L’Institut Royal des études stratégiques (IRES), entité ayant pour vocation de contribuer à éclairer la prise de décision stratégique sur le plan national, plaide pour un changement de paradigme en matière de systèmes de santé. Il suggère à cet égard des approches unifiées de politique publique intégrant santé animale, humaine et environnementale. Il prône ainsi le concept de «One Health» (une seule santé), initié au début des années 2000, suite à la recrudescence et à l'émergence de maladies infectieuses. Ce concept, qui appelle à penser la santé à l’interface entre celles des animaux, de l’Homme et de leur environnement, à l’échelle locale, nationale et mondiale, a été jugé pertinent, notamment dans le contexte mondial actuel de la pandémie liée à la Covid 19. En effet, il s’agit de raisonner de manière globale et de trouver des solutions qui répondent à la fois à des enjeux de santé et des enjeux environnementaux. Aussi, «à l’heure où le Maroc s’est engagé dans une réforme profonde de son système de santé, à laquelle a appelé Sa Majesté le Roi Mohammed VI en 2018, l’adoption de l’approche “One Health” se présente comme un axe stratégique de mise en commun intelligente des ressources du pays pour gagner en résilience», souligne l’IRES dans un communiqué où il explique l’importance et l’intérêt scientifique de cette démarche.
D’ailleurs, dans l’objectif de sensibiliser les décideurs et les inciter à changer de paradigme en allant dans l’esprit de cette démarche, l’IRES avait organisé, il y a quelques semaines, une rencontre avec des experts sur le sujet. «Un rapport de synthèse a été élaboré à la suite de la rencontre organisée par l'Institut Royal des études stratégiques avec le concours de l'Association “One Health Maroc”. Rencontre qui a réuni les représentants des organisations internationales, notamment, l’OMS, la FAO, l’OIE (Organisation mondiale de la santé animale) et le Centre de surveillance et de contrôle des maladies de l’Union africaine (CDC-Africa), ceux des départements ministériels concernés ainsi qu’un panel de haut niveau comprenant des experts marocains et étrangers dans le domaine de la santé planétaire», indique l’Institut dans un communiqué pour attirer l’attention sur les conclusions émanant de cette rencontre. Dans ce sens, le rapport de synthèse établi par l’Institut titre sur le fait que «One Health» reste une réflexion et une expertise nationale qui est encore au stade embryonnaire. «Au Maroc, l’adoption du concept est encore limitée à un cercle restreint d’experts au sein du monde académique et d’institutions de formation et de recherche comme l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) et l’Institut national d’hygiène. Son application est aussi au stade de la réflexion embryonnaire.
Il apparaît comme étant porté principalement au plan de l’information et de la sensibilisation par les organisations internationales telles que l’OMS et la FAO, représentées au Maroc. Mais son application est absente des programmes nationaux auxquels ce concept est prédestiné, à savoir la lutte contre les maladies zoonotiques et la prévention des facteurs de risque des maladies non transmissibles», est-il indiqué par les rédacteurs de ce document. Ainsi, il a été recommandé de bien hiérarchiser et prioriser les stratégies de mise en œuvre de cette approche au niveau de chaque contexte spécifique (pays, territoire, climat, pathologies…). «La réussite de l'adoption de l'approche “One Health” nécessite, en outre, une mobilisation non seulement des pouvoirs publics, mais aussi de la société civile», préconisent les experts ayant participé à ladite rencontre. Selon eux, cette approche offre, dans ce contexte pandémique préoccupant et imprévisible, un cadre stratégique d’intelligence collective et de mise en commun des ressources pour gagner en «durabilité, inclusivité et résilience». «Il convient, en matière de gouvernance, de mesurer toute l’importance d'adopter cette approche au Maroc dans le cadre du chantier structurant, initié par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, de refonte du système national de santé», a-t-il été recommandé.