Le Groupe Castel, propriétaire de la Société des Boissons du Maroc (SBM) qui, elle-même, détient la Société euro-africaine des eaux (EAE) exploitant la marque Aïn Ifrane, a décidé de sortir du métier de l’eau en Afrique. L’on pourrait même dire sortir du métier de l’eau tout court puisqu’on se rappellera que le groupe avait cédé sa part dans Cristaline, la célèbre marque d’eau minérale low cost française en 2008. Dans un communiqué de presse publié le 28 juin dernier, SBM confirmait «qu’elle a effectivement reçu des manifestations d’intérêts pour la cession de ladite filiale», tout en précisant qu’«à ce stade, il n’y pas de discussion ou d’éléments probants justifiant la publication d’une information importante conformément à la réglementation boursière».
Selon nos informations, la banque d’affaires mandatée pour procéder à la recherche d’acquéreurs potentiels a déjà eu des offres d’acteurs locaux et internationaux. Mais les prix proposés ne correspondent pas aux prétentions du brasseur. Notons que l’idée de céder Aïn Ifrane date déjà de 2017. «À l’époque, le groupe Sotherma avait exprimé sa volonté de mettre la main sur la marque Aïn Ifrane. Mais la transaction n’avait jamais abouti», précise au «Matin» une source ayant requis l’anonymat. Aïn Ifrane ne manque, en effet, pas de charme. La marque détient près de 10% de parts de marché et dispose d’un outil industriel viable en plus d’une clientèle bien établie.
Dans un marché des eaux minérales qui pèse 10 millions d’hectolitres par an, Aïn Ifrane dispose d’une capacité de captage de 1 million d’hectolitres, soit un chiffre d’affaires qui oscille entre 200 et 220 millions de DH depuis 2020. La marque se positionne à la quatrième place après Sidi Ali, Aïn Atlas et Aïn Saïss. Sidi Hrazem et Ain Soltane, quant à elles, viennent aux cinquième et sixième places. Aïn Ifrane opère sur le marché à travers une flotte constituée d’une cinquantaine de camions et emploie près de 200 salariés. «Le futur acquéreur aura des investissements importants à réaliser, notamment pour le développement du parc de véhicules et de l’outil industriel et commercial, car la rentabilité est limitée par une référence : le bidon de 5 litres, souvent vendu à perte», nous confie un banquier de la place.