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Hassan Dabchy : la mauvaise gouvernance plombe les politiques de développement

Invité de l’Info en Face, Hassan Dabchy estime qu’il faut revoir le système de gouvernance des politiques publiques et actionner les mécanismes de lutte contre la corruption. Pour cet expert international en système de gouvernance publique, lutte et prévention de la criminalité économique et financière, le Parlement et les autres autorités de contrôle doivent jouer pleinement leur rôle de contre-pouvoir, car sans moralisation de la vie publique, impossible de relever le défi du développement.

Hassan Dabchy : la mauvaise gouvernance plombe les politiques de développement

La corruption et la mauvaise gouvernance – qui vont toujours de pair – coûteraient au Maroc entre 5 et 7% du PIB, alerte de prime abord Hassan Dabchy, lors de son passage à l’émission l’Info En Face. L’expert international en système de gouvernance publique, lutte et prévention de la criminalité économique et financière a en effet beaucoup insisté sur l’importance de moraliser la vie publique pour relever le défi du développement. Tout en se félicitant de la mise en place, pour la première fois, d’un ministère chargé de la Convergence et de l’évaluation des politiques publiques, l’expert a souligné que ce département aura du pain sur la planche. «Il faut attendre que ce département se dote des moyens qualitatifs et quantitatifs pour entamer son travail. Et il a du travail à faire !» estime-t-il. Il a rappelé, dans ce sens, que le rapport du nouveau modèle de développement a précisé qu’il y avait beaucoup de choses à faire en matière d’optimisation des dépenses publiques et d’évaluation des politiques. «Le dernier rapport de la Cour des comptes reproche justement à l’ancien gouvernement le manque de convergence entre les politiques sectorielles qui fait perdre beaucoup d’argent.

Le Maroc fait partie du Top 3 des pays qui investissent le plus par rapport au PIB, alors que la rentabilité, l’efficacité et l’efficience de ces investissements sont très faibles. Le problème réside dans la mauvaise gouvernance. La création de ce ministère est un pas positif, mais il ne doit pas être le seul à jouer ce rôle. Selon la Constitution, le Parlement doit aussi évaluer les politiques publiques et il le fait régulièrement», précise-t-il. C’est ainsi que M. Dabchy a plaidé pour une révision du système de gouvernance en adoptant une nouvelle façon d’évaluer, d’identifier, de prioriser et de contrôler les projets ainsi qu’en favorisant plus de transparence et en consacrant le principe de la reddition des comptes. Selon lui, il y a aussi un rôle de contre-pouvoir qui doit être joué par le Parlement et les autres autorités de contrôle qui doivent être renforcées qualitativement et quantitativement pour remplir pleinement leur mission, a-t-il insisté. «Ils doivent être les gardiens des deniers publics. Il y a la Cour des comptes, les inspections générales des ministères et l’inspection générale des finances.

Or on a l’impression d’être devant le mythe de Sisyphe. Chaque année, un rapport relève beaucoup d’anomalies, des dysfonctionnements et l’année suivante, c'est la même chose… Mais il faut reconnaître que le rapport de la Cour des comptes reste un outil de travail important», a-t-il déclaré. Évoquant les mécanismes de lutte contre la corruption, M. Dabchy a soutenu que cette lutte est un art. «Il faut faire un diagnostic, il y a aussi l’art du traitement et l’art de la prévention. Pour qu’il y ait corruption, il faut qu’il y ait un “triangle de la fraude” formé de trois conditions. Il faut qu’il y ait une pression, notamment financière (un fonctionnaire mal payé a plus de chances d’être corrompu). Il doit y avoir une opportunité (des contrôles faibles, pas d’évaluation…).

Puis l’élément de rationalisation (est-ce qu’il y a un risque, est-ce que les corrompus sont poursuivis...). Plus ces éléments sont présents, plus le pays est corrompu», analyse-t-il. M. Dabchy estime, à ce niveau, que la stratégie nationale de lutte contre la corruption mise sur pied par le Maroc en 2015 est bonne. Car son approche permet de relever «ce qu’il faut faire», mais «il faut le faire». «Il y a une volonté politique, mais il faut de l’action. L’avantage de cette stratégie, c’est qu’elle est holistique et s’attaque à la gouvernance, la prévention, la sanction, la formation, et l’éducation. Je considère que la lutte contre la corruption doit venir de l’État, portée notamment par le Chef du gouvernement, aidé par les instances qui existent, tout particulièrement l’Instance de lutte contre la corruption, dont les pouvoirs ont été largement étendus», indique-t-il.

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