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Mariage des mineurs : l’association «MRA» s’engage dans le combat

L’association «MRA, Mobilising for Rights Associates» vient de présenter un mémorandum de plaidoyer pour lutter contre le mariage des mineurs. Ce mémorandum s’inscrit dans le cadre de la collaboration de l’association au mouvement #Bigger avec Project Soar.

Mariage des mineurs : l’association «MRA» s’engage dans le combat
Selon l'association «MRA», «l’opinion publique est largement favorable à l’élimination des mariages des enfants».

De plus en plus de voix s'élèvent pour mettre fin au mariage des mineurs. Responsables politiques, organisations nationales et internationales, associations… se mobilisent pour mener une lutte acharnée contre ce fléau. Rencontres et débats, campagnes de sensibilisation, présentation d’études et la dernière action en date : la présentation du mémorandum de plaidoyer rédigé par l’association «MRA, Mobilising for Rights Associates».

«Ce mémorandum, qui met en avant des statistiques et des arguments clés du plaidoyer, s’inscrit dans le cadre de la collaboration de l’association “MRA” dans le mouvement #Bigger avec Project Soar, soutenant les adolescentes à mener leur plaidoyer auprès des décideurs nationaux pour des réformes législatives visant à abolir les dispositions du Code de la famille autorisant le mariage des enfants», indique l’association dans un communiqué. L’association «MRA, Mobilising for Rights Associates» précise ainsi dans son mémorandum les motifs pour l’abrogation des articles 20, 21 et 22 du Code de la famille.

«L’article 19 du Code de la famille fixe l'âge minimum pour se marier à 18 ans. Cependant, les articles 20, 21 et 22 prévoient des dérogations à cette règle. Censées être exceptionnelles, les autorisations des mariages des enfants sont devenues la norme. Ces trois articles sont contraires aux dispositions des autres lois marocaines, et constituent une violation flagrante des droits de l’enfant, surtout des filles. Leur abrogation constitue une urgence afin d’éliminer le mariage des enfants et d’établir l’âge du mariage à 18 ans sans exception aucune», lit-on sur le mémorandum. L’association rappelle également que le nombre des mariages des enfants est très élevé ces dernières années. «Selon le Ministère public, des audiences de demande d’autorisation de mariage d’enfants se tiennent quotidiennement dans la majorité des tribunaux de famille au Maroc. Sans parler des mariages d’enfants, dits mariages “Orfi” ou “Al Fatiha», ou bien par “contrat” passé entre des hommes vivant souvent à l’étranger et des pères moyennant des sommes d’argent. Ces mariages d’enfants non enregistrés n’apparaissent dans aucune donnée statistique officielle», indique l’association.

 Un tiers des mariages des enfants en milieu urbain

« Le mariage des enfants reste un problème aussi bien en milieu urbain qu’en milieu rural. Un tiers des mariages des enfants concernent des résidents en milieu urbain, selon le Haut-Commissariat au Plan», indique l'association. Et de souligner également que l’opinion publique est largement favorable à l’élimination des mariages des enfants. En effet, selon un nouveau sondage mené par «Project Soar», plus de 88% des répondants souhaitent éliminer toute exception au mariage en dessous de 18 ans. Aussi, 85% des mineures participant à une étude du Ministère public ont affirmé la nécessité de limiter l’âge du mariage à 18 ans, sans exception, tandis que 93% des répondants ont déclaré leur intention de refuser de marier leurs filles avant 18 ans.

Par ailleurs, l’association affirme dans son mémorandum que le mariage des enfants est une forme de discrimination à l’égard des filles et porte atteinte à leurs droits à la santé, à l’éducation, et à une vie sans violence. «Loin d’être dans l’intérêt supérieur de l’enfant ou une source de protection et de stabilité, le mariage des enfants mène à une précarisation de la situation socio-économique des filles. Puisque, selon une étude du Ministère public, 99% des demandes de mariage d’enfants entre 2007 et 2018 concernaient les filles. Et dans un rapport du Haut-Commissariat au Plan, on apprend qu’en 2020 il y avait 21.285 demandes de mariage de filles âgées de moins de 18 ans contre 88 demandes pour les garçons», déplore l’association. Et d’insister sur le fait que «les filles mariées deviennent des travailleuses domestiques gratuites chez la belle-famille. Environ 77% d’entre elles effectuent quotidiennement des tâches ménagères au profit des proches de leurs maris.

Ceci est considéré comme un crime selon la Loi 27.14 sur la lutte contre la traite des êtres humains, surtout lorsque la victime est mineure». L’association indique, en outre, que les mariages des enfants produisent des mères-enfants. «Selon une étude du Ministère public, 82% des mineures ont eu un enfant pendant les premières années de mariage, dont la majorité a accouché entre une à trois fois avant l’âge de 18 ans. Quelque 14% des grossesses des mineures ont abouti à un avortement, au décès du nouveau-né ou à des enfants en situation de handicap. 26% des mineures ont accouché à domicile sans suivi médical, alors que 59% des mères mineures nécessitaient une intervention chirurgicale lors de l’accouchement. 37% des filles mariées participantes à l’étude ont déclaré qu’elles ont eu des maladies sexuellement transmissibles dues à leur mariage», alerte l’association dans son mémorandum.

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