La tentative des migrants clandestins de forcer la barrière métallique au niveau de la province de Nador, dans laquelle 23 d'entre eux ont péri et 141 éléments des forces de l'ordre ont été blessés à des degrés divers, a été caractérisée par un degré de violence sans précédent contre les éléments des forces de l'ordre, qui ont fait preuve de professionnalisme et ont agi dans le respect des lois et règlements. Avec la multiplication de ce type d'assauts prémédités et de nature quasi militaire, la question de la mutation du modus operandi des réseaux de trafic d'êtres humains se pose. Aux yeux de nombreux observateurs, ces réseaux mafieux, hormis le fait qu'ils cherchent à se procurer des sommes colossales, s'avèrent être des instruments faciles à exploiter au service d'un agenda politique visant notamment à nuire à la réputation du Maroc.
Régularisation de plus de 50.000 ressortissants subsahariens
Le Royaume s'est en effet approprié une gouvernance migratoire structurée par une logique humaniste, autour de la Stratégie nationale d'immigration et d'asile (SNIA), initiée en 2013, et a consacré cette approche solidaire et inclusive inscrite dans la continuité de la vocation éminemment africaine du Royaume. Avec cette Stratégie, ce sont plus de 50.000 ressortissants de pays africains frères et amis qui ont été régularisés et ont vu leur situation administrative assainie. Sans compter quelque 12.000 étudiants subsahariens qui étudient dans les universités marocaines, dont 90% vivent de bourses accordées par le gouvernement marocain.
Le Maroc, tenant à renforcer davantage la gestion humanisée des frontières, a également adopté en 2020 un référentiel de procédures standards pour un système d'orientation et de prise en charge des migrants secourus en mer ou appréhendés aux frontières. Cela étant, il faut dire que les autorités marocaines livrent une lutte implacable contre ces réseaux de traite des êtres humains, avec, au cours des cinq dernières années, plus de 1.300 réseaux démantelés. Un fardeau que le Royaume est bien seul à supporter si l'on sait qu'il dépense un demi-milliard d'euros par an pour lutter contre l'immigration clandestine vers l'Europe, alors que l'aide de l'UE au Maroc en la matière ne dépasse pas les 270 millions d'euros sur une période totale de 15 ans, soit une moyenne d'à peine 15 millions par an. Dans un entretien avec le journal espagnol «La Vanguardia», publié lundi dernier, le Président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, a salué les efforts déployés par le Maroc dans le contrôle de l'immigration clandestine, assurant que le Royaume est un partenaire stratégique, qui se bat contre les actions violentes des migrants orchestrées par les mafias internationales.
Des mafias de traite humaine pointées du doigt
Relevant que «le Maroc se bat et souffre aussi des actions violentes des migrants», le Chef du gouvernement espagnol a indiqué que «les principaux responsables de la tragédie qui s'est produite et de la perte regrettable de vies humaines sont les mafias internationales qui organisent les attaques violentes». Des propos que corrobore l’eurodéputé Petar Vitanov. Ce dernier estime en effet que «Le Maroc est un partenaire stratégique pour l'UE. Les principaux coupables de la tragédie qui s'est produite à Melilla et des regrettables pertes en vies humaines sont les mafias internationales, qui organisent ces violentes attaques».
Ces mafias qui, selon plusieurs experts, agissent sous l'œil bienveillant, voire complice des autorités algériennes, quand on sait que le dernier assaut a connu la présence de plusieurs Soudanais qui ont dû traverser le territoire de la Libye (qui pâtit de l'instabilités) et de l'Algérie. Alger est en effet montrée du doigt dans ce drame pour son laxisme délibéré dans le contrôle de ses frontières avec le Maroc. Des analystes considèrent même que c'est le régime algérien qui manipule ces réseaux de trafic d'êtres humains dans le but de faire pression sur le Maroc et l'Espagne.************************
Pas moins de 145 assauts repoussés autour des présides de Sebta et Melilla depuis 2016
Selon le wali directeur de la Migration et de la surveillance des frontières au ministère de l’Intérieur, Khalid Zerouali, plus de 145 assauts ont été repoussés autour des présides de Sebta et Melilla depuis 2016 (50 en 2021 et 12 jusqu’à mai 2022), assurant que plusieurs éléments des forces de l’ordre, qui ont toujours agi avec professionnalisme et dans le respect total des lois et des règlements, sont blessés au cours de ces assauts. De même, plus de 360.000 tentatives d’émigration irrégulière ont été avortées depuis 2017 (63.000 en 2021 et 26.000 jusqu’à mai 2022), selon le même responsable. Et de préciser que les autorités marocaines mènent contre les réseaux de trafic une lutte sans merci avec plus de 1.300 réseaux démantelés les cinq dernières années (256 en 2021 et 100 jusqu’à mai 2022).
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Entretien avec le directeur du Centre stratégique sur le Sahara et l’Afrique
Abdelfattah El Fatihi : «L'Algérie joue la carte de l'immigration clandestine pour régler ses comptes politiques avec le Maroc et l'Espagne»
La tentative d'entrée massive de migrants subsahariens à Melilla le 24 juin dernier et les pertes en vies humaines provoquées par une bousculade ont remis sur le devant de la scène la question des pressions migratoires sur le Maroc. Dans cet entretien accordé au «Matin», le directeur du Centre stratégique sur le Sahara et l’Afrique et politologue, Abdelfettah Fatihi, revient sur les causes de ces poussées migratoires résultant des troubles affectant la région du Sahel et du Sahara et l'instrumentalisation faite par le régime algérien de ces masses migratoires aux fins de faire pression sur le Maroc et l'Espagne. M. Fatihi évoque également les solutions pour pallier ce trafic qui passent, selon lui, par un appui conséquent de l'UE à la hauteur des défis auxquels le Maroc est confronté.
Le Matin : Le drame de Nador remet sur le tapis la question de la gestion des flux migratoires irréguliers vers l’Europe. Comment expliquez-vous ce déferlement massif de clandestins ?Abdelfettah Fatihi : Les tentatives de franchissement du grillage de séparation de Ceuta et Melilla constituent un défi permanent. Les épisodes d'intrusion ne cessent de se répéter, en raison des revirements sécuritaires, politiques et climatiques survenus dans les pays d'Afrique subsaharienne. À mesure que le défi sécuritaire prend de l'ampleur dans la région du Sahel et du Sahara, le Maroc apparaît alors comme une destination tout indiquée pour ceux qui souhaitent immigrer en Europe. Et comme un certain nombre de pays africains voisins ont des frontières ouvertes aux spécialistes de la criminalité transnationale, ils servent de point de départ aux professionnels de la traite des êtres humains pour se rendre en Algérie, d'où ils s'infiltrent dans le Royaume du Maroc, faisant ainsi augmenter le nombre de migrants qui y résident, en attendant l'occasion de franchir la clôture de fer qui enserre les présides occupés de Ceuta et de Melilla.
À qui incombe la responsabilité de gérer le problème des flux migratoires selon vous ?En dehors des facteurs majeurs qui accentuent le phénomène migratoire, certains pays font en sorte de faciliter les activités criminelles des passeurs. Les enquêtes en cours concernant les membres d'un réseau de trafic d'êtres humains révèlent que certains pays cautionnent la traite des êtres humains, soit en négligeant de contrôler leurs frontières, soit en offrant une protection aux campements de réfugiés recevant des candidats à l'immigration. Si des pays comme le Tchad, le Soudan et le Mali pâtissent de la fragilité de leurs frontières et des difficultés qui en résultent pour les contrôler, l'Algérie, quant à elle, emploie les trafiquants d'êtres humains pour exercer une pression économique et sécuritaire sur le Royaume. La récente tragédie de Melilla a illustré une forme du recours d'Alger à la carte de l'immigration clandestine pour régler des comptes politiques avec le Maroc et l'Espagne. Et Alger a même parié sur l’instrumentalisation de cette tragédie pour ébranler les bonnes relations politiques que Rabat et Madrid sont en train de développer.Que pensez-vous de l’engagement du Maroc en matière d’immigration clandestine ?Le Maroc, dans le respect de ses engagements internationaux, veille à sécuriser ses frontières afin qu'elles ne deviennent pas un vecteur d'immigration clandestine. De plus, dans le souci de protéger la vie des migrants et des réfugiés, le Royaume a enjoint ses forces de sécurité de ne pas faire usage de moyens létaux. Cela explique pourquoi 141 agents de sécurité ont été gravement blessés. Le nombre élevé d'immigrants ayant perdu la vie lors de la dernière incursion résulte d'une bousculade et de chutes par-dessus les barbelés.Pensez-vous que le soutien de l’Europe au Royaume est suffisant pour faire face à ce problème ?Ce drame de Melilla révèle les coûts que le Royaume supporte sur les plans économique, sécuritaire et des droits de l'Homme sans soutien européen ou africain, et que même l'assistance sécuritaire que l'Europe prétend fournir au Maroc s'avère inutile face aux hordes d'immigrants et de réfugiés présents aujourd’hui sur le sol marocain. Cette réalité requiert une coopération internationale et le Maroc, en tant que pays de transit et de résidence, est appelé à se mobiliser avec l'Espagne pour inciter l'Union européenne à élaborer un plan global et opérationnel afin de résorber la problématique de l'immigration clandestine, sans quoi ce défi perdurera.Beaucoup d’observateurs estiment que le partenariat Maroc-UE en matière de gestion des flux migratoires et de bon voisinage doit être repensé ? Si oui dans quel sens ?Le Maroc a accumulé un capital institutionnel et un référentiel sur la migration et l'asile et s'est doté d'une stratégie nationale pour la migration et l'asile. Il fait également figure de pionnier en Afrique, en abritant L'Observatoire africain des migrations. Le principal objectif poursuivi par le Maroc est de faire converger les points de vue des Africains et des Européens vers une nouvelle vision qui envisage la migration comme un outil de développement à gérer à la mesure des besoins des pays émetteurs et d'accueil. Pour y parvenir, il est donc nécessaire de transcender l'approche sécuritaire étroite retenue par les pays européens vers une approche globale de développement et, pourquoi pas, un «Plan Marshall» pour endiguer les causes de la migration africaine ?Que faut-il faire selon vous des deux côtés de la Méditerranée pour éviter la reproduction de telles catastrophes ? L’approche sécuritaire est-elle suffisante ?Je ne pense pas que l'approche sécuritaire offre une solution de fond, mais qu'elle est plutôt problématique face à l'impératif des droits de l'Homme. L'ONU, tout en déplorant ce qui s'est passé et appelant à une enquête et à une prise en charge convenable des réfugiés et des migrants, fait augmenter la pression en termes de respect des droits de l'Homme. Ainsi, pour le Maroc, pour l'Union européenne et même pour la communauté internationale, le coût des droits de l'Homme est considérable et interpelle toutes les parties pour qu'elles assument leur responsabilité face à ce défi humanitaire. Le Maroc est un pays partenaire coopérant et fiable dans ses engagements internationaux dans ce domaine, comme il a accueilli la Conférence intergouvernementale pour adopter le Pacte mondial pour des migrations sûres à Marrakech et de nombreuses réunions internationales dans le but de trouver des solutions pérennes aux problèmes d'immigration et d'asile.**********************
L’Espagne pour un soutien accru du Maroc
Le Président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, a plaidé, mercredi, pour le soutien du Maroc, qui souffre des conséquences du phénomène de l'immigration illégale. «Le Maroc, comme pays de transit, souffre du problème migratoire illégal, et nous devons l'aider à gérer les mafias de la traite des êtres humains et à contrôler les flux migratoires», a affirmé M. Sanchez, qui était l’invité de l’émission «Hoy por Hoy» de la radio «Cadena Ser». Relevant que «les principaux responsables de ce qui s’est passé à Nador sont les mafias de la traite des êtres humains, qui ont mené une attaque violente, comme le montrent les images qui circulent sur la Toile et les réseaux sociaux», le chef de l’Exécutif espagnol a déploré les décès survenus lors de cet assaut et exprimé sa solidarité avec leurs familles. «Nous devons nous mettre à la place des forces de sécurité espagnoles (…) et des forces publiques marocaines», qui ont subi de graves dégâts à la suite de cette violente attaque, a-t-il souligné. M. Sanchez a rappelé qu’au cours des 12 derniers mois, «au moins huit attaques violentes ont été orchestrées par des mafias au niveau de la clôture métallique à Nador, avec des personnes armées, utilisant des crochets, des bâtons, des couteaux et des haches». «Le drame de l'immigration illégale est complexe, et nous ne pouvons pas l'envisager d'un seul point de vue. Le phénomène doit être analysé selon une approche globale et transversale», a indiqué le Président du gouvernement espagnol, ajoutant que «l'Espagne et l'UE sont appelées à augmenter l'aide au développement des pays d'origine et de transit qui souffrent de ce phénomène». Et de poursuivre que «nous devons travailler avec les pays d'origine et ceux de transit, en l'occurrence le Maroc, pour apporter une réponse globale à un phénomène aussi complexe que l'immigration irrégulière».***********************
Des eurodéputés appellent l’UE à appuyer le Maroc, un pays «crédible et fiable» dans la lutte contre l’immigration illégale
Des eurodéputés ont appelé l’Union européenne à appuyer la politique migratoire humaine du Maroc, qui est un pays «crédible et fiable» dans la lutte contre les réseaux mafieux d’immigration illégale. Réagissant à la dernière tentative d’assaut groupé de migrants clandestins, issus de pays d’Afrique subsaharienne, contre la clôture métallique au niveau de la province de Nador, utilisant une violence inouïe, les parlementaires européens ont souligné l’impératif d’aider le Maroc à faire face à ces mafias internationales qui ne reculent devant rien. «Le Maroc est un partenaire stratégique pour l’UE. Les principaux coupables de la tragédie qui s’est produite à Melilla et des regrettables pertes en vies humaines sont les mafias internationales, qui organisent ces violentes attaques», a affirmé l’eurodéputé Petar Vitanov. Plaidant pour l’appui des efforts du Royaume, le parlementaire européen Tomás Zdechovský a souligné, quant à lui, que «le saut massif de 2.000 migrants subsahariens à la frontière espagnole est une autre preuve que le Maroc est un partenaire crédible de l’Union européenne, qui souffre également de la pression migratoire».
Le vice-président de l’Alliance des libéraux et des démocrates pour l’Europe (ALDE) au sein du Parlement européen, l’eurodéputé bulgare Ilhan Kyuchyuk, a appelé, de son côté, à soutenir «la politique migratoire humaine du Maroc en Afrique». «Nous devons appuyer le Maroc en tant que principal partenaire stratégique et fiable de l’UE pour lutter contre le trafic, les mafias et contrôler la migration irrégulière’’, at-il tweeté. Depuis la tentative d’assaut groupé contre la clôture métallique au niveau de la province de Nador, provoquant une bousculade énorme et des chutes mortelles du haut de la clôture, plusieurs voix en Europe ont appelé à accompagner l’action du Maroc, qui assume pleinement ses responsabilités dans la gestion migratoire, pour protéger ses frontières et freiner l’afflux des immigrés illégaux.
La dernière réaction en date est celle du Président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, qui a plaidé pour le soutien du Maroc, qui souffre des conséquences du phénomène de l’immigration illégale. «Le Maroc, comme pays de transit, souffre du problème migratoire illégal, et nous devons l’aider à gérer les mafias de la traite des êtres humains et à contrôler les flux migratoires», a-t-il déclaré à la radio «Cadena Ser».