Le Maroc risque d'être confronté à une grande pénurie de sang pendant le mois de septembre. Les stocks de sang demeurent à leur plus bas niveau et les donneurs se font de plus en plus rares, selon la directrice du Centre régional de transfusion sanguine de Casablanca-Settat, Amal Darid. Chiffres l’appui, la spécialiste explique que «le pourcentage des dons par rapport à la population générale se situe aux alentours de 0,99%, soit moins du 1% recommandé au minimum par l’Organisation mondiale de la santé, sachant que l’idéal est d’atteindre un taux de 3%».
Interrogée sur les principales causes de cette situation, Dr Darid indique que la baisse du nombre de donneurs s’est accentuée durant la période estivale, en raison des départs en vacances. «Contrairement aux deux années précédentes, l’année 2022 a connu une accélération des départs en vacances, ce qui s’est répercuté sur le don de sang», estime-t-elle. Et d’ajouter que la saison estivale a été marquée, comme à l’accoutumée, par l’augmentation des accidents sur la voie publique, faisant accroître la demande de poches de sang.
Pour Amal Darid, en l’absence d’un engagement de la part des citoyens, la situation risque de s’aggraver dans les prochaines semaines, étant donné que les familles, de retour des vacances, seront plutôt concentrées sur la rentrée scolaire qui apporte son lot de contraintes et de difficultés. «La situation pourrait être encore plus difficile à gérer dans les grandes villes, telles que Casablanca, Fès, Meknès, Rabat et Marrakech. Ces villes disposent de nombreuses cliniques privées et d’hôpitaux publics, mais également de CHU avec des services d’hémato-oncologie connus pour leur forte consommation de poches de sang pour le traitement des patients atteints de maladies graves», souligne-t-elle.
Il faut agir avant qu'il ne soit trop tardPour pallier le manque de sang pendant la période estivale, le CRTS de Casablanca-Settat s’est mobilisé auprès des complexes touristiques. L’initiative rentre dans le cadre de la stratégie du centre visant à assurer une proximité des donneurs. Mais d’après la responsable, les dons demeurent encore timides, d’où l’intérêt d’une stratégie nationale bien précise avec un plan d'action réel et concret. Dr Darid estime qu’il faut miser sur la communication pour réveiller les consciences et sauver des vies. «La communication joue un rôle important dans la sensibilisation des citoyens, et il est important de multiplier les initiatives dans ce sens», explique-t-elle.La responsable ajoute qu’outre le ministère de la Santé et de la protection sociale, d’autres parties prenantes doivent être impliquées dans ce volet lié. Il s’agit, notamment des associations de la société civile qui doivent agir pour encourager les citoyens à participer activement aux différentes campagnes de don de sang organisées dans toutes les villes du Royaume.C’est aussi le rôle, selon l’intervenante, de deux ministères, à savoir celui des Affaires islamiques pour une sensibilisation continue des citoyens via les préposés religieux dans les mosquées, et celui de l’Éducation nationale qui doit veiller à inculquer la culture du don de sang chez les enfants dès leur jeune âge.
Rappelons, par ailleurs, que dans certaines situations, une personne peut bel et bien perdre la vie en l’absence d’une transfusion sanguine immédiate, comme dans les cas des hémorragies lors d’un accouchement, des accidents de la route ou encore des opérations chirurgicales. De même, le traitement de certaines maladies telles que les cancers nécessite des transfusions régulières et en grandes quantités. À ce jour, il n’existe aucun traitement ni médicament pouvant se substituer au sang humain et le don du sang reste donc le seul et unique moyen pour sauver des vies.