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DJ Agoria : Le Maroc est en train de devenir un eldorado pour les artistes de musique électronique

Figure emblématique de la scène électronique française et co-fondateur du célèbre label InFiné, Sébastien Devaud, dit Agoria, distille ses rêveries sonores aux quatre coins du globe. Son père collectionnant des disques et sa mère étant chanteuse lyrique, il grandit dans une grande diversité musicale qui ne le quittera jamais. C’est l’iconique Jeff Mills qui lui transmettra le goût de la techno et ses influences sont plutôt impactées par l'explosion de la scène de Detroit et les grandes heures de la House américaine. «Le Matin» s’est entretenu avec le co-fondateur des «Nuits sonores» après son carton plein, lors du Festival Into The Wild, qui s’est tenu à Dakhla, en septembre dernier.

DJ Agoria : Le Maroc est en train de devenir un eldorado pour les artistes de musique électronique

Le Matin : Quel a été le déclic qui vous a donné le goût de la musique électronique ?
Agoria
: À l’époque, il y avait ce sentiment excitant qui est de faire partie d’une génération de rebelles, et puis il y avait cette utopie de liberté et cette envie de faire la fête qui prédominaient. Les raves parties, le fait que la musique électronique soit à la fois novatrice et décriée ont toujours attiré ma curiosité et mon attention. Il était impossible de danser sur de la musique électronique au début, ses adeptes étaient perçus comme des parias et, souvent, on finissait au poste de police, car ce n’était pas quelque chose de commun.

Vous avez fait appel à Tricky, Neneh Cherry et Peter Murphy pour certains de vos morceaux. Quels noms vous font rêver pour vos futures collaborations ?

J'apprécie beaucoup la chanteuse et productrice vénézuélienne Arca ainsi que la chanteuse espagnole Rosalia. J'aimerais, aussi, un jour faire un morceau avec Thom Yorke, figure emblématique du groupe britannique Radiohead. Ces noms me font
vraiment rêver actuellement. Côté français, j’ai entamé une collaboration avec le compositeur et ingénieur de son Nicolas Becker, qui a remporté un Oscar dans la catégorie «Meilleur son» pour le film «Sound of Metal». Je pense qu’il ne faut pas limiter ses collaborations aux chanteurs et musiciens, mais aussi à des personnes expérimentées dans d’autres volets du domaine musical.

Vous avez signé la bande originale du film «Go Fast», produit par Luc Besson. Le cinéma est-il une source d’inspiration pour vous ?

J’ai fait beaucoup de musique de film avec, entre autres, «Go Fast», la bande originale du film «Lucky», plusieurs courts métrages également, notamment avec le réalisateur Jan Kounen. On me dit souvent que ma musique est imagée, qu’elle fait voyager les personnes qui l’écoutent. J'estime que la musique instrumentale correspond à l’univers du cinéma et la musique électronique peut également s’y prêter si elle est sous-mixée dans un esprit design sonore. Ce qui m’inspire le plus aujourd’hui, c’est l’art digital. Je produis pas mal d'œuvres en NFT et c’est une vraie source d’inspiration, car je travaille fréquemment avec des intelligences artificielles, des codeurs, des biologistes, des physiciens… cela m’aide beaucoup dans ma pratique musicale et je me retrouve beaucoup dans les échanges que je peux avoir avec les chercheurs.

Les musiques du monde, dont les sonorités marocaines, sont de plus en plus prisées par les DJ. La techno peut-elle se prêter à ce genre de métissage ?

Je trouve que la musique marocaine a une âme, surtout à travers les chants. Quand on écoute de la musique marocaine, on entre dans une sorte de transe, je peux complètement m’oublier, me laisser transporter. Je me souviens après le Festival Into The Wild, sur le chemin du retour vers l’hôtel, le chauffeur écoutait un album d’un chanteur marocain. Je n’ai pas vu le temps passer, j’étais hypnotisé par cette musique.
La musique marocaine a un réel effet sur moi. La voix et les sonorités se mélangent très bien avec la musique rythmique, plus particulièrement avec la House. S’il y a des chanteurs marocains qui lisent cette interview, n'hésitez pas à m'envoyer vos démos !

Quel regard portez-vous sur la scène électronique marocaine ?

Amine K est une légende au Maroc, j’apprécie beaucoup ce qu’il fait. Nous assistons à une évolution incroyable de la scène marocaine depuis quelques années. Les événements dédiés à la musique électronique se multiplient et l’énergie du public est juste folle. J’ai fait pas mal de dates ces six derniers mois au Maroc, et à chaque passage, je me rends compte à quel point le public marocain est averti et connaisseur de la musique électronique. Je pense que le Maroc est en train de devenir un vrai eldorado pour les artistes de musique électronique.

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