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Prix des épices : l’informel continue de faire la pluie et le beau temps sur un marché de 1 milliard de DH

Comme pour beaucoup de produits de consommation, les prix des épices augmentent à la veille du ramadan et durant le mois sacré. Ce marché, qui pèse près de 1 milliard de DH de chiffre d’affaires, est à 70% dominé par l’informel. Selon un opérateur du secteur, membre de la FICOPAM, une trentaine d’usines spécialisées dans le piment moulu ont mis la clé sous le paillasson à cause de ce phénomène qui gangrène la filière. L’enjeu est de taille quand on sait que le marché marocain consomme annuellement quelque 54.000 tonnes, toutes épices confondues.

Prix des épices : l’informel continue de faire la pluie et le beau temps sur un marché de 1 milliard de DH
Selon Inter Epices, la hausse des prix des épices à la veille du Ramadan est une conséquence de l’envolée des cours à l'international, suite au renchérissement du coût de transport et de la rareté de ces produits.

La filière des épices vit toujours sous l’ombre pesante de l’informel et des importations. Ce marché est une véritable poule aux œufs d’or puisque les épices sont le secret de pratiquement tous les plats de la ménagère marocaine. Selon Jamal Bachiri, directeur général d’Inter Epices, une entreprise membre de la Fédération des industries de conserve des produits agricoles du Maroc (FICOPAM), l'approvisionnement du marché national en épices est couvert à 80% par les importations, à l’exception du piment moulu qui est produit localement. La filière a tout de même été quelque peu sauvée de l’emprise de la contrebande après la fermeture des frontières de Sebta et Melilla. Malgré cela, l’équation est loin d’être résolue pour un marché qui pèse un milliard de DH de chiffre d’affaires. En effet, indique Bachiri, l'activité n’est pas structurée sur le plan logistique et est dominée à 70% par l'informel. À l’en croire, à peine 30% des opérateurs sont structurés aujourd’hui et disposent de leurs propres flottes de camions. Les épices produites par ces derniers sont principalement commercialisées dans les grandes surfaces, eu égard aux exigences de ces structures quant à la traçabilité des produits mis sur les étals.

Le gros lot commercialisé est ainsi dominé par le secteur informel sans marque ni traçabilité. Pis encore, «plusieurs opérateurs qui sont actifs dans l'informel s'adonnent à des mélanges frauduleux qui nuisent à la santé des consommateurs. Nous attirons ainsi l’attention de l'Office national de la sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA) pour intervenir en urgence. Le vrac doit être retiré du marché», alerte le patron d’Inter Epices. Le rouleau compresseur de l’informel est d’autant plus dangereux, selon Bachiri, qu’il a même poussé des opérateurs structurés à mettre la clé sous le paillasson. «Nous étions 12 usines à produire du piment moulu. Aujourd’hui, seule une a pu survivre, elle est basée à Berkane. Toutes ces unités ont baissé le rideau à cause de la montée en flèche des ateliers clandestins dans la région de Beni-Mellal. Ces derniers ne payant ni taxes ni cotisations sociales», regrette l’opérateur qui au passage appelle les autorités à intervenir d’urgence pour mettre fin à cette anarchie qui gangrène la filière.

Les prix s'envolent avec Ramadan

La consommation d'épices sur le marché marocain est dominée par le piment moulu avec 20.000 tonnes commercialisées par an. Le poivre noir arrive en deuxième position avec 10.000 tonnes. Le reste, c’est du gingembre, du cumin et du curcuma, dont le marché absorbe environ 8.000 tonnes par an pour chaque épice. Selon Bachiri, quelque 54.000 tonnes, toutes épices confondues, sont commercialisées chaque année. Soit un chiffre d’affaires de plus de 800 millions de DH. Dans ce tableau, les opérateurs structurés détiennent 30% du marché. À la veille du Ramadan, les épices connaissent une forte consommation. Résultat, les prix s’envolent. Pour Bachiri, la hausse des prix de ces produits est une conséquence de l’envolée des cours à l'international suite au renchérissement du coût de transport. De même, explique-t-il, les épices connaissent une période de vache maigre sur le marché mondial, car plusieurs pays n'en ont pas cultivé suffisamment. Leur rareté a donc fortement pimenté les prix.

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