Dans une nouvelle étude sur le risque pays, Fitch Solutions table sur une croissance de 1,6% pour le Maroc cette année. Le spécialiste international du risque de crédit et de macro intelligence explique ce ralentissement par la contraction de la production agricole et d'une demande intérieure plus faible que l’année dernière. Selon son analyse, l'économie marocaine n'aurait progressé que de 0,3% au premier trimestre, avec une contraction de 14,3% en glissement annuel de la production agricole suite à des conditions météorologiques défavorables qui ont pesé lourdement sur les exportations nettes. La ventilation des dépenses a également révélé un ralentissement de la demande intérieure, l'inflation élevée ayant laissé son empreinte. La croissance de la consommation privée et de l'investissement, en rythme annuel, aurait atteint 1,1 et 0,7% respectivement au premier trimestre, contre 6 et 3,3% la même période de l’année dernière.
La croissance du PIB se redressera le reste de l’année (elle aurait relativement accéléré à 0,9% au deuxième trimestre et à 0,8% au troisième selon le Haut-Commissariat au Plan), pour atteindre en moyenne 1,6% en 2022, à mesure que l'investissement et la consommation privée reprendront dans le cadre d'une politique budgétaire et monétaire accommodante. Fitch Solutions, qui est le principal distributeur de contenu de notation Fitch Ratings, s'attend à ce que l'investissement reste le principal moteur de la croissance économique au Maroc cette année. Il contribuera à hauteur de 1,4 point de pourcentage (pp) à l’augmentation du produit intérieur brut (PIB). Dopé par le secteur public et l'automobile, la contribution de l'investissement au PIB sera même supérieure à la moyenne quinquennale pré-Covid-19 (1,3 pp). «Au cours des prochains trimestres, nous estimons que l'investissement sera soutenu par le secteur public, après l’approbation par le gouvernement des projets d'investissement d'une valeur de 10,9 milliards de dirhams (soit 0,9% du PIB) en avril pour tenter de soutenir l'activité économique.
De même, nous tablons sur une hausse des investissements dans le secteur automobile marocain qui continue de se positionner comme une destination attrayante pour les entreprises cherchant à délocaliser leur production depuis l'Ukraine», est-il souligné. Selon l’étude, la consommation privée restera timide compte tenu de la flambée des prix et de la faible confiance des consommateurs. L'inflation s'établirait en moyenne à 5,2% en 2022, atteignant un niveau record, ce qui continuera à exercer une pression sur la consommation privée. «Dans l'ensemble, nous prévoyons que la consommation privée contribuera à hauteur de 1 pp au PIB en 2022, marquant un net ralentissement par rapport à la moyenne quinquennale pré-Covid-19 de 1,7 pp», précise Fitch Solutions.
En revanche, la consommation publique, qui aurait augmenté de 5,4% au premier trimestre, reflétant les efforts du gouvernement pour atténuer les pressions inflationnistes, soutiendra l'activité économique. «En conséquence, nous prévoyons que la consommation publique ajoutera 0,8 pp à la croissance du PIB, soit plus que la moyenne de 0,5 pp sur 5 ans avant Covid-19», est-il indiqué. Par ailleurs, Fitch Solutions estime qu'une reprise de l'activité touristique réduira la contribution négative des exportations nettes à la croissance du PIB de 2,5 pp en 2021 à 1,5 pp en 2022. L'affaiblissement de la demande intérieure devrait également se traduire par un ralentissement de la croissance des importations. Concernant 2023, malgré un environnement macroéconomique mondial difficile, l’étude table sur une accélération de la croissance économique marocaine à 3,2%, sur la base d’un fort rebond de la production agricole. De même, l'inflation ralentirait à 2,3%, ce qui réduira la pression sur la consommation privée, soutenant ainsi la croissance globale.