Menu
Search
Jeudi 28 Mars 2024
S'abonner
close
Accueil next Société

Cartables lourds : La digitalisation, une piste pour alléger le poids physique et financier, mais pas dans l'immédiat

Comme à chaque rentrée scolaire, les parents et les enfants redoutent le poids lourd des cartables scolaires. Les messages de dénonciations se multiplient que ce soit par rapport au poids physique ou financier des cartables. Et si la digitalisation apportait un début de solution à cette double problématique ? Remplacer les manuels par des tablettes numériques doit réduire le coût financier pour les parents et le poids pour les enfants. La solution est intéressante, mais reste difficile à appliquer actuellement dans le contexte marocain.

Cartables lourds : La digitalisation, une piste pour alléger le poids physique et financier, mais pas dans l'immédiat
Un enfant devrait en moyenne porter un cartable n’excédant pas 10% de son poids, selon les spécialistes.

Ça y est, c'est la rentrée ! Les enfants reprennent le chemin de l’école dès ce lundi 5 septembre. Absorbés par les derniers préparatifs, les parents constatent déjà que leurs enfants seront amenés à porter chaque jour, et durant toute l’année scolaire, des cartables lourds dont le poids pourrait atteindre, en moyenne, 8,5 kg, d’après certains parents. «Un poids bien trop excessif pour un enfant qui devrait en moyenne porter un cartable n’excédant pas 10% de son poids, autrement dit 3,4 kg pour un élève de 11 ans par exemple», constate Laila Tami, pédiatre. Et d’ajouter qu’un cartable lourd peut causer des répercussions physiques assez graves comme la déformation du squelette, la compression respiratoire, le déséquilibre dans la marche ou encore les scolioses et les lombalgies. «Le problème c’est qu’au fil des semaines et des mois, les fournitures s’accumulent rendant leurs sacs encore plus lourds», regrette Khadija, maman de deux enfants inscrits en primaire dans un établissement privé. Habitant plus loin de l’école, cette maman a choisi d’abandonner l’idée du transport scolaire pour déposer ses enfants elle-même à l’école et porter leurs deux cartables, sachant qu’elle travaille. Autant dire que la problématique pèse tout autant pour les parents que pour les enfants.

C’est ce que nous confirme Houda Iflahen, enseignante. «La rentrée scolaire au Maroc suscite chaque année énormément de débats, notamment par rapport au poids lourd des cartables qui pèse physiquement pour leurs enfants avec un nombre considérable de livres et de cahiers», souligne-t-elle. Pour la spécialiste, «la qualité et la pertinence des savoirs doivent l’emporter sur la quantité». Sur ce volet, ajoute-t-elle, «on constate souvent que les manuels programmés dans les différents niveaux scolaires sont principalement réalisés par des personnes qui n'ont aucun contact avec le travail au sein de la classe, ni une connaissance des différentes lacunes et encore moins ce dont les élèves ont besoin de connaître pour parfaire leurs connaissances et compétences». Le constat dressé par Houda Iflahen est alarmant : les enseignants ainsi que les apprenants se trouvent devant des manuels souvent imbus d'informations et de choses qui encombrent leurs cerveaux plutôt que de les illuminer. Pour pallier cette réalité, la spécialiste estime qu’on devrait impliquer les gens du terrain et viser l’essentiel et le nécessaire pour les apprenants.

Et si l’on misait sur le numérique ?
Les cartables lourds et la cherté des fournitures scolaires sont donc les deux problèmes auxquels sont confrontés les parents cette année. N’est-il pas temps de penser à l’emploi de tablettes numériques à la place des manuels scolaires ? «C’est une bonne solution, certes, mais elle reste difficile à appliquer actuellement dans le contexte marocain», souligne Jihane El Korchi, spécialiste dans l’accompagnement des élèves et des enfants. Et d’ajouter que les enseignants ne sont pas tous formés pour l’application des nouvelles technologiques. Pour Houda Iflahen, «la digitalisation serait, certes une solution parfaite pour résoudre le problème des cartables lourds dans la mesure où les élèves auront moins de manuels à porter, mais il faut voir le revers de la médaille».

À ce titre, elle indique que des questions restent soulevées, notamment si tous les parents avaient les moyens pour acheter des tablettes, des ordinateurs et s’ils pourraient aussi payer les montants jugés parfois excessifs pour avoir la connexion à la maison. «Il faudrait aussi vérifier si les professeurs sont qualifiés pour assurer les cours avec ce nouveau mode d’enseignement, sachant qu’en temps de la Covid-19, les expériences avaient vécu une expérience pleine de mauvaises surprises et de mauvais résultats», témoigne-t-elle. Les deux spécialistes en enseignement et en accompagnement des élèves contactées par «Le Matin» à propos de ce sujet estiment qu’il faudrait alterner petit à petit entre les nouvelles et les anciennes méthodes. Elles recommandent, en revanche, que les méthodes et les moyens utilisés au sein des établissements scolaires doivent être réétudiés et réexaminés en permettant, notamment à l’apprenant de laisser ses affaires dans les casiers et en lui donnant moins de devoirs à faire à la maison. Les établissements scolaires ont intérêt à fournir des efforts, non seulement pour former les élèves, mais aussi et surtout pour les aider à préserver leur santé mentale et physique, partant du principe qu’un esprit sain doit être dans un corps sain.

Lisez nos e-Papers