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FIFM : Hommage à Farida Benlyazid, l'âme sensible du cinéma marocain

Le dix-neuvième Festival international du film de Marrakech (FIFM) rend hommage à une grande figure du cinéma marocain : Farida Benlyazid. Le 15 novembre, à la Place Jemaâ El Fna, le public a chaleureusement accueilli cette scénariste accomplie et première femme marocaine à se lancer dans la production d’un film.

Le dix-neuvième Festival international du film de Marrakech (FIFM) rend hommage à une grande figure du cinéma marocain : Farida Benlyazid. Le 15 novembre, à la Place Jemaâ El Fna, le public a chaleureusement accueilli cette scénariste accomplie et première femme marocaine à se lancer dans la production d’un film. Le 16 novembre, au Palais des congrès, le FIFM a célébré en grande pompe, l’artiste qui a inspiré plusieurs réalisatrices, actrices et femmes dans le monde du cinéma.

Farida Belyazid, un regard affûté sur la société

Derrière ses airs froids se cache une âme sensible qui se manifeste à travers ses créations. Dans ses films, on découvre plusieurs profils de femmes, peut-être que ce sont les différentes facettes de sa personnalité. Farida se dit «une femme engagée pour la cause féminine». «C’est évident de parler de femmes. On exprime le mieux ce qu’on ressent», a-t-elle confié lors d’une rencontre avec la presse le 16 novembre dans le cadre du FIFM. Cette icône du cinéma marocain conteste les stéréotypes plaçant les femmes musulmanes dans la catégorie de «soumises et analphabètes». «Mêmes si elles sont analphabètes, les femmes marocaines ont une mémoire et une culture orale fabuleuses». Avec un regard affûté, Farida Benlyazid questionne différents sujets sociétaux. Dans sa fiction «Keid Ensa» (Ruses de femmes) inspirée d’un conte populaire, elle traite l’éternelle confrontation entre les deux sexes tout en mettant en valeur l’intelligence féminine.

Les films de Benlyazid se veulent un miroir de la société marocaine et maghrébine. La comédie «À la recherche du mari de ma femme» dont elle a écrit le scénario est devenue rapidement un film culte traitant la polygamie. «La comédie peut être extraordinaire et peut véhiculer des messages mieux que le drame à condition de traiter le sujet avec profondeur», a-t-elle déclaré. Son film «Bâb es-sama’ maftûh» (La Porte sur le ciel), sorti en 1988, dépeint une spiritualité de femmes loin des diktats religieux orthodoxes (masculins), d’une part, et des mots d’ordre féministes, de l’autre. Le film, sélectionné dans de nombreux festivals internationaux, a une carrière intercontinentale et fait débat. Artiste libre et indépendante, Farida Benlyazid se dit heureuse d’appartenir à une génération motivée par la passion du cinéma. «On se démêlait pour trouver l’argent afin de produire des films, mais on n’était pas à la recherche de l’argent. On était à la recherche de l’expression de ce qu’on veut faire. Actuellement, l’argent est en train de prendre des dimensions dramatiques, mais c’est planétaire».


Des histoires inspirantes pour le cinéma 


L’artiste qui a ouvert la voie à de nombreuses réalisatrices marocaines ne cesse de chercher des sujets à même de sensibiliser la société et de mettre en lumière des histoires inspirantes. Après avoir écrit le scénario du biopic «Fatema : La Sultane inoubliable» (2022) pour le réalisateur Mohamed Abderrahman Tazi, elle se lance dans un projet de documentaire sur la sociologue et féministe marocaine Fatema Mernissi dont elle signe le scénario, «Sur les pas de Fatema». «Dans “Fatema : La Sultane inoubliable”, j’ai respecté la vision de Abderrahmane Tazi, mais on peut faire des milliers de films sur Fatema. Dans mon documentaire sur Fatema Mernissi, je veux faire un portrait à travers le regard des gens. Je fais parler des personnes avec qui elle a travaillé. Je veux montrer leurs émotions et laisser raconter comment ils voient Fatema
J’ai fait des repérages à Tazenakht, Zagoura… basés sur le livre “Les Sindbads marocains” de F. Mernissi. Je vais bientôt voir les responsables de production pour relancer le documentaire retardé à cause de la Covid 19», nous a-t-elle confié. Farida Benlyazid espère également faire les portraits d’autres personnalités marocaines comme Mehdi Menjra et Tayeb Saddiki. Autre sujet qui lui tient à cœur : la dégénérescence de l'humanisme. «Je suis bouleversée par le transhumanisme. C’est terrible pour l’humanité. Les gens sont de plus en plus passifs devant leurs écrans et sont en train de perdre leur mémoire».

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Déclaration de Farida Benlyazid

«Je suis heureuse de recevoir l’hommage du Festival international du film de Marrakech d’autant plus que l’édition 2022 est comme une renaissance. C’est la consécration de plusieurs années de travail. Aujourd’hui, je suis contente de voir l’évolution de la femme dans le secteur du cinéma au Maroc. Il y a de plus en plus de réalisatrices, de femmes à l’image, au son… et elles sont excellentes.»

>> Lire aussi : FIFM : Le rôle des cinéastes entre procurer des sensations et délivrer des messages

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