Les infirmiers sont en colère et comptent bien se faire entendre. L'accord signé la semaine dernière entre le ministère de la Santé et sept syndicats représentant le secteur a été la goutte qui a fait déborder le vase. Pour exprimer leur mécontentement, ils organisent du 2 au 4 mars une grève nationale dans tous les services hospitaliers et centres de santé, à l'exception des services d'urgence, de soins intensifs et de réanimation. Ces 72 heures de protestation ne sont qu’un début. Les infirmiers affirment, en effet, qu’ils ne baisseront pas les bras avant la réouverture du dialogue avec le gouvernement.
«Nous protestons contre l’accord conclu entre le ministère et les autres syndicats. Cela ne répond absolument pas à nos doléances pour lesquels nous bataillons depuis des années. Si cet accord arrange une partie des professionnels de la santé, tant mieux pour eux. Mais il y a de nombreux points qu’il faudra revoir avec les infirmiers qui ont été en première ligne face à la pandémie et travaillent dans des conditions difficiles», déclare au «Matin» Mustapha Jaa, secrétaire général du Syndicat indépendant des infirmiers et des techniciens de santé (SIITS). Ce dernier assure que la première journée de grève a été une véritable réussite. «Le taux de participation des infirmiers et techniciens de santé a dépassé toutes nos espérances puisqu’il a atteint 100% dans plusieurs régions. Et il a été de plus de 98% en général.
Des sit-in seront organisés jeudi et vendredi à Rabat et une réunion nationale sera tenue dans quelques jours pour décider des prochaines actions», affirme M. Jaa. Le secrétaire général du SIITS précise, par ailleurs, que les infirmiers lancent un appel au Chef du gouvernement pour répondre à leurs doléances qui concernent, entre autres, la création d’une instance nationale qui encadre la profession des infirmiers et des techniciens de santé. Les infirmiers s’attendent également à une augmentation de la prime de risque et une augmentation des effectifs.
«Le déficit en ressources humaines se fait de plus en plus ressentir. À cause du manque d’effectif, un seul infirmier est parfois obligé d’assumer plusieurs tâches en même temps et effectue le travail de trois ou quatre personnes. Sans parler des différents risques qu’il court pendant les heures de travail. Les infirmiers et les techniciens de santé sont, en effet, les premières personnes confrontées à de nombreux risques professionnels. Ils sont tout le temps à proximité des malades, et ont le devoir de les porter et les soigner, quelle que soit la nature de leur maladie. Ils sont aussi souvent victimes d’agressions par les patients ou leurs familles», déplore M. Jaa. Le secrétaire général du syndicat revendique enfin l’élaboration d’un référentiel d’emploi et de compétences, qui devrait permettre de préciser les domaines d’intervention et les principales responsabilités de l’infirmier.