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Exploit du Maroc au Mondial : lecture multidimensionnelle d'un économiste franco-marocain

L’actualité du moment est certes sportive, mais elle interpelle l’ensemble des acteurs marocains dans différents domaines et sous différents angles. Abdelghani Youmni, économiste et spécialiste franco-marocain des politiques publiques, dans sa lecture multidimensionnelle de l’exploit du Maroc au Mondial 2022, estime que le match Maroc-France ne doit pas se passer dans les urnes, mais sur le terrain.

Exploit du Maroc au Mondial : lecture multidimensionnelle d'un économiste franco-marocain
Abdelghani Youmni.

Le parcours exceptionnel des Lions de l’Atlas est le fruit d’un travail d’équipe et d’une motivation et détermination collectives pour changer les paradigmes et les notions classiques qui font des pays européens les seuls maîtres du football au monde. «C’est un exploit inattendu et un rêve que Walid Regragui et son équipe offrent aux Marocains, aux arabes et aux africains. Trois semaines auparavant, nous étions dans le marasme, l’inflation, la guerre en Ukraine, la hausse des prix, d’un seul coup, nous avons eu ces marchands de bonheur qui ont changé l’état d’esprit des Marocains et ont ravivé les espoirs», indique l’invité de l’Info en Face.
Autre point fort soulevé par l’économiste, cette diversité au sein de l’équipe nationale composée de joueurs nationaux et binationaux, mais qui partagent tous l’amour de la partie. «L’équipe nationale représente la diversité marocaine. On y retrouve la diaspora marocaine mélangée avec les nationaux dans une symbiose avec le public marocain qui a lui aussi marqué les esprits au Qatar et dans le monde», souligne M. Youmni.

La binationalité, une force pour le Maroc

Revenant sur le sujet des binationaux et leur rôle dans cette histoire que le Maroc est en train de graver, l’invité, élu des Français de l'étranger, tient à rappeler que «les binationaux au Maroc, c'est 60% des Français de l'étranger qui représentent l’héritage d'un passé français dans le continent africain. Il ne faut pas oublier aussi que l’équipe de France compte également des binationaux.
Représentant également la diaspora marocaine d’origine française, Abdelghani Youmni indique que pour le match Maroc-France il n’a aucune gêne à dire qu’il supporte les deux parties. «Nous serons gagnant dans tous les cas. Nous jouons dans la diversité et non l’adversité. L’enjeu aujourd’hui est plus grand que le football. C’est l’occasion pour la France et les pays européens de changer la vision qu’ils ont du continent africain», souligne l’invité.

«Je travaille sur le Maroc depuis 25 ans en tant qu'économiste comme pays du sud et de l'est de la Méditerranée. Aujourd'hui, le Maroc, c'est l’équivalent de la Turquie dans les années 2000 pour son côté euro-asiatique. Aujourd'hui pour l'Afrique, ce sera le Maroc. Sur le plan économique, c'est un pays qui est en train d'émerger et qui enregistre une véritable dynamique à plusieurs niveaux. Ces avancées économiques sont aujourd’hui boostées et reconnues grâce à l’exploit footballistique», note l’économiste.
Concernant le développement des pays africains et arabes, l’invité a souligné qu’il a toujours regretté que les nations occidentales qui sont très développées, n'aient rien fait pendant peut être un siècle au moins maintenant pour aider au développement, au progrès technologique et technique des anciennes colonies. Ils ont aussi empêché les pays du Sud de dépasser leurs blocages et d’avancer. Sur ça, je suis aligné avec Walid Regragui pour dire que nous menons cette bataille de développement au même niveau que les autres puissances. C’est d’ailleurs l’approche que je salue et qui est menée aussi par les Émirats arabes unis, le Qatar et l'Arabie saoudite», explique l’expert.

Le football est né mondialisé

L’une des forces du football est cette approche mondialisée de la pratique. C’est le sport des pauvres et des riches, des pays développés et des moins développés, c’est le partage et l’union des valeurs que ce sport a toujours véhiculés et qui prennent aujourd’hui tout leur sens. «Aujourd'hui, ce football est mondialisé parce qu'il y a beaucoup de jeunes porteurs de différentes nationalités qui jouent en communion au sein d’une équipe. Et ça, c’est la définition de la nouvelle mondialisation et la nouvelle globalisation. Et je pense que l'accès du Maroc à la demi-finale de la Coupe du monde dit quelque chose de ce rapport entre le Sud et le Nord», remarque l’invité.

C’est donc un rééquilibrage qui s’opère et qui ne doit pas être assimilé à une guerre, alerte l’économiste. «Je milite pour un rééquilibrage sain et positif. Nous les Marocains, on a une qualité qui est reconnue par beaucoup de gens : on est dans le consensus et on privilégie les solutions médianes. Il n'y a pas de revanche à prendre du Sud sur le Nord, il y a une complémentarité à respecter», note l’invité. Et de noter que le match Maroc-France ne doit pas se jouer dans les urnes européennes. «Le match doit se passer sur le terrain entre deux équipes de foot. La meilleure gagnera. C'est-à-dire qu’il ne faut pas que des écuries politiques, des voix xénophobes et racistes, profitent de cet événement, soit pour dire que le Maroc ne mérite pas, que les Marocains sèmeront la panique ou autre chose», alerte l’invité. Ces stéréotypes doivent changer et je pense que l’exploit des Lions de l’Atlas, leur fair-play et la qualité du public marocain l’ont démontré au monde entier.

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