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Gestion des chiens errants : Une jeune Marocaine défend la méthode TNVR

Pour assurer une prise en charge efficace du phénomène des chiens errants dans les villes, la méthode TNVR (capturer, stériliser, vacciner avant de relâcher un chien) reste la plus optimale pour l'ensemble des acteurs impliqués dans la gestion de ce problème. C'est également la conviction de Sara Ouaddi, une jeune étudiante à l’Université de Brown, qui vient de réaliser un projet dans ce sens à Madinat Errahma dans la région de Casablanca-Settat. Grâce à une bourse qu’elle avait obtenue de «Davis Projects For Peace», elle a pu vacciner, à ce jour, 80 chiens et stériliser plus d’une quarantaine pendant cinq semaines de travail acharné. Une belle expérience à partager !

Gestion des chiens errants : Une jeune Marocaine défend la méthode TNVR

La prise en charge de la problématique des chiens errants, souvent regroupés en hordes dans un quartier, continue de mobiliser bon nombre d'acteurs locaux et notamment la société civile. Courant l’été dernier, une jeune étudiante de troisième année en Biologie cellulaire et moléculaire à l’Université de Brown, Sara Ouaddi, très touchée par ce souci de société, a décidé d’employer la bourse qu’elle avait obtenue de «Davis Projects For Peace» pour mettre en place un programme de stérilisation et de vaccination des chiens errants, principalement à Madinat Errahma dans la région de Casablanca-Settat.

Convaincue que les solutions utilisées à ce jour, notamment l’abattage et l’empoisonnement, restent contreproductives, Sara a opté pour la méthode dite TNVR qui consiste à capturer, stériliser, vacciner et relâcher. En plus de sa bourse, dont le montant était d’environ 89.000 DH, Sara a dû collecter d’autres fonds, voire recourir à une contribution familiale pour réaliser son projet à un coût de 110.000 DH. Le projet a fini par séduire une trentaine de jeunes lycéens âgés de 14 à 17 ans.

«Ils étaient tous passionnés pour la cause et ont donc participé à une formation sur la sensibilisation à la rage et au principe de la vaccination pour la lutte contre la rage», indique Sara dans une déclaration accordée à «Le Matin». Et d’ajouter que son action TNVR, qui a débuté en juin dernier, a permis de vacciner 80 chiens et de stériliser une quarantaine de chiens femelles et une dizaine de males, et ce en cinq semaines de travail acharné. «Les chiens étaient extrêmement craintifs et n’avaient pratiquement pas d’expérience avec l’humain», note-t-elle, avant de préciser que pour capturer un seul chien, il lui a fallu un mois de travail, le temps d’apprendre son caractère et ses habitudes. Une expérience riche en apprentissage, selon notre jeune talentueuse qui ne cachait pas qu’elles n’hésitaient pas à recourir, le cas échéant, à des somnifères pour réussir à capter les chiens.

«Une fois capturé, ils étaient transportés chez l’un des trois vétérinaires avec qui on travaillait pour qu’ils soient stérilisés, vaccinés et déparasités avant qu’on leur mette une boucle à l’oreille», détaille la jeune qui ne cache pas sa joie de pouvoir contribuer activement au bien de son pays. Après un ou deux jours chez le vétérinaire, explique-t-elle, les chiens étaient dans la plupart du temps transportés vers une pension et leur convalescence durait au moins dix jours. «Un contrôle est assuré chez le vétérinaire avant de les relâcher», confirme-t-elle.

Le TNVR, une solution urgente
Malgré l’effort réalisé par Sara et son équipe, celle-ci reconnait que cela reste insuffisant au regard de la problématique que posent les chiens errants dans les quartiers. Au Maroc, on compte d’ailleurs un minimum de deux millions de chiens errants qui se regroupent, se reproduisent vite et constituent une menace pour la santé publique.

Pour Sara, la mise en place du TNVR est la solution unique pour y faire face. «Les différentes méthodes utilisées à ce jour ont montré leurs limites : elles consistent uniquement à vider le territoire de sa meute originale, soit en tuant les chiens, soit en les déplaçant. Le problème qui se pose c’est qu'une fois vidé, le territoire va toujours attirer de nouvelles meutes au bout de quelques semaines ou de quelques mois et celles-ci vont se battre pour leur nouveau refuge», explique-t-elle. Et d’ajouter que puisqu’il s’agit des chiens, ceux-ci vont certainement se battre par morsure, ce qui présente un grand risque de transmission de la rage.

La méthode TNVR, souligne-t-elle, reste efficace puisqu’elle part du principe qu’une meute empêchera une autre de conquérir le territoire. «Ceci-dit, si on a des chiens qui sont stérilisés et vaccinés, on aura au fait une population de chiens en bonne santé dans notre quartier et on empêchera l’arrivée de chiens qui sont potentiellement porteurs de la rage», précise-t-elle. À ce titre, la jeune Sara qui ambitionne de devenir médecin ne mâche pas ses mots : Avec le TNVR, on vaccine les chiens pour les protéger et pour protéger les humains et on les stérilise pour assurer la qualité de la couverture vaccinale. Que des avantages !

Il est à rappeler que le ministère de l'Intérieur avait décidé, en novembre 2020, de déployer une stratégie de stérilisation des chiens errants afin d’éviter leur reproduction et, ainsi, maîtriser leur nombre, au lieu de recourir aux balles ou à l’empoisonnement pour les tuer. Chaque année, les bureaux en charge de la prévention sanitaire au sein des différentes collectivités locales récupèrent plus de 140.000 chiens errants. Or, toutes les communes ne disposent pas réellement des moyens de gérer cette situation.

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