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Mardi 07 Mai 2024
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Certification des crédits carbone : quels sont les enjeux pour le Maroc et comment il compte les gagner

Avec le développement du système d’échange de droits d’émission de gaz à effet de serre, la certification des «crédits carbone» s’impose comme une impérieuse nécessité. Ainsi, les États les moins polluants ont tout intérêt à certifier leurs «crédits carbone» pour être en mesure de les commercialiser et d’en tirer des revenus substantiels, d’où l’importance de mettre en place des «Registres». Au Maroc, ce registre est détenu par «Darna Labs» suivant les standards les plus élevés en la matière. Objectif : assurer aux entités publiques et privées marocaines et africaines une certification de pointe mondialement reconnue de leurs crédits carbone par des compétences 100% marocaines.

Certification des crédits carbone : quels sont les enjeux pour le Maroc et comment il compte les gagner
Le maroco-américain, David Amar, fondateur de «Darna Labs».

Pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, le protocole de Kyoto, entré en vigueur en 2005, a établi un système de quotas d’émission et un mécanisme d’échange de ces derniers entre ceux qui les excèdent et ceux qui ne les dépassent pas, en vue d’établir un équilibre. D’où la nécessité de vérifier et de certifier les «crédits carbone» avant leur mise sur le marché. Au Maroc, c’est au registre «Darna Labs» qu’incombe cette activité, laquelle est assurée par des professionnels purement marocains. 

«Les crédits carbone provenant du Maroc doivent être les plus appréciés au monde»

Fondée en 2022 aux États-Unis par le Maroco-Américain David Amar, «Darna Labs» (Notre maison) a pour principal objectif de faire en sorte que les crédits carbone du Maroc soient parmi les plus intéressants au monde s’agissant de la rigueur et la conformité de leur certification. «Et pour cela, nous serons plus catholiques que le Pape», déclare M. Amar au «Matin».  «Nous opérons conformément aux normes établies par la Convention-Cadre des Nations unies sur les changements climatiques et la Banque mondiale. Nous voulons vérifier, mesurer et certifier les crédits carbone dans les règles de l’art, à l’écart des fraudes qui sévissent dans certaines régions du monde», souligne le CEO & Founder de Darna Labs. En fait, poursuit-il, le prix d’un crédit carbone, qui équivaut à une tonne de CO2 évitée, peut fluctuer de 3,5 dollars par tonne en provenance de Chine à 10-12 dollars par tonne en provenance de Suède, par exemple. «D’où l’importance pour les entités marocaines, qu’il s’agisse d’entreprises privées, d’administrations ou de collectivités locales, d’avoir des crédits carbone dûment certifiés en raison des recettes conséquentes qu’elles en tireront». 

Certification des crédits carbone : comment ça marche ?

Si une entreprise «X» se lance dans un processus de décarbonation et acquiert des panneaux photovoltaïques auprès d’une entreprise «Y» d’un pays donné, les professionnels de «Darna Labs», et après validation du projet par le Société d’ingénierie énergétique (SIE), procèdent à des vérifications approfondies, par exemple en commandant directement un panneau photovoltaïque à cette même entreprise pour s’assurer qu’elle produit effectivement le bon rendement de kilowattheures. «Le projet est ensuite soumis à une période de surveillance par nos professionnels qui peut aller jusqu’à deux ans avant la certification de ses crédits carbone. Dans certaines régions du monde, cette certification est délivrée après quelques mois. Vous comprenez pourquoi nous parlons de fraude dans ce domaine», nous explique encore M. Amar.

Des métiers d’avenir pour les compétences marocaines

«Darna Labs», en plus de rendre le Maroc autonome pour la certification de ses crédits carbone, ouvre la voie aux compétences marocaines pour intégrer cet univers. Les premières promotions de techniciens marocains de Darna Labs se rendront aux États-Unis pour recevoir le mentorat de leurs confrères américains et bénéficier ainsi d’un haut niveau de formation dans ce domaine. Le registre a également conclu une convention avec l’École supérieure de technologie d’Essaouira pour commencer à former des techniciens à partir de 2023. D’autres conventions similaires seront conclues avec d’autres établissements supérieurs dans un avenir proche.

Les crédits carbone, une manne importante pour les entreprises et les administrations marocaines

La vente de crédits carbone sur le marché mondial du carbone peut être une source de recettes importante pour les entreprises privées, les administrations, les Offices, les collectivités territoriales, etc. Dans le cas de l’Office national de l’électricité et de l’eau potable, par exemple, la décarbonation du kilowatt (produit pour le moment essentiellement à base de charbon) lui permettra de dégager des crédits carbone qui pourront se vendre sur le marché mondial. Cela lui permettra de générer des revenus importants grâce auxquels il sera en mesure de réduire, voire se passer des subventions de l’État. En d’autres termes, la vente de ces crédits carbone permettra à ces entités, qu’elles soient publiques ou privées, de disposer d’une véritable rente régulière.

La commercialisation des crédits carbone, une opportunité aussi pour le secteur financier marocain

La commercialisation des crédits carbone représente également une grande opportunité pour le secteur financier marocain. «Les courtiers internationaux prélèvent des commissions allant jusqu’à 20, 30 et même 40% de la vente de ces crédits. Pourquoi ne pas faire appel à des Marocains pour le faire au profit d’entreprises marocaines et africaines ?» s’interroge M. Amar. «Avoir une Trading platform for sustainable carbon credits à la Bourse de Casablanca, cela revient à couvrir l’ensemble de l’Afrique. Pourquoi allons-nous laisser nos amis africains, après les avoir aidés à décarboner certaines activités, se tourner vers la Bourse de Londres pour vendre leurs crédits carbone ? Pourquoi ne pas le faire ici», s’interroge encore M. Amar. Et heureusement, le secteur financier marocain est en train de prendre conscience de cette opportunité et de se mobiliser dans cette direction. «Lors d’une récente réunion avec les responsables d’Attijariwafa bank, ils nous ont fait part de leur intention d’ouvrir un carbon trading desk. Je trouve cela très intéressant», se réjouit le fondateur de Darna Labs.

Les exportateurs marocains peuvent payer la taxe carbone par leurs crédits carbone

Un autre grand avantage associé aux crédits carbone certifiés a trait à la taxe carbone à la frontière de l’Union européenne qui entrera en vigueur en 2023. En effet, les exportateurs marocains qui disposent de crédits carbone vont pouvoir s’acquitter de cette taxe au moyen de ces crédits. Cela signifie qu’en fin de compte, le bilan financier de ces exportateurs ne sera pas impacté par cette taxe et pourrait même être bonifié grâce à la vente de crédits carbone.

Darna Labs s’engage en faveur des toutes petites entreprises et des startups

Pour les toutes petites entreprises et les startups qui n’ont pas les moyens de s’engager dans un processus de décarbonation de leurs produits ou leurs chaînes d’approvisionnement, Darna Labs a prévu un programme de «Give back» en leur faveur.  Grâce à ce programme, «Darna Labs va consacrer un pourcentage des revenues de chaque projet certifié à l’appui des petites entreprises dans leur efforts de décarbonation», tient à souligner le Country manager de Darna Labs, Fadoua Brour. 
 

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