce contexte, les professionnels marocains n’ont qu’à proposer un contenu inspiré de la richesse du Maroc : ses villes, son patrimoine, ses histoires… «Les Marocains n’ont pas leurs propres BD donc ils se tournent vers les mangas et aventures qui ne les concernent pas. Si on propose un contenu sur leur quotidien marocain, les gens seront certainement séduits», affirment Patricia et Yassine. Pour ces deux professionnels, les BD marocaines doivent être soutenues par une stratégie d’accompagnement comprenant par exemple la création de dessins animés, affichage, figurines… Et ce en respectant la qualité. L’engouement des Marocains pour les réseaux sociaux est aussi à utiliser afin de promouvoir des bandes dessinées bien de chez nous.
 

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