«Les entreprises, pour prospérer, ont besoins de trois éléments à savoir le capital pour commencer, la dette plus tard et l’assistance technique à tout moment», c’est ce qu’a souligné Flavia Palanza. La directrice des opérations de la Banque européenne d’investissement (BEI) dans les pays voisins de l’Union européenne s’exprimait, jeudi à Casablanca, lors de la deuxième conférence Morocco 2021 consacrée au financement des PME. «L’importance du capital externe, en l’occurrence celui des venture funds, n’est pas uniquement l’apport de l’aide financière mais également l’expertise. Quand un fonds d’investissement prend une participation, il prend également part à la gestion de l’entreprise et peut aiguiller l’entrepreneur dans le bon sens», note-t-elle. D’ailleurs, pour accompagner les banques locales, la BEI travaille, actuellement, en partenariat avec la Commission européenne, sur un programme dédié au financement.
Baptisé Trade competitiveness, il cible des entreprises commerciales entrant dans la ligne de valeur des échanges commerciaux. Pour le Maroc, trois secteurs ont été ciblés. Il s’agit de l’agriculture, le textile et l’automobile. «Ce que nous faisons, c’est de mettre le prêt, avec des conditions avantageuses pour l’entreprise, la garantie et l’assistance technique, aussi bien pour les banques que les PME, dans un même package que nous proposons aux institutions bancaires», développe la directrice. Une approche globale qui devrait être opérationnelle cette année et au cours des années prochaines. Pour Flavia Palanza, le secteur privé doit être au cœur de la reprise économique du Maroc. «La charte promulguée par Sa Majesté le Roi vise l’investissement privé qui devrait atteindre les deux tiers de l’investissement total d’ici 2035 et cet objectif ne peut être atteint qu’avec l'implication des différents acteurs de l’économie nationale», souligne-t-elle.
Pour ce faire, la BEI s’engage à développer son rôle auprès des banques, des fonds d’investissements et des institutions de microfinance. Objectif : permettre aux banques de jouer pleinement leur rôle et contribuer au développement du tissu économique du pays. «Nous, à la BEI, nous ne finançons pas directement les entreprises. Nous intervenons soit en prenant des parts dans les ventures capitales, soit en accordant aux banques de la place des prêts intermédiaires et donc des lignes de crédit pour qu’elles puissent accorder des ressources aux entreprises», note-t-elle. La banque européenne de l’investissement réalise en outre des soutiens ciblés. Au Maroc, les prêts intermédiaires de la BEI représentent un tiers de ses financements, dont le plus récent est celui accordé à CIH Bank, l’année dernière. P
our ce qui est de la micro-finance, la BEI est présente au Royaume avec des prêts et de l’assistance technique, à travers du mentoring, afin de permettre aux populations vulnérables et rurales d’entrer dans le monde de la production et de l’investissement formel. Sur la question du prêt bancaire, Flavia Palanza souligne l’importance d’aider les banques à soutenir les PME : «Il faut permettre aux banques d’assumer le risque et ceci peut-être fait de deux façons. D’abord en fournissant des garanties pour prendre une partie du risque et ensuite en les accompagnant dans la compréhension du secteur où opère l’entreprise».
Enfin, la directrice des opérations de la BEI précise qu’il faut tout de même faire très attention au niveau des efforts de subventions pour que les banques puissent assurer la qualité de leur bilan et ne pas augmenter la vulnérabilité du secteur bancaire.