Danger des écouteurs : c’est notre mode d’utilisation qui doit changer !

Plusieurs personnes, particulièrement des jeunes et des enfants, ne se séparent plus de leurs écouteurs, sans se soucier des possibles conséquences sur leur santé. Sur les réseaux sociaux, les parents expriment clairement leurs craintes. Contacté par «Le Matin», Pr Mohamed Rachid Ghailan, secrétaire général de la chirurgie cervico-faciale, confirme que l’utilisation des écouteurs est une habitude de plus en plus fréquente. Il avance, toutefois, que ce ne sont pas les écouteurs, eux-mêmes, qui sont dangereux, mais ce sont surtout nos modes de consommation qui sont nocifs pour nos oreilles. À cet égard, l’expert met en avant deux facteurs clés dont les conséquences sont graves à savoir : la durée de l’utilisation des écouteurs et l’augmentation du volume au maximum. Interrogé sur les principaux risques liés à ce phénomène, Pr Ghailan cite le problème des acouphènes (sifflement ou bourdonnements d’oreilles) constaté suite à une écoute prolongée au casque ou aux écouteurs. Pour appuyer ses propos, l’expert revient sur les résultats d’une étude qu’il avait menée en 2019 avec son équipe au sein du service ORL et de chirurgie cervico-faciale du CHU Mohammed VI d'Oujda. L’étude a été réalisée auprès de 2.000 jeunes, âgés de15 à 25 ans et il en ressort, entre autres, que 25% présentaient des acouphènes d’intensité variable. «Ce pourcentage augmente chez les plus jeunes pour atteindre 30%», alerte-t-il. Fort heureusement, souligne Pr Ghailan, ces acouphènes peuvent disparaître avec le temps, mais des fois ils peuvent perdurer. En plus des effets sur l’audition proprement dite, l’utilisation excessive des écouteurs nuit à la santé en général. L’expert évoque ainsi des troubles du sommeil, une fatigue excessive, un manque de concentration et d’attention ou encore des manifestations cardiovasculaires. «À la longue, d’autres symptômes tout aussi graves peuvent faire leur apparition comme l’irritabilité excessive et l’épuisement du corps», souligne-t-il.

Que faire pour minimiser les dangers ?
Il est clair qu’à l’ère du «tout connecté», on ne peut plus séparer les jeunes de leurs écouteurs, et encore moins de leurs smartphones. Disons que c’est peut-être le prix à payer de la transformation digitale ! La sensibilisation et la communication restent dans ce cas les seuls et uniques moyens que les adultes peuvent utiliser, comme l’atteste le secrétaire général de la chirurgie cervico-faciale. Pour lui, il est important de sensibiliser son enfant à deux facteurs clés : d'abord, l’importance de baisser aussi bien le volume que la durée d’utilisation des écouteurs. Ensuite, la nécessité d’avoir des périodes prolongées de pauses auditives au cours de la journée. «Cela permet de réduire le risque d’irritabilité chez les jeunes», affirme-t-il. Et d’ajouter qu’il existe aujourd’hui des appareils dotés d’un système de protection et de réduction du volume et qu’on peut éventuellement exploiter pour minimiser les risques de l’utilisation des écouteurs.
Il convient de souligner, par ailleurs, que l’utilisation excessive des écouteurs et des casques audio s’est intensifiée pendant la crise sanitaire, particulièrement durant le confinement. Si certains trouvaient dans les écouteurs un moyen pour s’enfermer dans leur bulle, d’autres y étaient dans l’obligation de les utiliser pour suivre des cours ou des réunions à distance. Aujourd’hui, et à l’heure où les populations semblent reprendre leur vie quasi normale, ce serait vraiment dommage que l’on se coupe de l’environnement. Les experts en développement personnel estiment que dans cette période, il est important d’investir dans des échanges ou des sorties entre amis. Ceci permet de se libérer de l’énergie négative cumulée durant les deux dernières années qui ont marqué notre vie dans un combat acharné contre la Covid-19 avec des mesures, tantôt renforcées et tantôt assouplies. D’ailleurs, s’il y a une leçon qu’on devrait retenir de la Covid-19, ce serait bel et bien que la santé est notre véritable trésor à protéger, coûte que coûte.