Le Matin : Parlez-nous un peu de ce projet que vous venez de présenter au ministère de la Jeunesse, de la culture et de la communication ?
Hamza Mehimdate : J’ai entamé ce projet en 2017 avec les Casbahs du Maroc, en créant un site électronique (en arabe, amazigh et français), où il y a des photos et des résumés de présentations de chaque site. Au départ, j’avais commencé avec une exposition de photos et des capsules vidéo que j’ai réalisées durant ma tournée au Maroc. Mais, comme j’avais beaucoup de photos que je ne pouvais exposer, j’ai pensé qu’il était plus logique d’en faire profiter un large public et autres chercheurs et historiens par le biais d’un site électronique. Elles pouvaient de ce fait servir de référence académique qui donne l’histoire d’un lieu précis avec tous les détails dont a besoin un scientifique. Mais, le projet que je viens de présenter au ministre de la Jeunesse, de la culture et de la communication, Mehdi Bensaid, a été agrandi à d’autres sites historiques du Maroc.
Est-ce que le site des casbahs a connu une affluence de la part des visiteurs ?Au début, les visites n’étaient pas très nombreuses. Mais, avec le temps, le nombre a de plus en plus connu une grande augmentation. Il y a eu aussi des partages de photos. Il y avait même des visiteurs, en trouvant mon contact sur le site, qui me téléphonent pour me demander si ces casbahs sont ouvertes. Ces derniers temps, j’ai remarqué qu’il y a, également, des visiteurs de l’Amérique latine, comme la Colombie, le Brésil et autres qui sont intéressés par le patrimoine marocain.
En visitant ces lieux lors de votre tournée photographique, qu’avez-vous découvert à propos de ces casbahs ?J’ai découvert qu’elles avaient une histoire antique, une histoire amazighe avec des noms en langue amazighe. Donc, en photographiant ces lieux, j’essaye d’immortaliser une histoire très importante de notre pays, à travers ce patrimoine matériel, puis donner une valeur à ces casbahs pour que leur histoire et leur richesse soient connues aussi bien au Maroc qu’à l’étranger.
Donc, ce site pourra aussi être un moyen pour attirer des touristes étrangers ?Effectivement, si on veut attirer des touristes au Maroc, on doit investir dans ce genre de projet, par le biais du ministère de tutelle en partenariat avec le ministère du Tourisme pour travailler sur ces sites historiques et les numériser. Il nous faut une plateforme digitale.
C’est l’étude de cette plateforme que vous venez de présenter au ministère de la Culture ?Oui, c’est le projet de cette plate forme digitale qui va rassembler les casbahs de tout le Maroc, en plus des oasis et gravures rupestres, ainsi que tout ce qui rentre dans le cadre de l’histoire de notre pays. Car, rien que pour les casbahs, nous avons plus de trois cents qui possèdent une histoire séculaire. Puis, il y a les gravures rupestres qui peuvent dévoiler beaucoup de choses qu’a vécues l’homme ancien. Pour tous ces sites, le ministère a déjà des textes écrits par des chercheurs et historiens. Ces textes doivent être enrichis par des photos et des reportages vidéo pour être présentés dans cette plateforme digitale. Celle-ci peut aussi contenir le patrimoine immatériel, et ce en plusieurs langues afin d’être accessible au monde entier. Cette plateforme peut attirer des investisseurs dans le domaine du cinéma, des chercheurs, des archéologues, des touristes des quatre coins de la planète… car le Maroc regorge de cultures très diversifiées.
Quelles sont les étapes à suivre pour réaliser ce projet ?J’ai commencé avec le site dans ce projet. Ce site pourra devenir une plateforme sur plusieurs étapes. On va commencer avec les casbahs qui seront présentées en premier lieu, puisqu’elles sont déjà prêtes avec la publication d’un beau livre qui leur sera consacré. Puis, on passera aux oasis et ensuite les gravures rupestres de la même manière. Si le projet est lancé, on peut réaliser une thématique chaque saison culturelle.
En termes de financement, que vous faut-il pour réaliser ce grand projet ?Il faut un soutien financier de plusieurs secteurs, notamment du ministère de la Culture, de celui du Tourisme. Ces deux ministères sont les plus concernés par ce projet.
Vous parlez d’équipe pour réaliser ce projet. Quels sont les autres membres de cette équipe ?En plus de moi pour la prise des photos et des vidéos, il y aura des professeurs et des chercheurs qualifiés qui auront la tâche d’écrire les contenus des textes.
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Parcours
Passionné par la photographie depuis son jeune, Hamza Mehimdate a décidé d’en faire sa profession. Ainsi, depuis qu’il a obtenu son diplôme de l’Institut spécialisé des technologies appliquées à Rabat, il n’arrête pas de se perfectionner pour devenir un artiste-photographe reconnu. Il a participé à de nombreux ateliers de formation, des concours et expositions, notamment son beau projet sur «Les casbahs marocaines : magie et beauté de l’histoire» qu’il veut élargir à tout le patrimoine marocain. Comme il a participé à plusieurs concours, dont celui de Naser Ben Hamed (2016), suivi de sa détention du Prix Brukmer Golden Artistic Awards à Bruxelles (2017). Une photo à lui avait été, aussi, sélectionnée pour figurer dans l’ouvrage «Les meilleures photos du monde» (2018 – France) du programme de l’Unesco. Et ce suite au concours «Regard de la jeunesse sur les Routes de la soie» sur la thématique des sports et jeux traditionnels, où il a pris la «Tbourida» comme jeu artistique et beau spectacle traditionnel.